Plus de modularité, de rythme, renforcement de sa dimension internationale, extension du continuum avec les classes prépas, le programme Grande école de Neoma BS va être renouvelé en 2018. Sa directrice générale, Delphine Manceau, et la directrice du programme Grande école, Sylvie Jean, nous expliquent comment.
Olivier Rollot : Le programme Grande école (PGE) de Neoma BS va être largement refondu à la prochaine rentrée. Pouvez-vous nous donner les grands axes de cette évolution ?
Sylvie Jean : Nous sommes entrés dans la phase 2 de la création de Neoma Business School suite à la fusion et, dans cette nouvelle étape, nous avons souhaité renouveler notre programme Grande école. Nous créons un nouveau format qui donne plus de modularité et plus de rythme, dans les lieux d’études comme dans les contenus. Nous renforçons le va et vient entre l’académique et le professionnel. Plutôt que de durer un an, l’année de césure – pour laquelle opte la grande majorité de nos étudiants – pourra être divisée en deux périodes de six mois suivies de cours. Le cycle master pourra être effectué en deux ou trois ans. Enfin, l’apprentissage est très fortement présent à Neoma avec 30% de la promotion. Les étudiants ont le choix de faire le cursus en Apprentissage sur 2 ans (M1 et M2) ou en 1 an (M2)
Delphine Manceau : La dimension internationale de notre PGE va également être renforcée. Nous organisons des échanges académiques avec 300 partenaires dans le monde. Nos étudiants vivent ainsi une véritable immersion avec, autour d’eux, peu d’étudiants français chez chaque partenaire. Ils vivent une expérience d’intégration dans la culture locale et les habitudes pédagogiques du pays au sein d’établissements dont la majorité sont accrédités par Equis, AACSB, AMBA ou EPAS. Être triple accrédités nous facilite la conclusion d’accords avec les meilleures business schools.
O.R : Vous n’ouvrirez jamais de campus à l’étranger ?
D. M : Si, en partenariat avec un acteur local très bien implanté, dans un objectif d’immersion dans le système d’enseignement supérieur du pays. En Chine, nous allons inaugurer à la rentrée une école commune d’Innovation et de Business avec la prestigieuse Université de Nankai. Notre école, implantée sur le campus de Nankai, est située à 100 kilomètres de Pékin au sein de la zone économique de TEDA (Tianjin Economic-Technological Development Area), fondée en 1984 et aujourd’hui en rapide développement. Notre but est d’attirer d’excellents étudiants asiatiques dans des programmes joints Neoma Nankai. Nous avons par exemple un programme sur le digital au pays de WeChat et d’Alibaba qui permet d’avoir une vision complémentaire de l’approche des GAFA auxquels on se réfère toujours en Europe.
La Chine est aujourd’hui centrale dans notre stratégie internationale. En atteste notre capacité à recruter des lycéens chinois via des partenariats avec des lycées d’excellence mais également via le concours postbac du « Gao Kao » car nos programmes sont visés par le Ministère de l’Enseignement Chinois. Notre programme CESEM en chinois est également une vraie réussite : trois années complètes de cours en Chine ! Notre Institut Confucius for Business nous offre également une très belle visibilité.
O.R : Quelle est la proportion de professeurs et étudiants étrangers à Neoma ?
D. M : 60% de nos professeurs et 25% de nos étudiants sont internationaux. Il est possible de suivre les cours entièrement en anglais dès la première année, et la dernière année du PGE est quasiment à 100% en anglais.
O.R : On parle beaucoup du « continuum » entre les classes préparatoires et les grandes écoles. Y avez-vous travaillé dans le cadre de la réforme de votre PGE ?
S. J : Oui. Nous créons à la rentrée prochaine un cours « Humanités & Management », qui permettra à nos étudiants de faire le lien avec les grands auteurs qu’ils ont découvert en classe préparatoire et les cours de management. Le cours est d’ailleurs conçu avec des professeurs de prépas. Nous proposerons aussi à nos étudiants un cas fil rouge interdisciplinaire à partir d’un cas réel d’entreprise qui permet d’aborder différentes matières enseignées et ainsi de mieux appréhender le passage entre la classe préparatoire et l’école. Nous revendiquons notre intérêt pour les CPGE qui représentent 70% de nos effectifs en première année, soit 770 étudiants (chiffre stable cette année).
O.R : Comment se déroule l’intégration de vos nouveaux étudiants ?
S. J : Le service « Talent et Carrière », particulièrement développé à Neoma, joue un rôle central dans l’intégration des étudiants à leur nouvel univers. Il les aide à réfléchir sur eux-mêmes et sur leurs aspirations personnelles et professionnelles. Dès la rentrée, il organise les « Starting Days ». Cette année, nous leur avons demandé d’imaginer des produits et des services innovants en lien avec les jeux paralympiques. Ils travaillent leur projet en mode action, entrent le « faire » et amorcent ainsi la transition avec la prépa. Les entreprises sont présentes et apprécient beaucoup ce moment. L’année prochaine, le thème privilégié sera la RSE.
O.R : Neoma a toujours eu une dimension humaine affichée. Comment se caractérise-t-elle ?
S. J : Par exemple par les « modules de trajectoire individuelle » que pilote ce même service Talent et Carrière avec de nombreux ateliers pendant toute la scolarité. Nous voulons faire cheminer nos étudiants en donnant une forte place à leur développement personnel.
O.R : La vie associative aura toujours sa place ?
D. M : Bien sûr et nous allons même la mettre encore mieux en avant. Notre Parcours Entrepreneuriat Associatif (PEA) associe cours le matin et projet associatif l’après-midi. Le tout en anglais et en associant les diplômés. Ce parcours permet de vraiment faire le lien entre les activités associatives des étudiants et leurs études, générant des synergies et un apprentissage appliqué. Etre membre actif et impliqué de la vie associative c’est fédérer des équipes, gérer des budgets, monter des projets. La vie associative n’est pas un « à côté », elle devient alors centrale dans l’apprentissage et mobilisée par les enseignants comme champ d’application.
O.R : Quels doubles diplômes, certifications, peut-on obtenir à Neoma ? Est-ce possible d’être un manager ingénieur ?
S. J : Nous proposons à nos étudiants de faire un mastère spécialisé avec Centrale Supélec. Nous avons aussi des parcours intégrés avec l’ESIGELEC à Rouen, et d’autres doubles diplômes, par exemple avec l’URCA (Université de Reims Champagne-Ardenne) en géopolitique. En termes de certificat, nous proposons à nos étudiants de passer les niveaux 1 et 2 du CFA (Chartered Financial Analyst), très reconnu à l’international en finance. Nous avons aussi 12 doubles diplômes à l’international, notamment aux Etats-Unis et en Russie, ou encore un DBA joint avec l’Université Jiao-tong de Shanghai.
O.R : Beaucoup d’écoles de management connaissent des problèmes financiers. Comment se porte Neoma ?
D. M : Nous bénéficions d’un modèle économique robuste avec les moyens de nous développer en France et à l’international, de conduire notre transformation digitale, de construire un nouveau campus à Reims et de réaménager nos infrastructures à Rouen (où nous ne savons pas encore si nous rénoverons complètement le campus ou déménagerons). Nous allons également développer notre corps professoral en recrutant chaque année près de 20 nouveaux professeurs. Nous avons aujourd’hui 160 enseignants-chercheurs permanents et nous comptons monter à 200 dans les trois ans.
O.R : Ce n’est pas trop difficile – trop cher -, de recruter des professeurs internationaux ?
D. M : Nous ne nous inscrivons pas dans une logique de « mercato ». Ce que nous offrons, ce sont de bonnes conditions d’intégration et de recherche pour fidéliser les professeurs français et internationaux que nous recrutons. Il n’est pas question pour nous de recruter des professeurs qui se consacreraient uniquement à la recherche. Ils doivent effectuer au moins 120 heures de cours. Je crois fortement dans le modèle de l’enseignant-chercheur dont la recherche nourrit l’enseignement.