Avec la nouvelle loi les entreprises de plus de 10 salariés sont tenues de dépenser 1% de leur masse salariale dans le cadre du plan de formation mais les entreprises de plus de 300 salariés n’ont plus à dépenser 0,9 % de leur masse salariale en plus comme c’était jusqu’ici le cas. « Nous sommes passés d’un régime où les entreprises dépensaient parfois n’importe comment leur budget formation pour se conformer à leurs obligations légales à un régime où elles doivent se focaliser sur des objectifs », confie Christian Janin, le président du Copanef.
Résultat, le rôle du responsable de formation évolue rapidement dans les entreprises. « Longtemps les responsables de formation ont été cantonnés dans un cadre purement administratif, aujourd’hui il leur faut comprendre les nouveaux marchés et les besoins de compétences de leur entreprise pour lui proposer les formations adaptées et ne surtout pas se contenter d’envoyer un catalogue dans les services », explique Sylvain Humeau, coordinateur de l’ensemble des achats de formation d’Engie et secrétaire général du GARF, le réseau des responsables de formation.
Le rôle des responsables de formation devient crucial
Le tout alors qu’un autre aspect de la loi, la nécessité de garantir à tous les salariés le maintien de leurs compétences, oblige à tous les former. C’est dire si la formation des responsables de formation devient cruciale. C’est justement l’objectif du master « Management de la formation » de Paris-Dauphine, créé en 2011, et qui forme aussi bien les responsables de formations des entreprises que des organismes de formation ou encore des OPCA. « Le mouvement était déjà enclenché mais, avec la mise en œuvre de la nouvelle loi, on passe clairement d’une vision gestionnaire à une vision stratégique. Nous avons de plus en plus de candidats qui veulent apprendre à porter le projet de leur entreprise, ce qui signifie notamment être de bons communicants pour analyser et porter le projet », assure Isabelle de Blignères, la responsable du master, qui rappelle la « perte du sens de la formation » qui a pu être ressentie quand « le directeur des achats était en première ligne ». Il y aurait aujourd’hui selon elle « toute une chaîne de valeurs à recomposer ».
Isabelle de Blignères insiste également sur la nécessité pour les responsables de formation de « mieux apprendre maintenant le management des compétences pour des responsables formation qui deviennent peu à peu des « responsables formations et compétences » ».
De nouveaux acteurs
C’est dans ce contexte que le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche incite les établissement d’enseignement supérieur, et singulièrement les universités, à déployer leurs activités dans la formation continue. Un « Réseau d’établissements pilotes pour le développement de la formation continue dans l’enseignement supérieur » a même été créé pour mettre en œuvre les recommandations de François Germinet, président de l’université Cergy Pontoise, qui préconise notamment dans son rapport de novembre 2016 de s’appuyer sur la proximité avec la recherche. « On ne peut pas dire juste aux enseignants-chercheurs « Maintenant faites de la formation continue ». La formation continue doit entrer dans leur référentiel comme une mission mais il faut aussi trouver des personnes motivées », commente Olivier Simonin, président de Toulouse INP, sélectionné dans le réseau d’expérimentation pour son travail commun avec l’ENI de Tarbes et l’INSA Toulouse, persuadé que ce sera « sans doute moins difficile dans les écoles d’ingénieurs que dans les universités car nous sommes plus au contact des entreprises ».
Quand on parle ailleurs d’expérimentations, l’université Paris-Dauphine s’appuie sur plus de quarante ans d’expériences (sa « mission formation » a été créée en 1972). « Tous les enseignants-chercheurs sont intéressés par la formation continue et plus on rencontre d’entreprises, plus on a d’idées de formation », assure Isabelle de Blignères, qui développe aujourd’hui son expertise sur le sujet clé de la supply chain management en s’appuyant sur la qualité de la recherche de son université. Au total Dauphine réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros en formation continue en s’appuyant sur ses anciens et sa fondation mais aussi sur des partenariats avec le leader mondial qu’est Cegos. Un réseau constitué, une marque, des diplômes et formations reconnues par les entreprises une implication de tous, autant d’éléments qu’on ne réunit pas du jour au lendemain…