La Cdefi s’interroge sur la « soutenabilité du modèle des écoles » et lance un nouveau site d’information pour les jeunes

by Olivier Rollot

« Nous affichons une stabilité apparente avec néanmoins une fragilité croissante. Nous vivons notamment une tension sur l’apprentissage pour lequel la signature de contrats prend beaucoup plus de temps », signifie le président de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs), Emmanuel Duflos, en introduction de sa conférence de presse de rentrée qui s’interroge sur la « soutenabilité du modèle des écoles » : « Notre objectif pour les deux ans à venir est de mettre le modèle des écoles d’ingénieurs au cœur de la société. Il faut redonner confiance et apporter des moyens pour répondre aux enjeux de souveraineté ». Encore faut-il que le gouvernement suive ou laisse faire…

Emmanuel Duflos et le bureau de la Cdefi lors de leur conférence de presse de rentrée le 15 octobre

Des finances en berne. « La situation se dégrade petit à petit avec des compensations financières de l’État qui ne sont pas à la hauteur des objectifs. Il nous faut travailler au développement de ressources propres tout en gérant mieux nos coûts complets », ne peut que constater Cécile Delolme, vice-présidente de la Cdefi et directrice de l’ENTPE. Oui mais quelles ressources ? « On parle beaucoup de chaires d’entreprises mais elles ne représentent que 600 000 € sur 6 millions de contributions des entreprises dans notre écoles », remarque Christian Lerminiaux, directeur de Chimie ParisTech qui va plutôt chercher des moyens du côté de la hausse des frais d’inscription : « C’est aujourd’hui aux conseil d’administration des écoles, dans le cadre de leurs réseaux, de prendre position en actant des hausses ». Cet été le MESR ne s’est ainsi pas opposé à une hausse des frais des écoles Centrale. « Une absence de réponse c’est aussi une réponse », réagit Emmanuel Duflos.

Quant aux formations en apprentissage elles entament un recul sans que cela soit encore de façon significative. « Le déficit n’est pas majeur mais certaines écoles n’ont pas pu ouvrir des formations en apprentissage. A défaut d’être inquiétante, la situation est préoccupante. Les entreprises le disent clairement : elles sont beaucoup plus frileuses. Avant, nous avions des propositions contrats, des demandes d’entreprises qu’on ne satisfaisait pas. Aujourd’hui, nous avons des étudiants que l’on trouve tout à fait aptes et intéressants pour les entreprises qui ont du mal à trouver un contrat », ne peut que constater Romuald Boné, vice-président de la Cdefi et directeur de l’Insa Strasbourg qui prédit que « certains étudiants sans contrat ne pourront pas se permettre financièrement de basculer en format étudiant. Donc il est probable qu’à un moment ou un autre, on verra une baisse du nombre d’étudiants en première année de formation d’ingénieur ».

Dix-huit axes stratégiques. Pour mieux répondre à ces défis la Cdefi a défini dix-huit axes stratégiques et créé une nouvelle commission en scindant « formation » et « recherche et innovation ». En revanche le « conseil de la recherche » et le « conseil d’orientation » fusionnent dans un « conseil d’orientation stratégique » consultatif. Pour continuer à développer ses écoles face à une démographie en berne Emmanuel Duflos insiste sur « la nécessité de recevoir plus d’étudiants internationaux en portant l’image des écoles ».

La Cdefi va également essayer de peser sur les prochains PCRD (programmes-cadres de recherche et de développement) de l’Union européenne, les évolutions d’Erasmus+ ou encore la question de la création du diplôme européen. Enfin elle crée le site deviens-inge.fr pour expliquer et promouvoir les métiers d’ingénieur auprès des jeunes.

Comment développer de nouvelles formations ? Dans un contexte où les écoles ne forment pas assez d’ingénieurs la Cdefi entend promouvoir les bachelors. « Nous savons que nous ne formons pas assez d’ingénieurs. Nous devons plus former à un niveau bac+3 pour former des cadres intermédiaires. Cela permet également à des jeunes de se projeter sur seulement trois ans pour ensuite pouvoir poursuivre par un diplôme d’ingénieur », spécifie Dominique Baillargeat, vice-présidente de la Cdefi et directrice de 3il. « Reste à convaincre les entreprises de la pertinence du niveau bachelor », remarque Emmanuel Duflos.

Dominique Baillargeat propose également de « laisser les écoles créer d’autres types de formations ». Il faut enfin « s’adapter aux IA avec des étudiants qui optimisent leur apprentissage tout en mettant en cause l’évaluation des compétences ». La Cdefi entend développer des dispositifs d’orientation et d’ouverture sociale et lutter contre les stéréotypes de genre tout en luttant contre les violences sexistes et sexuelles (VSS).

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