A Noisy-le-Grand l’ESIEE offre des conditions de travail tout à fait exceptionnelles à ses étudiants dans un bâtiment qu’on doit à l’architecte Dominique Perrault qui plus tard dessina la Bibliothèque nationale de France. Cette année elle a fusionné avec l’ESIPE dans le cadre de l’Université Gustave Eiffel. Son directeur, Jean Mairesse, trace avec nous le portrait d’une école en plein essor.
Olivier Rollot : ESIEE Paris a considérablement évolué ces trois dernières années, d’abord en intégrant l’Université Gustave Eiffel puis cette année en célébrant son regroupement avec une autre école de l’Université : l’ESIPE. Comment se déroulent toutes ces évolutions ?
Jean Mairesse : En 2020 nous avons effectivement connu une transition importante en devenant membre fondateur de l’Université Gustave Eiffel, créée en janvier 2020. Un an après, le 1er février 2021, tous les personnels ont été transférés dans l’Université et avec des CDI ou des CDD de droit public. Aujourd’hui l’intégration continue avec l’achat de notre bâtiment à la CCI Paris Ile-de-France qui est en cours dans le cadre d’un CPER (contrat de plan Etat-région).
Notre union avec l’ESIPE (École supérieure d’ingénieurs de Paris-Est) permet de regrouper les 600 étudiants de l’ESIPE avec les 2 200 d’ESIEE Paris pour devenir une école unique sous l’appellation ESIEE Paris. Ensemble nous serons la principale école mono site recevant des apprentis : 1 200 sur 2 400 en cycle ingénieur.
En formant 3 000 élèves ingénieurs, avec un budget de 35 millions d’euros dont 80% de ressources propres, nous atteindrons une taille critique nous permettant d’augmenter notre visibilité et notre positionnement dans les classements.
O. R : Comment cette fusion fait-elle évoluer ESIEE Paris ?
J. M : La nouvelle ESIEE s’ouvre à des thématiques nouvelles que dispense l’ESIPE : génie civil, génie mécanique, maintenance, et même arts et sciences. Nous dispensons ainsi des enseignements sur un spectre beaucoup plus large et généraliste, alors que l’ESIEE était historiquement plutôt centrée sur l’informatique et l’électronique même si son périmètre s’était déjà élargi ces dernières années à la e-santé, à l’énergie et au génie industriel.
O. R : Ce rapprochement va-t-il déboucher sur un diplôme unique ?
J. M : En janvier 2024 nous devrions avoir un diplôme unique. Le dossier en ce sens est déposé à la Commission des titres d’ingénieur (CTI). C’était l’objectif dès le départ d’avoir un diplôme, un référentiel de compétences et un rythme d’alternance uniques pour toutes nos filières. Des discussions sont en cours pour réunir les associations d’alumni et les prochaines élections du BDE se feront sur le mode BDE unique.
Nous aurons donc un cursus composé de deux premières années généralistes suivies de trois années de cycle ingénieur en apprentissage ou en enseignement classique avec des spécialisations progressives. En tout nous proposons aujourd’hui 20 filières – autant en apprentissage que hors apprentissage -, trois diplômes d’université, 1 MSc et une licence professionnelle. Enfin nous portons pour toute l’UGE un bachelor pluridisciplinaire fondé sur le modèle des CPES avec une spécialisation en cours de cursus.
A l’international, la CCI et l’ESIEE ont créé en 1997 en Afrique du Sud, à Pretoria, l’institut de Technologie Franco Sud-Africain (F’SATI, French-South African Institute of Technology) en coopération avec le Technikon Pretoria, qui deviendra en 2004 la Tshwane University of Technology (TUT), une des plus grandes universités du pays. En 2008, un deuxième F’SATI a été ouvert à Cape Town dans la Cape Peninsula University of Technology. Nous y dispensons des cursus 100% en anglais.
O. R : Vous avez parlé d’arts et sciences. Un rapprochement qui n’est pas banal. De quel programme s’agit-il exactement ?
J. M : L’IMAC est une des filières du diplôme d’ingénieur. L’IMAC forme des ingénieurs à forte sensibilité artistique. Recrutés avec un niveau d’au moins bac+2, ils doivent même présenter un book de leurs créations, ou jouer d’un instrument de musique, en tout cas avoir une pratique artistique avérée. L’IMAC les forme ensuite dans les domaines de l’Internet, des jeux vidéo, de l’audiovisuel pou encore de la communication numérique.
O. R : ESIEE Paris va être une école leader dans l’apprentissage. Avez-vous créé votre propre CFA (centre de formation d’apprentis) ?
J. M : Nous travaillons avec le CFA interne de l’UGE auquel nous avons transféré tous les apprentis qui étaient jusqu’ici gérés par le CFA Ingénieurs 2000 et le CFA de la CCI.
O. R : Comment fonctionne votre gouvernance ? La CCI Paris Ile-de-France y garde-t-elle du poids ?
J. M : L’ESIEE est école-membre de l’UGE et sous tutelle de la CCI Paris Ile-de-France. La CCI nomme 9 des 24 membres du conseil d’école, qui tient lieu de conseil d’administration de l’école, et est donc co-décisionnaire avec l’université dans les choix de l’école.
O. R : Pour ceux qui ne l’ont pas visité il faut dire à quel point le bâtiment de l’ESIEE, qu’on doit à l’architecte Dominique Perrault qui plus tard dessina la Bibliothèque nationale de France, est exceptionnel. Quelle est la superficie de ce bâtiment principal ?
J. M : Nous nous étendons aujourd’hui sur 30 000 m2 dont 650 m2 de salles blanches que nous avons inaugurées en 2017. Le bâtiment central d’ESIEE Paris date lui de 1987 et est non seulement très beau mais aussi exemplaire en termes d’équilibre entre la recherche et la formation.
- Le directeur de l’ESIPE, Luc Chevalier, s’est joint à Jean Mairesse pour présenter la nouvelle école. A voir sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=CkTN_WBj-0Y