Sa mise au point va être à n’en pas douter le grand défi de l’année, tant pr le ministère de l’Education que pour celui de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Mais que de questions encore en suspens….
Tous les programmes postbac vont-ils devoir aller sur Parcoursup ?
« L’ensemble des établissements d’enseignement supérieur doivent participer à la plateforme Parcoursup] d’ici un délai de trois ans au maximum » selon un amendement adopté le 5 décembre par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale qui précise que « L’inscription dans une formation du premier cycle de l’enseignement supérieur dispensée par un établissement privé sous contrat d’association ou un établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général ou dans toute formation conduisant à la délivrance d’un diplôme national de l’enseignement supérieur ou d’un titre ou diplôme de l’enseignement supérieur délivré au nom de l’État conformément à l’article L. 335-6 est précédée de la procédure nationale de préinscription mentionnée au deuxième alinéa du I de l’article L. 612-3. L’établissement définit, dans le respect du cadrage national arrêté par le ministre chargé de l’enseignement supérieur, les caractéristiques de chaque formation, qui sont portées à la connaissance des candidats au cours de cette procédure. »
Même si la « date butoir » de 2020 est proposée pour permettre aux établissements d’adapter leur calendrier des examens et des candidatures cela va être un sacré casse-tête pour certains établissements. Les écoles de management postbac proposent ainsi aujourd’hui environ 9000 places hors d’un APB jugé trop contraignant. Les dirigeants du concours d’entrée en bachelor Atout+3 avait même préféré quitter APB en 2016. « Le système APB ne permet pas d’avoir assez de contacts avec les candidats avant la date finale du 14 juillet », expliquait alors son délégué général, Didier Wehrli. Sont également toujours en dehors d’APB, malgré de nombreuses promesses d’y entrer, les instituts d’études politiques (IEP) – dont bien sûr Sciences Po – ou des écoles sociales et paramédicales dont la rentrée est souvent décalée à janvier. Sans parler d’écoles d’art ou de communication plus ou moins liées à l’Etat.
Mais peut-on vraiment contraindre tous les établissements visés par l’amendement à entrer dans Parcoursup ? Le Conseil d’Etat l’acceptera-t-il alors que la mesure, largement discutée en amont, n’avait pas été prévue dans le projet de loi qu’il a examiné avant la discussion parlementaire ? C’est en tout cas un proche du gouvernement, le rapporteur du projet de loi Gabriel Attal qui a déposé l’amendement…
Que faut-il attendre des « attendus » ?
« Assortiment de compétences scientifiques, d’expression écrite, sportives et touchant à l’investissement associatif en STAPS ; aptitude à l’expression orale et écrite, à l’analyse de texte, à la logique, ou encore intérêt pour les questions historiques, sociétales et politiques en licence de droit ; bon niveau d’expression en langue française, dans une langue étrangère, dans une discipline scientifique, intérêt pour les sciences du vivant et la démarche scientifique, motivation et autonomie, en psychologie… » selon un document compilant l’ensemble des desiderata des conférences de doyens des différents domaines disciplinaires, que Le Monde s’est procuré et qui a été transmis au MESRI, les déclinaisons de prérequis envisagées sont de nature très diverses. Frédérique Vidal va devoir maintenant se décider très bien vite pour le cadrage national par mention de licence qu’elle s’est engagée à communiquer aux lycéens avant les vacances de Noël.
Le cadrage national sera rendu public dans les jours qui viennent et sera intégré dans la plateforme Parcoursup. A partir du 11 décembre, les universités et autres établissements dispensant une formation d’enseignement supérieur pourront le décliner pour exprimer au mieux les exigences et les spécificités de leurs formations. Consulter la Charte pour une mise en œuvre partagée des attendus des formations au service de la réussite des étudiants.
- QUAND LE FONDATEUR D’APB JUGE LE FUTUR PARCOURSUP. Dans un entretien au Monde, le créateur d’admission-postbac, Bernard Koehret, s’exprime sur les polémiques nées en 2017 et sur sa vision de l’avenir. Son diagnostic: «La procédure a fonctionné normalement cette année. Mais lorsqu’on a 808 000 candidats inscrits en début de procédure sur APB, pour 654 000 places proposées dans l’ensemble des formations, je ne vois pas comment on a pu penser une seconde que la demande pouvait être satisfaite». Sur la fin d’APB: «J’ai appris cette suppression par la presse. Mais je pensais que la fin d’APB signifiait la fin du tirage au sort, c’est-à-dire la résolution du vrai problème, et l’ouverture du débat sur une nouvelle forme de sélection à l’entrée de l’université. Je n’avais pas imaginé qu’on puisse se passer d’un algorithme qui a fait ses preuves. Car la suppression de la hiérarchisation des vœux sur laquelle il repose signifie bien la fin de l’algorithme. Cette décision est dangereuse et incompréhensible. Personne ne l’avait demandée. Sauf à vouloir changer pour changer, je ne me l’explique pas».