La deuxième campagne de Parcoursup vient de s’achever et on parle déjà de la troisième qui verra l’ensemble des formations visées faire leur entrée sur la plateforme mais aussi la création d’un module « ParcourPlus » qui prendra spécifiquement en charge les réorientations. Le bilan et les perspectives de ce Béhémoth de l’orientation qu’est Parcoursup avec les commentaires de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal.
- Les évolutions de Parcoursup vont être traitées dans le cadre du Club Adetem des décideurs marketing, communication et digital de l’enseignement supérieur le 9 octobre à 8 h 30 dans les salons de l’Hôtel des Arts et Métiers 9 bis, avenue d’Iéna à Paris.
Les chiffres 2019. Parmi les 2 711 500 étudiants qui font leur rentrée cette année 700 000 sont de nouveaux inscrits. La plateforme Parcoursup a traité en tout par moins de 898 000 candidatures. 5 millions de SMS ont envoyés aux lycéens et à leurs familles et 110 000 jeunes directement contactés au téléphone pour faire le point sur leur situation. La surprise est venu des 110 000 candidats en reprises d’études qui se sont agrégés aux bacheliers : un chiffre que personne n’attendait à ce niveau.
Dans le détail c’est dès le 19 juillet, date de fin de la procédure principale, 89% des bacheliers avaient avaient reçu une proposition d’admission contre 83% à la même période en 2018. Mi septembre 1 175 restent encore sans proposition, ce qui correspond à 0,1% du total des inscrits.
Alors que 88% des bacheliers technologiques ont reçu une proposition d’admission, ce chiffre tombe à 78% pour les bacheliers professionnels (mais 90% pour ceux qui ont reçu un avis favorable de leur conseil de classe pour poursuivre leurs études). « Tous les bacheliers professionnels ne sont pas prêts, au sortir du baccalauréat, à s’engager dans des études supérieures », note Frédérique Vidal qui a imaginé, avec Jean-Michel Blanquer, les « classes passerelles ».
Que deviennent les « Oui si » ? S’il est encore trop pour disposer de chiffres permettant de jauger les effets des dispositifs d’accompagnement des nouveaux étudiants « les signaux que perçoivent les équipes pédagogiques dans les sont positifs et encourageants » selon Frédérique Vidal. En filière STAPS le taux de réussite au premier semestre aurait ainsi marqué une progression de 11,7 points. La présence aux examens s’améliorerait également nettement parmi les étudiants qui ont bénéficié d’un parcours personnalisé.
La mobilité géographique en hausse. près de 12% de lycéens supplémentaires rejoindront à la rentrée des formations extérieures à leur académie d’origine. 16% de lycéens boursiers ont accepté une proposition de formation hors de leur académie de résidence cette année. Enfin 9 000 jeunes ont bénéficié cette année de l’aide à la mobilité Parcoursup de 500€ pour les boursiers du secondaire qui souhaitent poursuivre leurs études en-dehors de leur académie.
Un mouvement encore plus visible en Ile-de-France où l’ensemble des formations des académies de Créteil et de Versailles ont été régionalisées. Résultat : le nombre de candidats venus de l’académie de Créteil et ayant accepté une proposition à Paris a augmenté de 11,6%. Cette hausse est de 19,2% pour les candidats résidant dans l’académie de Versailles. Le nombre de candidats parisiens ayant accepté une proposition à Créteil et à Versailles augmente lui aussi sensiblement : +26,7% pour Créteil et + 35,7% pour Versailles. Un mouvement qui n’en pose pas moins beaucoup de questions : quand les meilleurs étudiants quittent leur université de rattachement naturelle pour une université parisienne cela s’apparente à une fuite des cerveaux. Et quid de la réussite d’étudiants qui vont être contraints de faire de longs trajets chaque jour ?
La mobilité sociale en hausse. Le nombre de boursiers du secondaire qui rejoignent l’enseignement supérieur est en hausse de 5 % (la hausse atteint 8,5% dans les CPGE). « Ce mouvement d’ouverture, nous devons l’amplifier et j’aurai l’occasion d’y revenir, au tout début du mois d’octobre, avec les directeurs de grandes écoles que j’ai missionnés pour y travailler », insiste la ministre.
La création de « ParcourPlus ». La demande nouvelle de réorientations de 110 000 candidats a montré que leur profil et leurs attentes étaient parfois très éloignés de Parcoursup et de ses critères. A leur attention, Parcoursup se dotera en 2020 d’un module « ParcourPlus » qui leur permettra d’accéder à une offre spécifique d’information, d’accompagnement et de formation. « Les portes de ParcourPlus sont grandes ouvertes à toutes les formations conçues spécialement pour les candidats en reprise d’études », reprend Frédérique Vidal.
L’enseignement supérieur privé sous surveillance. « Nous voyons émerger, ici et là, des formations dont les intitulés sont peu lisibles et entretiennent parfois la confusion dans l’esprit des étudiants et de leurs familles. C’est d’autant moins acceptable que cette qualité parfois discutable peut se payer extrêmement cher », dénonce Frédérique Vidal qui a souhaité que dans chaque académie, les étudiants et leurs familles « puissent partager leurs interrogations lorsque, au retour d’un salon étudiant ou après avoir parcouru un document publicitaires’ils ont un doute sur la nature du diplôme délivré par telle ou telle formation ». Une adresse unique de signalement est ainsi en place dans chaque rectorat : sur cette base, les équipes académiques mèneront des investigations qui pourront déboucher sur des signalements au Parquet ou sur la saisine des autorités compétentes.
Parcoursup s’étend. 600 formations reconnues par l’Etat feront leur entrée sur PSP en 2020 : les instituts d’études politiques – Sciences Po se contentant sans doute de se présenter en bénéficiant d’une dérogation -, l’université Paris Dauphine, les formations au management visées, les formations aux métiers d’art, mais aussi les instituts de formation aux professions paramédicales (orthophonistes, ergothérapeutes, etc.). Une nouvelle signalétique permettra d’ailleurs d’identifier « d’un seul coup d’œil » les formations disposant d’une forme de reconnaissance délivrée par l’Etat. Reste maintenant à réfléchir à comment adapter Parcoursup à la furure réforme du bac. Mais là on parle de 2021.