Parcoursup : une orientation sous l’influence des pairs

by Olivier Rollot

A l’aube de l’ouverture de Parcoursup 2026, la Fesic publie une étude sur les choix d’orientation des étudiants. Alors que l’étude 2024 avait souligné que l’orientation post-bac générait un « besoin prégnant de réassurance face à une offre pléthorique et pas toujours qualitative » chez les familles et les jeunes la consultation 2025, plus centrée sur les seuls étudiants des écoles de la Fesic, montre que huit étudiants de la FESIC sur dix (80%) étaient « au clair » sur leur projet d’études et d’avenir au moment de choisir leur école. Des choix largement influencés par l’opinion des étudiants actuels et alumni. Une influence que l’Institut des politiques publique met également en exergue dans son étude Comment les choix des anciens élèves du lycée influencent-ils ceux des générations suivantes ?

Une vision claire des projets d’études. Contrairement à l’idée de choix par défaut, 80 % des étudiants des écoles FESIC déclarent avoir une vision claire de leur projet d’études. Le sérieux du diplôme et les perspectives d’insertion arrivent largement en tête des critères de sélection. La reconnaissance du diplôme apparaît ainsi comme un critère deux fois plus cité par les étudiants de la FESIC (62%) que par les étudiants au niveau national (36%), signe d’une « attente encore plus marquée de garantie académique et institutionnelle au sein du réseau ».

Les valeurs de l’école jouent aussi un rôle structurant, mentionnées par 40 % des étudiants du réseau contre 22 % au niveau national. L’engagement sociétal, dimension importante du modèle EESPIG, est également plébiscité par 84 % d’entre eux.

La recherche d’un environnement qui ne réduit pas l’étudiant à un client émerge nettement. Une quasi-unanimité des étudiants et parents FESIC souligne l’importance d’un accompagnement individuel et d’un suivi attentif. La forte attente d’un cadre éducatif humain et personnalisé constitue un marqueur du modèle associatif.

Les résultats témoignent également d’une confiance affirmée dans la valeur académique des écoles FESIC : 96 % des étudiants et 98 % des parents jugent leur diplôme « sérieux et reconnu ». L’équilibre entre théorie et pratique fait consensus et la dimension professionnalisante ressort très fortement, avec 97 % des étudiants ayant déjà effectué un stage ou une alternance. Cette immersion conduit 91 % d’entre eux à se sentir bien préparés au monde professionnel.

Au-delà des compétences, les étudiants attendent un cadre propice à l’épanouissement. Une large majorité estime que leur école les aide à se construire, un point également confirmé par les parents. La satisfaction globale est élevée, tout comme l’attachement au modèle.

Si la qualification EESPIG est mieux identifiée qu’en 2024, elle reste encore partiellement méconnue. Près d’un étudiant sur cinq pense que les frais de scolarité peuvent rémunérer des actionnaires, signe qu’un effort pédagogique reste nécessaire pour éclairer le fonctionnement non lucratif du modèle. Par ailleurs, la présence sur Parcoursup, souvent perçue comme un repère essentiel, n’est citée que par une minorité comme critère décisif, ce qui confirme un besoin de clarification du paysage de l’enseignement supérieur.

C’est la meilleure des promotions : si c’était à refaire, 84% des étudiants referaient le choix de rejoindre leur école et le modèle est largement plébiscité : 95% des parents recommanderaient le modèle FESIC/EESPIG à d’autres parents.

De l’influence des trajectoires des anciens. L’étude de l’Institut des politiques publiques révèle que les trajectoires des anciens « jouent un rôle déterminant dans les candidatures et admissions des élèves, contribuant même aux inégalités sociales d’accès aux formations les plus sélectives ». Lorsqu’un ancien est admis à une formation, la probabilité qu’un élève du même lycée candidate l’année suivante passe de 35 à 40 %. La probabilité d’être finalement admis progresse, elle, de 7 à 9 %. Ces effets persistent jusqu’à deux ans après l’admission initiale, créant une dynamique cumulative au sein des établissements.

Les chercheurs montrent que cet effet n’apparaît que lorsque les élèves de deux cohortes consécutives partagent le même professeur principal. Ce rôle de relais « souligne l’importance de ces enseignants qui, informés des admissions antérieures, orientent leurs recommandations en conséquence ». Les forums d’anciens et les échanges au sein du lycée renforcent également cette transmission de l’information.

Les données révèlent des dynamiques d’homophilie : les élèves sont davantage influencés par des anciens qui leur ressemblent. Les filles réagissent surtout aux admissions d’anciennes élèves, tandis que l’effet est plus limité lorsque l’admis était un garçon. Sur le plan social, les élèves très favorisés s’inspirent prioritairement d’anciens très favorisés, et les élèves défavorisés de pairs du même milieu. L’influence varie aussi selon les établissements : elle est particulièrement forte dans les lycées de petite taille, où les interactions entre cohortes sont plus directes. Les élèves des lycées moins performants réagissent davantage à des admissions dans des filières très sélectives, tandis que dans les lycées les plus performants, l’effet se déplace vers des formations moins sélectives.

Selon l’étude l’admission d’un ancien élève à une formation ne stimule pas seulement l’intérêt pour cette filière précise, mais aussi pour des formations similaires. Les effets cumulés de ces influences contribuent à expliquer les écarts d’aspiration entre élèves issus de milieux favorisés ou défavorisés. Parmi les 10 % d’élèves les plus performants au baccalauréat, seuls 47 % des élèves défavorisés candidatent ainsi à l’une des 10 % de formations les plus sélectives, contre 74 % des élèves très favorisés.

L’un des facteurs est la moindre exposition aux parcours ambitieux : 95 % des élèves très favorisés comptent au moins un ancien admis dans une filière très sélective, contre seulement 75 % des élèves défavorisés. Une simulation réalisée par les auteurs indique que si tous les élèves bénéficiaient du même niveau d’exposition, l’écart d’aspiration diminuerait d’environ 10 %. Dis-moi d’où tu viens, je te dirai où tu t’orienteras…

Des étudiants de l’Iéseg (Photo : Barbara_GROSSMANN)
  • L’étude de la FESIC a été menée avec OpinionWay en octobre 2025 auprès de 13 000 personnes(étudiants Fesic, leurs parents et un échantillon national).
  • L’étude de l’Institut des politiques publiques est fondée sur plus de 376 000 observations issues des données Admission Post-Bac grâce aux données exhaustives d’APB entre 2012 et 2017, portant sur plus de 12 000 formations.

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