Une dizaine de projets de regroupements sont aujourd’hui en cours dans le cadre de la future ordonnance organisant les nouvelles modalités d’associations entre universités et Grandes écoles. « Les sites s’organisent sans se demander si le texte sera bien voté par l’Assemblée en s’appuyant sur le dernier texte en date pour créer des statuts d’établissement expérimentaux », insiste Marc Renner, président de la Cdefi et directeur de l’Insa Strasbourg, pour lequel « créer un EPSCP (Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel) dans un EPSCP est un nouvel outil utile pour permettre aux écoles externes de devenir composantes ». Une dimension cruciale pour convaincre les écoles externes de rejoindre de futures structures dont elles espèrent qu’elles leur feront oublier les Comue (communautés d’universités et d’établissements). « Les ordonnances doivent prévoir que chaque site est différent. Elles permettront de débloquer les esprits car il faut se donner les armes nécessaires pour être dans la compétition mondiale », relève Emmanuel Duflos, vice-président de la Cdefi et directeur de Centrale Lille. Ce que confirme un autre vice-président de la Cdefi, Jacques Fayolle, directeur de Télécom Saint-Etienne : « Nos établissements sont engagés dans des processus de transformation et nous avons besoin d’un statut. Si par malheur les ordonnance reculaient ce ne serait pas une bonne chose pour nous alors que nous voyons des évolutions positives ».
Rester agiles. Pour eux trois il n’en faut pas moins que les écoles d’ingénieurs gardent une gouvernance agile dans le cadre de regroupements de taille par nature importante. « Nous ne devons pas gommer nos particularités ni nier nos réseaux d’écoles. Si c’est pour créer une grande université avec des écoles on n’aura pas atteint l’objectif. Il faut que l’établissement expérimental soit un mixte des deux modèles même si on sait que les négociations sont parfois ardues », résume Jacques Fayolle quand Marc Renner considère que « faire cosigner nos diplômes par une université qui est dans le top 50 mondial n’est pas un problème. Au contraire ! »
De véritables « patrons de site ». La question pour eux est maintenant de savoir si les nouveaux sites pourront ou non recruter un « véritable patron de site » susceptible de leur permettre de se développer à l’international. « Si c’est pour faire un copier-coller de ce que fait aujourd’hui l’université française on ne va pas faire un pas de géant ; on ne peut pas dire qu’on veut copier les universités anglo-saxonnes en restent sur le même modèle. Il faut se libérer de contraintes franco-françaises », affirme Marc Renner alors que le troisième vice-président, Jean-Michel Nicolle, directeur de l’EPF insiste pour que les écoles associatives souhaitent en « fassent partie alors que, jusqu’à présent, elles ont été plus ou moins associées selon les sites ».
Objectif 2 500€ !
« Il manque environ 2000€ par école et par étudiant par an. Passer nos droits de scolarité de 600 à 2500€ paraît un bon objectif. » Le président de la CDEFI, Marc Renner, entend bien ouvrir le débat sur les frais de scolarité des écoles d’ingénieurs. Largement. Établissement sous tutelle du MESRI, Mines Nancy a bien vu ses frais de scolarités aligné sur ceux des écoles de l’IMT (Institut Mines Télécom). C’est donc possible dans un schéma universitaire. « Sans augmentation de leurs moyens, beaucoup d’écoles pourraient aller à l’asphyxie, notamment au sein du MESRI. La pédagogie par projet coûte cher et nous devons faire face à de nouvelles dépenses », trace Marc Renner. Mais si la plupart voient dans l’augmentation des droits une bouffée d’oxygène d’autres, à l’inverse, craignent que l’Etat n’en profite pour se désengager : « Surtout le MESRI ne doit pas considérer qu’une augmentation des droits entrerait dans la dotation ! ».
Autre argument en faveur du statu quo : augmenter les droits pourrait créer un biais d’ouverture sociale. « Il faudrait accompagner tout augmentation, comme cela s’est fait à l’IMT, par la création de bourses pour des parents qui n’auraient pas la capacité de suivre », reprend Marc Renner qui se dit par ailleurs « plutôt favorables à un alignement des droits de toutes les écoles. Sinon le signal serait que les écoles les plus chères sont les meilleures ».
Les écoles d’ingénieurs associatives privées s’interrogent également par la voix de Jean-Michel Nicolle : « Nous nous rendons compte que le cahier des charges des EESPIG exige un financement supérieur à nos capacités actuelles ». Le statut d’EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) permet aux écoles associatives d’obtenir des financements à condition d’être non capitalistiques. Jean-Michel Nicolle s’interroge : « Peut-être que l’avenir est de trouver un mode de capitalisation compatible avec nos besoins de croissance ; EESPIG est un modèle économique forcément sous tension. Nous réfléchissons donc à trouver un système qui pourrait s’apparenter à celui des mutuelles ».