L’ICN BS vient de connaître de beaux succès tant dans les palmarès que dans les inscriptions d’élèves de prépas. Directrice depuis 2015 de l’école, Florence Legros revient avec nous sur sa stratégie depuis bientôt six ans pour remettre l’ICN au centre du jeu.
Olivier Rollot : ICN vient de vivre une très belle semaine. Côté programme grande école le nombre de candidats progresse de plus de 23%. Côté bachelor l’Etudiant classe ICN premier et Le Parisien deuxième. Comment analysez-vous ces excellents résultats ?
Florence Legros : Je pense que cela tient en premier lieu à notre triple accréditation. Déjà en mai 2020 quand nous avons été accrédités par l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) en plus d’Equis et Amba nous avions constaté une hausse du taux de transformation chez nos candidats issus de classes préparatoires. Et cette année près de 3 000 candidats ont coché la case ICN au sein du concours BCE.
Les étudiants se disent également très intéressés par la possibilité d’effectuer indifféremment leur cursus sur nos campus de Nancy, Paris et Berlin et de passer de l’un à l’autre. Nous rencontrons ainsi pas mal d’étudiants inscrits en première année de PGE à Paris qui suivent leur deuxième année à Nancy.
De plus notre positionnement « Art / technologie / management » hybride – ce que j’appelle notre « indisciplinarité » – a aujourd’hui le vent en poupe. Quand il faut casser les silos nous sommes précurseurs.
A l’international nous avons su repositionner nos accords qui sont tous aujourd’hui avec des écoles accréditées.
Enfin l’accompagnement individuel que nous proposons à nos étudiants, l’attention que nous portons à chacun de nos étudiants, le tutorat, sont au cœur de notre ADN. Fidèle à cette ADN, l’école a proposé un accompagnement pédagogique des élèves de classes prépas dans leurs révisions jusqu’au concours soutenu par l’implication de nos étudiants dans le cadre d’une stratégie adaptée aux attentes des élèves et de leurs professeurs.
O. R : Cette progression n’est donc pas une surprise pour vous ?
F. L : Nous savions que nous étions sur une bonne trajectoire en ayant déjà décidé un recrutement d’élèves issus de classes préparatoires supérieur de 20 places à celui de 2020. Ce qui ne va pas nous empêcher d’être de plus en plus sélectifs. Le seul bémol pour nous c’est que nous ne pourrons sans doute pas proposer autant de places aux élèves issus de lycées qui nous soutiennent depuis longtemps que les autres années.
O. R : C’est un vrai retour au premier plan pour ICN ?
F. L : Après avoir longtemps été en situation de grande fragilité – le label Equis renouvelé pour seulement trois ans, un MBA que nous avons totalement refondu pour conserver Amba -, ICN retrouve peu à peu la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter. L’obtention de l’accréditation AACSB nous a amené à aller vite pour répondre aux demandes des experts.
Maintenant quel est le futur des écoles de management en France ? Je vois trois possibilités : soit d’être avalées par des fonds et d’avoir les moyens de financement qui vont avec, soit d’être un gros paquebot, soit enfin de rester des écoles indépendantes à taille humaine. Des institutions d’environ 5 000 étudiants pour avoir la taille critique nécessaire et tout particulièrement pour posséder un corps enseignant.
L’action que nous menons depuis quatre ans à ICN a permis de la remettre sur les bons rails. ICN est plus que jamais aujourd’hui une école de grande qualité qui garde son rang au sein des grande écoles et ne cesse de progresser dans les classements. Notre projet est de rester une école à taille humaine tout en tendant vers les 5 000 étudiants à l’horizon 2026. C’est ce que nous indiquerons dans le futur plan stratégique quadriennal que nous sommes en train de réaliser.
O. R : Se voir décerner le titre de premier bachelor de France ce n’est pas rien. Comment y êtes-vous parvenus ?
F. L : C’est là aussi le résultat d’un très important travail sur le programme, son contenu, le corps enseignant, les partenaires internationaux mais aussi la sélection avec un changement de banque d’épreuves qui a été bénéfique. Dans ses conclusions sur l’obtention du grade de licence la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion) a également salué notre proximité avec l’université de Lorraine et des institutions parisiennes.
O. R : S’inscrire dans une politique de site est effectivement un critère important dans les attendus du grade de licence. Dites-nous en plus sur vos relations avec l’université de Lorraine qu’on sait privilégiées.
F. L : Nos enseignants-chercheurs travaillent effectivement en commun avec ceux de l’université de Lorraine au sein de laboratoires mixtes. Là aussi c’est important pour acquérir la taille critique que j’évoquais. Nos publications représentent ainsi 50% du total du Centre européen de recherche en économie financière et en gestion des entreprises (CEREFIGE).
Cette proximité avec l’université nous permet également de proposer un double diplôme avec Mines Nancy mais aussi avec l’École nationale supérieure en génie des systèmes et de l’innovation (ENSGSI), qui sont toutes deux des composantes de l’université. C’est très important de casser les silos disciplinaires !
O. R : En revanche vous ne touchez aucun financement de l’université de Lorraine ?
F. L : Aucun. Nous remboursons même au CEREFI une partie de sa dotation universitaire. Notre seul financement public vient de l’État en notre qualité d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG). De plus nous ne versons pas de loyer pour notre bâtiment pour lequel nous avons juste à nous acquitter des charges locatives. En fait nous avons exactement les mêmes contraintes que toutes les écoles de management avec un financement à 98% privé.
O. R : Vous le répétez : il faut « casser les silos ». Votre outil pour cela c’est votre alliance Artem?
F. L : A Nancy, Paris comme Berlin nous mettons en avant notre positionnement « Art / technologie / management » dans le cadre de ce que nous avons appelé la « Station A ». A Paris et Berlin nous offrons la même expérience avec un « Club A international » et des partenaires spécifiques : les écoles Charpentier et Boulle à Paris, l’école d’art à Berlin, pour des ateliers conjoints en arts et design. Nous ne dupliquons pas Artem à l’identique partout. Nous avons le vent en poupe mais nous devons continuer à avancer pour affiner notre identité.
O. R : Avez-vous de nouveaux projets à l’international en plus de votre campus berlinois ?
F. L : Nous sommes présents en Chine, à Shanghai, où nous délivrons un E-MSc de concert avec la East China Science and Technology University. A Berlin il nous reste à mieux encore nous établir en augmentant la taille de notre corps professoral pour avoir la reconnaissance du Sénat berlinois et délivrer un diplôme Kaufmann.
O. R : Dernière question : comment se présentent les concours ? Pensez-vous que les oraux pourront finalement avoir lieu en présentiel ?
F. L : Les oraux des bachelors auront lieu à distance. La question se pose encore pour les oraux du PGE. Nous retenons aujourd’hui trois scénarios : des oraux in situ, des oraux à distance et un retour à la situation de 2020. Nous sommes assez prêts de la deuxième option.
Si les oraux doivent finalement avoir lieu à distance nous nous sommes engagés collectivement au sein de la BCE à ouvrir nos écoles à tous les candidats du territoire qui habitent dans des zones mal connectées à Internet. Quelle que soit l’école dans laquelle ils postulent.