Passée la Toussaint, pleuvent les palmarès » tel pourrait être le proverbe des grandes écoles de commerce qui, chaque année, attendent, parfois avec crainte, toujours avec intérêt, que les grands magazines sortent leur classement annuel. Cette semaine, ce sont « l’Etudiant » et « Le Figaro » qui ouvrent le bal. D’un côté un palmarès de l’Etudiant très bien établi, concocté comme d’habitude par le spécialiste n°1 en France, son rédacteur en chef Philippe Mandry, de l’autre « Le Figaro » et une Christine Lagoutte (@clagoutte) qui a repris cette année en main un palmarès qui était jusqu’ici réalisé à l’extérieur.
S’il est difficile de comparer exactement ces deux palmarès – « Le Figaro » publie un vrai classement général quand, histoire sans doute de rendre le plus de monde possible heureux, « l’Etudiant » en a deux (« excellence académique » d’un côté, « reconnaissance par les entreprises de l’autre » – il faut reconnaître que c’est du côté du « Figaro » qu’apparaissent les vrais bouleversements avec, notamment, une Essec dépassée par l’ESCP-Europe et l’EM Lyon (HEC restant bien entendu première). Un bouleversement qu’on ne retrouverait pas chez l’Etudiant où, en additionnant le total des points des deux catégories, l’Essec reste bien deuxième.
« Le Figaro » contesté
Depuis la publication de son palmarès, « Le Figaro » reçoit beaucoup de critiques, notamment sur la « dégradation » de l’Essec. Le site PrépaHEC critique ainsi un classement où « l’ESSEC aurait le niveau de prestige d’Euromed ou de l’ESC Toulouse ». De plus, la note sur l’insertion de l’ESSEC est presque la plus faible du classement (seule l’ESC Chambéry fait moins bien !). Enfin, notent les auteurs de l’article en reprenant les chiffres de désistement croisés (disponibles sur http://bloom6.free.fr/), « sur 207 étudiants admis à l’ESSEC et à l’ESCP, 176 ont choisi l’ESSEC et 31 ont choisi l’ESCP » et aucun étudiant admis à HEC ou à l’ESSEC ne s’est désisté pour aller à l’EM Lyon.
Sur mon blog du Monde, un internaute sagace appelé Sirius remarque encore : « Par quelle extraordinaire arithmétique peut-on affirmer que l’Ipag (notée 2) ou l’ISG (2,5) font mieux en recherche qu’HEC (1,5), qui elle-même serait quatre fois moins performante que l’EM Lyon (6) ? Par quelle magie l’ESC Troyes a-t-elle une note « corps professoral » égale à HEC et l’EM Lyon (4) et supérieure à toutes les autres écoles, hormis l’ESSEC (4,5). Comment peut-on affirmer que l’EBS a un réseau international supérieur (6,5) à celui de toutes les autres écoles, à part ESCP Europe ? » Oui comment ?
Un palmarès « reconstitué » de l’Etudiant
En appliquant la même méthode que pour l’Essec, voici ce que pourrait être un palmarès « global » de « l’Etudiant ».
Histoire de dégager quand même une hiérarchie, le « mapping des écoles » de l’Etudiant présente lui trois grands groupes : « l’élite » (HEC loin devant l’Essec, ESCP Europe, EM Lyon et Edhec), les « incontournables » (Audencia, ESC Grenoble, Euromed et l’Ieseg, seule « postbac » à pouvoir se mêler à la bataille pour le « top 10 ») et les « valeurs sûres » (ICN, Novancia, ISG, etc.). De son côté, « Le Figaro » publie deux classements : un global (toutes les écoles délivrant le grade de master) et un sur les seules écoles postbac.
Un palmarès comparatif de « l’Etudiant » et du « Figaro »
Si, pour la plupart des écoles, « l’Etudiant » et « Le Figaro » sont assez proches on note quand même quelques différences notables : on a parlé de l’Essec mais il y a aussi l’Ieseg (neuf places de moins pour « Le Figaro » que pour « l’Etudiant » dans notre palmarès reconstitué, l’Inseec (neuf places, cette fois de plus, pour « Le Figaro » que pour « l’Etudiant ») ou encore l’EM Strasbourg (six places de différence), l’ESC Dijon (sept), etc.
En allant encore plus loin, il est possible de constituer un palmarès reprenant les deux palmarès qui donnerait, par exemple, une HEC seule première devant l’Essec, l’ESCP et l’EM Lyon ex aequo à la deuxième place. Un petit exercice de synthèse que nous essayerons de poursuivre à la parution des prochains palmarès.
PS : Manquent à l’appel cette année, dans les deux classements, les écoles membres de la future France Business School (les ESC Amiens, Brest, Clermont-Ferrand et l’Escem Tour-Poitiers) qui ont préféré ne pas répondre aux questionnaires.