Les cycles pluridisciplinaires d’études supérieures connaissent un essor spectaculaire cette année avec plus de 20 proposés sur Parcoursup. Précurseur de la formule avec le lycée Henri IV, PSL lance à la rentrée 2023 un deuxième CPES en « Sciences des données, arts et cultures » . Cette fois-ci avec l’autre grand lycée de la Montagne Saint-Geneviève à Paris : Louis-Le-Grand. « Nous élargissons l’offre en choisissant une approche plus interdisciplinaire et transversale », commente le proviseur du lycée Louis-Le-Grand, Joël Bianco. « Le CPES PSL a atteint au fil des années la force et le succès qu’on lui connaît. La question se posait d’étendre la formule et de poursuivre notre démarche d’innovation pédagogique » exprime Coralie Chevallier, la vice-présidente formation de PSL qui a entamé alors deux années de discussion avec le Louis-Le-Grand qui viennent donc d’aboutir. « Le lycée Louis-le-Grand était déjà partie prenante au début du premier CPES, mais il s’est progressivement désengagé », rappelle Joël Bianco.
Un lycée et une université main dans la main. Comme tous les CPES, ce nouveau parcours est fondé sur l’hybridation des enseignements entre un lycée délivrant des classe préparatoires – et donc habitué à délivre des enseignements postbac – et des établissements d’enseignement supérieur. En l’occurrence des membres de PSL tels qu’ENS-PSL, Dauphine-PSL, Mines Paris-PSL, etc.
Comme dans les autres CPES la première année démarre dans le lycée membre puis continue dans les établissements d’enseignement supérieur :
- la première année s’effectue au sein de Louis-le-Grand où les étudiants suivent des enseignements fondamentaux en Sciences quantitatives & Humanités, à parts égales, dispensés par des professeurs de l’ensemble des institutions à égalité ;
- les 2ème et 3ème année se déroulent sur les campus de PSL, avec les enseignants de PSL, avec le choix d’une double majeure : « Sciences des données et Sciences de la culture » ou « Sciences des données et Économie et sciences sociales »
Comme les CPGE les CPES comprennent un important volume horaire mais pas de khôlles.
Recherche profils plutôt matheux.« Nous recherchons des élèves forts en maths, intéressés par les sciences des données, mais qui restent passionnés par les lettres et les sciences humaines », précise Joël Bianco. Traduisez : spécialité mathématiques obligatoire au bac mais ensuite toutes les combinaisons sont possibles. « Nos études et nos échanges avec le monde de l’industrie, culturelle et créative, par exemple, nous ont montré l’ampleur des débouchés, aujourd’hui mal pourvus pour ces étudiants », commente Coralie Chevallier. Pour sa première année ce sont 40 à 45 étudiants qui seront recrutés quand ils sont aujourd’hui un peu moins de 170 par an à Henri IV qui compte trois CPES.
Décloisonner les savoirs. Alliant à parts égales des enseignements en sciences quantitatives et sciences humaines, le CPES PSL Louis-le-Grand vise à « décloisonner les savoirs pour former des scientifiques des données qui sauront décrire, comprendre et analyser les productions culturelles dans toute leur diversité ». Les phénomènes culturels seront abordés sous toutes leurs formes et à toutes les époques, des légendes traditionnelles chinoises aux comics américains, des tragédies grecques aux jeux vidéo japonais.
Ouverture sociale. C’est au cœur du projet des CPES : ils doivent recevoir au moins 40% de boursiers de l’enseignement supérieur. « Aujourd’hui nous recevons 22% des boursiers dans nos classes préparatoires. Nous voulons réussir le pari d’une ouverture sociale encore plus grande en CPES », signifie Joël Bianco. Pour ce faire les élèves des Cordées de la réussite de PSL seront par exemple contactés. Tous les étudiants boursiers seront logés à proximité du lycée. Pas dans l’internat du lycée qui restera réservé aux élèves de CPGE.
Que faire après un CPES ? Délivrant le grade de licence, les CPES ne mènent pas à un concours mais à des masters universitaires ou à des admissions sur titre dans des Grande écoles, en France mais aussi à l’international.
CPES et CPGE : deux systèmes différents. C’est essentiel pour Joël Bianco : « Ce CPES ne vient pas concurrencer les classes préparatoires, il se veut complémentaire. Des professeurs de CPGE du lycée ont d’ailleurs participé au montage du projet». Grand défenseur des CPGE, il préside l’APLCPGE (association des proviseurs de lycée à CPGE), Joël Bianco regrette d’ailleurs que « les classes préparatoires soient autant dénigrées alors que c’est un système vertueux dans lequel les élèves sont solidaires et les professeurs engagés à fond à leurs côtés ».
DES CPES DE TOUS LES STYLES
Il existe aujourd’hui 82 parcours de CPES sur Parcoursup avec une large diversité de profils. L’objectif du MESR était d’en créer un par académie et c’est presque fait. « Les piliers communs à tous les CPES sont l’enseignement par la recherche, l’hybridation, la diversité, ensuite il existe une grande liberté pour les enseignants. C’était indispensable pour que les universités et les établissements d’enseignement supérieur travaillent main dans la main », souligne Coralie Chevallier.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) précise ainsi les contours des CPES (cycles pluridisciplinaires d’études supérieures) dans une circulaire qui détermine notamment que :
- les cycles pluridisciplinaires sont un parcours de formation en trois ans répartissant les enseignements entre un lycée, généralement doté de classes préparatoires dont les professeurs sont impliqués dans la formation créée, et une université ou une école ; la charge d’enseignement est principalement assumée par le lycée en première année puis par l’université en troisième année ;
- la formation doit couvrir un large spectre de matières enseignées justifiant l’intitulé de cycle pluridisciplinaire. Elles se situent dans le prolongement des enseignements du lycée mais peuvent aussi ouvrir à des enseignements universitaires nouveaux, comme le droit, la psychologie, la santé, etc. ;
- l’exigence d’une formation ambitieuse et d’excellence doit conduire à un temps d’enseignement dans une fourchette minimale de 1 700 à 2 000 heures sur les trois années ;
- la construction des parcours de formation doit permettre l’accès à des formations de niveau master très sélectives et de forte notoriété ;
- l’objectif de 40 % de d’étudiants boursiers doit être atteint.