Le 21 juillet le monde des écoles de management était frappé de stupeur : il manquait 92 élèves issus de CPGE dans l’effectif de l’une des toutes meilleures, Toulouse BS. Arrivé le 23 avril dernier le directeur de la formation initiale et du programme Grande école, Olivier Guyottot, revient sur cet épisode et trace des lignes de reconquête.
Il y a maintenant deux mois que vous avez reçu le verdict du Sigem. Vous connaissez très bien le sujet pour avoir été aux commandes du PGE en 2012 à Montpellier BS lorsque l’école était passée de la 19ème à la 14ème place. Votre analyse a-t-elle évolué depuis le 21 juillet ?
Nous savions que maintenir une barre d’admissibilité élevée était une prise de risque mais nous avons priorisé le maintien de l’excellence académique. Nous sommes une école solide, disposant des trois grandes accréditations internationales pour leur durée maximum, classée encore ce mois de septembre, 48ème par le Financial Times pour son master in management et une des rares à avoir maintenu sa position dans ce classement. Nous devons plus encore veiller à accompagner notre savoir-faire du faire-savoir. Nous reverrons aussi l’organisation des oraux qui est une étape majeure dans le processus de recrutement d’une école. Enfin, nous travaillons aussi à ce que le positionnement de TBS soit mieux identifié.
Quoi qu’il en soit les classes préparatoires restent la voie royale d’accès aux écoles et en particulier à TBS, qui est une des rares écoles françaises à diplômer en fin de cursus une majorité d’élèves venus de classes préparatoires.
Perdre des rangs dans le « classement Sigem » c’est une chose. Mais ne pas faire le plein, et aussi largement, c’en est une autre !
En réalité, les deux ne sont pas liés et nous pouvions aussi ne pas remplir, certes dans des proportions moindres, et rester 8ème dans le Sigem. Ces 92 manquants nous le devons d’abord au maintien de la barre d’admissibilité. Il y a aussi eu un effet des grèves qui ont dissuadé certains candidats de venir passer les oraux à Toulouse alors que la moitié des préparationnaires viennent de Paris et d’Ile de France.
Cela représente une importante perte financière !
Un million d’euros sur un budget de 51 millions. Nous restons solides. D’autant que nous avons un très bon recrutement sur l’ensemble des programmes, notamment en Bachelor.
Justement que prévoyez-vous de faire dans le cadre de Parcoursup ? Adhérer à un concours commun pour votre bachelor ?
Nous attendons encore la réponse du ministère quant à notre demande de dérogation pour rejoindre Parcoursup seulement en 2020. Il serait préférable que Parcoursup intègre, à l’instar du SIGEM, une hiérarchisation des vœux. Je ne pense pas que laisser du temps aux élèves pour se positionner leur donne plus de liberté.
En ce qui concerne le concours d’entrée dans notre Bachelor nous constatons que le premier cercle de recrutement est régional. Si logique de regroupement, il doit y avoir, elle n’est pas forcément nationale mais plutôt géographique. Et dans l’hypothèse d’un portail commun, il faudrait a minima qu’il réponde à nos contraintes.
Quel est maintenant votre « plan d’attaque » pour remonter la pente en 2019 ?
Nous avons différentes actions en cours. Nous allons être la première école à lancer l’alternance à l’international. Nous profitons de la proximité avec la France de nos campus internationaux. Nos étudiants pourront suivre leurs cours sur nos campus de Barcelone, Londres ou Casablanca tout en conservant un contrat de droit français et en effectuant leur période en entreprise en France ou dans l’une des implantations d’une entreprise française dans le pays concerné. Lancement en septembre 2019.
Autre nouveauté : 100% de nos diplômés de la Grande école auront un double diplôme de niveau Master of Science. 30% des étudiants du PGE bénéficiaient déjà de cette opportunité grâce à nos nombreux accords avec des établissements tels que Sciences Po Toulouse, l’Enac, l’IMT Mines Albi, l’INSA, l’Université… Dans le cadre de la nouvelle maquette pédagogique du PGE, les étudiants seront tous diplômés d’un MSc en plus du Master In Management. Cette nouvelle organisation leur permettra, dans le cadre du cursus, de travailler avec les étudiants étrangers que nous recevons en MSc. A l’issue de leur formation, le fait d’être diplômés d’un MSc leur permettra de mettre en valeur leur spécialisation professionnelle auprès des recruteurs, avec une titre reconnu au plan international : le MSc.
Toujours avec la volonté de privilégier l’expérience internationale, nous avons créé le « TBS international pack ». Il permettra à nos étudiants de passer jusqu’à deux – ou même trois ans en cas d’année de césure – à l’international. Nous n’avons pas encore tranché s’il s’agira d’une filière d’excellence ou si nous la généraliserons à tous les étudiants.
Enfin, nous mettrons en œuvre le projet « TBS génération ». Il s’agit de mettre en œuvre des cours communs qui réuniront les étudiants du PGE avec le public de cadres expérimentés qui suivent nos mastères spécialisés. Il s’agit de faire se rencontrer deux générations, qui ont parfois du mal à se comprendre, pour créer des liens. Et bien entendu l’annonce de la révision stratégique de TBS va permettre de faire bénéficier d’un positionnement distinctif le PGE.
Vous allez également optimiser vos relations avec les alumni.
Une fois diplômés c’est l’association des alumni qui prend le relais de la relation avec nos étudiants. Aujourd’hui, et pour la formation initiale dans son ensemble, nous mettons en place des responsables du suivi de nos alumni. Nous voulons aller au-delà d’une relation qui voit certains alumni ne considérer l’école qu’en cas de chômage ou pour se retrouver entre amis de promo. Nous voulons leur offrir des services, par exemple de l’orientation scolaire pour leurs enfants. A l’international, nous allons également nous appuyer sur nos alumni pour accompagner le recrutement d’étudiants internationaux.