Internationale l’ESCE l’est par essence. Mais en quoi est-elle encore aujourd’hui différente des autres écoles qui sont toutes devenues internationales ? Les réponses de son directeur, Christophe Boisseau.
Olivier Rollot : Vos étudiants ont pu faire leur retour sur vos campus. Quel bilan tirez-vous de la crise du Covid ?
Christophe Boisseau : D’abord je voudrais dire le grand bonheur que nous avons aujourd’hui à recevoir de nouveau nos étudiants. En 2020 nous avions pu faire une rentrée en présentiel et garder nos étudiants sur nos campus pendant quatre à cinq semaines. Cela nous avait permis de réaliser un team building qui a servi toute l’année quand il a fallu passer au on line ou à des programmes hybrides.
Ce passage au distanciel s’est plutôt bien déroulé car nous avons pu utiliser très vite des contenus pédagogiques packagés réalisés par nos équipes et compatibles avec les maquettes pédagogiques de nos cursus. L’ESCE déjà avant la COVID proposait plus de 30% de ses cours et activités pédagogiques online. De plus nous avons organisé chaque semaine des rencontres avec nos professeurs, sous forme de meet-up, pour que nos étudiants puissent les interroger dans le cadre de leur spécialisation.
O. R : Ce sont les échanges internationaux qui ont le plus souffert !
C. B : Nos étudiants sont forcément beaucoup moins partis à l’international. Nous avons partiellement compensé avec des accords avec différentes universités dans le monde, y compris des universités russes et américaines. Et nos étudiants ont pu disposer des campus partagés dans le groupe InseecU à Londres et San Francisco. Cette année les échanges repartent mais essentiellement en Europe. Peut-être pourra-t-on retourner en Chine en mars ou avril 2022 ?
O. R : Qu’est ce qui caractérise aujourd’hui l’ESCE en tant qu’école internationale, alors que toutes les Grandes écoles de management se sont inspirées de votre modèle ?
C. B : Notre corps professoral compte pas moins de 25 nationalités différentes. Nous travaillons également beaucoup sur la constitution de nos programmes avec les 2400 conseillers du commerce extérieur de la France chapeautés par le CNCCEF. A la clé un contenu des cours centré sur l’international business et l’export qui permet à nos étudiants d’évoluer vers le management international.
Les étudiants se rendent vite compte de la différence avec les autres écoles. Notre tronc commun en international business leur permet d’apprendre les techniques de l’international business en 22 cours et 400 heures sur les cinq ans du cursus. De même nous avons beaucoup développé les cours de géopolitique avec des modules numériques qui s’ajoutent aux cours. Il leur faut s’intéresser à des sujets de politique globale. Surtout pas leur donner des cours type « Les 10 leçons pour travailler avec un Chinois » ! Chaque étudiant développe aussi chez nous 3 types de compétences essentielles à une carrière internationale : les compétences linguistiques, les hard skills pour maîtriser notamment l’international business, et aussi les soft skills propres à réussir son activité dans un contexte multiculturel.
O. R : L’enseignement des langues est-il particulièrement mis en avant ?
C. B : Partout l’enseignement des langues reste très scolaire. Pas à l’ESCE où nous demandons à nos étudiants d’être totalement fluent à la sortie de l’école. Ils suivent donc 3 heures ½ de cours de langues par semaine / langue dans au moins deux langues, voire trois ou même quatre. Nous enseignons 20 langues étrangères en tout et il est possible par exemple de suivre des cours de japonais, chinois ou hébreu avec des professeurs natifs.
O. R : Vous le dites, vous proposez également des compléments aux cours.
C. B : Nous venons delancer une série de podcasts sur l’actualité du business international, les « Libres Echanges ». Diffusés tous les quinze jours, ces « Libres Échanges » proposent des échanges libres et éclairés entre un de nos chercheurs et un Associate Dean. Autour d’un fait marquant de l’actualité internationale nous proposons un focus de 15 minutes sur des questions d’actualité du business international et du développement durable. Le tout en lien avec l’actualité en nous demandant par exemple « comment un gestionnaire de supply chain doit se repositionner à l’heure du Covid » ? Cette activité s’ajoute à toutes celles déjà proposées à nos étudiants (géopolitique, humanités, business mondial…) dont on retrouve les numéros sur la chaîne YouTube de l’école.
O. R : Ces compétences à l’international vous les actez comment ?
C. B : Nous venons de créer un « Passeport de Compétences » où on trouve aussi bien « concevoir une offre d’exportation » que « formuler des objectifs globaux et détaillés d’une négociation prévue » mais aussi « accepter le feed back », une compétence. Autant de compétences dont nous mesurons l’évolution tout au long du cursus. De même nous les interrogeons sur des questions d’éthique comme « comment réagir si un client demande systématiquement qu’on lui verse une enveloppe ? ». Chaque étudiant reçoit l’évaluation globale de ses compétences en fin de 5e année qu’il pourra par exemple partager lors de sa recherche d’emploi pour mettre en avant ses compétences et ses spécificités. L’employabilité est au cœur de l’ADN de l’ESCE !
O. R : La dimension éthique est particulièrement importante pour vos étudiants ?
C. B : Ce sont même 52% des mémoires de 5ème année qui portent sur des questions d’éthique et de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Le Groupe Inseec U. a d’ailleurs une charte éthique très développée et est même classé premier en France dans sa catégorie par Greenmetrics.
O. R : Comment évoluent vos enseignements ?
C. B : Les contenus comme les méthodes pédagogiques doivent en permanence évoluer pour répondre aux évolutions des principaux métiers des entreprises. En particulier les contenus évoluent grâce aux propositions de notre conseil d’orientation stratégique intégrant de très nombreux employeurs à l’international. Par exemple nous avons passé un accord avec les écoles Montessori et tous nos professeurs ont été formés. Je pousse nos enseignants à s’interroger en permanence car les méthodes évoluent. Même en langues avec de plus en plus de modules en ligne.
O. R : Est-il possible de suivre un doctorat à l’ESCE ?
C. B : Nous proposons un Phd et un DBA (Doctorate of Business Administration) avec l’université de Valencia en Espagne, qui est très renommée pour la spécialité commerce international en Europe. Les étudiants suivent une première année commune au DBA et au PhD puis choisissent entre une thèse plus académique ou un DBA qui est plus professionnel.