Attentats à Paris revendiqués dans les réseaux, attaques contre le site Sony Pictures, questions sur la liberté des internautes, les questions liées à la cybercriminalité sont chaque jour un peu plus présentes. L’université de technologie de Troyes (UTT) est particulièrement en pointe sur le sujet avec aussi bien des spécialisations dans le cadre de son diplôme d’ingénieur (en «Sécurité des systèmes et des communications » et « Management du risque informationnel », deux spécialités pour laquelle optent aujourd’hui chaque année 60 de ses 450 élèves ingénieurs), un master « Sécurité des systèmes d’information » et enfin une licence professionnelle « Enquêteur technologies numériques ».
Cette dernière a la particularité d’être réservée aux forces de l’ordre et notamment aux gendarmes. « Nous n’allons pas prendre le risque de former aux méthodes d’investigation de possibles délinquants », remarque le responsable du programme, Reza Algelai, pendant que le général Marc Watin-Augouard, directeur du Centre de recherche de l’école des officiers de la Gendarmerie Nationale (CREOGN) et président du Centre expert contre la cybercriminalité français (CECyF), explique comment ce diplôme doit « permettre aux enquêteurs de maîtriser aussi bien les connaissances technologiques que juridiques nécessaires à leur mission ».
Au sein du programme Scientifique et technologique cyber-sécurité de l’UTT sont réunis des chercheurs de plusieurs disciplines qui ne se parlent guère d’habitude. « Pour bien comprendre les méthodes des cybercriminels il faut par exemple des données sociologiques qui permettront aux informaticiens de créer les algorithmes nécessaires », commente le responsable du programme, Florent Retraint, plus que jamais sollicité alors que les attaques informatiques se multiplient dans les entreprises comme sur les sites des États.
Une préoccupation finalement assez nouvelle. « Quand les data centers ont été créés les questions de sécurité n’ont pas été au cœur de leur construction, elles ne sont venues qu’après alors qu’aujourd’hui, quand on pense à de nouveaux protocoles d’accès aux machines, c’est dès la conception que les questions de sécurité sont abordées », assure Florent Retraint, dont le laboratoire bénéficie aujourd’hui de deux millions d’euros de budget de recherche. « Nous devons armer notre société pour assurer une cyber sécurité qui ne peut être absolue dans un espace de liberté. Mais sans cyber sécurité, il n’y a pas de liberté », conclut le général Marc Watin-Augouard.