Objectif atteint ! Skema se classe cette année à la huitième place du « classement » Sigem. Nouveaux locaux à Paris, nouveau campus en Afrique du Sud, de nouveaux défis se profilent pour une école qui n’en finit pas de progresser. Son vice-dean, Patrice Houdayer, analyse les ressorts du « modèle Skema ».
Olivier Rollot : C’est une très belle année pour Skema. Vous doublez Neoma BS pour vous classer 8ème du « classement Sigem » des choix des élèves de classes préparatoires…
Patrice Houdayer : C’était un objectif qui faisait partie de notre plan stratégique et que nous espérions bien atteindre cette année. A quelques mois du 10ème anniversaire de la création de Skema, ce résultat récompense bien sûr le travail réalisé. Mais il démontre également la pertinence de la stratégie développée, tout en mettant en relief la progression de l’école… qui est la seule à avoir réalisé un parcours de ce type au sein du top 10 des écoles françaises ! Songez qu’en cinq ans nous avons gagné trois places, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Cette année, nous avons aussi pu constater que 200 de nos admis ont ensuite intégré l’une de quatre premières écoles du classement.
O. R : Skema est l’école qui reçoit le plus de candidats aux oraux. Pourquoi cette stratégie alors que Skema est l’école qui affecte finalement le plus petit pourcentage de candidats classés ?
P. H : Nous voulons faire venir un maximum de candidats sur nos campus. Au final, presque 40% des élèves des classes préparatoires viennent percevoir la réalité de la stratégie de Skema. C’est l’occasion pour eux de découvrir l’école et d’échanger avec nos étudiants – qui leur racontent leur expérience -, mais aussi – pour certains – de progresser dans le classement. On a vu des étudiants gagner 2400 places aux oraux !
O. R : Qu’est-ce qui a permis cette progression ?
P. H : Il est certain que cela ne se fait pas en un an. Cette année est, par exemple, la première où les étudiants de première année peuvent aller aux Etats-Unis ou au Brésil dès le mois de janvier. En passant leurs oraux, les candidats voient le quotidien de nos étudiants et comment ils peuvent suivre des cours en immersion avec des étudiants brésiliens sur le campus de Belo Horizonte. Cela rend tangible le modèle Skema. Ceux qui sont passés par notre école il y a dix ou quinze ans constatent aussi effectivement à quel point celle-ci a progressé car leur diplôme est encore davantage valorisé… ce qui confirme complètement les classements de la presse.
O. R : Cette progression passe-t-elle aussi par le recrutement de nouveaux professeurs ?
P. H : Effectivement. Ils ont été vingt de plus cette année, soit une hausse de 15% de nos effectifs en la matière, après déjà un recrutement de douze nouveaux enseignants en 2018. De plus, ceux-ci, issus des plus grandes universités – comme Yale -, sont recrutés sur tous nos campus. Et lorsque l’on recrute un professeur qui a obtenu la tenure en Amérique du Nord (c’est à dire qu’il a été titularisé par son université), il faut, pour l’intégrer, non seulement l’environnement légal adapté mais aussi un centre de recherche à la hauteur.
Ainsi, en 2019, sous la direction du professeur Thierry Warin, nous avons lancé un laboratoire spécialisé dans l’intelligence augmentée et son application au business. Au total, 10 des professeurs de Skema travaillent dorénavant sur ce sujet… sur lequel nous sommes très en avance, et que nous allons décliner dans tous les programmes. Aujourd’hui, l’IA devient essentielle dans les activités de l’audit comme dans pour celles de la finance, et nos diplômés doivent en maîtriser les enjeux s’ils veulent demain pouvoir travailler avec les data scientists. C’est donc un domaine que nous ne voulons pas laisser aux seules écoles d’ingénieurs.
O. R : On connaît bien vos campus à l’étranger moins vos doubles diplômes avec d’autres établissements. Skema va en proposer de nouveaux ?
P. H : Et même des triples diplômes. Par exemple avec Berkeley où les meilleurs de nos étudiants du PGE vont pouvoir passer toute une année sans frais supplémentaires. C’est aussi le cas de notre double diplôme Global Luxury and Management qui permet d’obtenir le Master of Management de la NC State University et notre propre MSc. Ceux qui font partie des meilleurs étudiants paient les mêmes frais de scolarité quel que soit leur parcours. Ils doivent seulement prouver leur motivation sans qu’intervienne aucun critère financier… alors qu’une seule année scolaire à NC State University coûte 45 000$.
O. R : L’année 2020 va être marquée par votre installation dans de nouveaux locaux à Paris mais aussi par une nouvelle implantation en Afrique du Sud. Qu’attendez-vous de ces nouveaux campus ?
P. H : Nous serons alors propriétaires de 30 000 m2 de locaux à Paris, locaux qui s’ajouteront aux 20 000 m2 que nous possédons déjà à Sophia-Antipolis comme à Lille. Cela nous permettra, par exemple, de concevoir des programmes à forte valeur ajoutée tel qu’un diplôme en partenariat avec un MBA d’une grande université américaine à Paris.
Nous y ouvrirons aussi 200 résidences étudiantes qui seront en priorité destinées aux étudiants internationaux, lesquels pourront ainsi plus facilement changer de campus tous les semestres.
A Cape Town, nous louons des locaux sur le campus de l’université Stellenbosch, tout en étant totalement autonomes. Là-bas, comme en Chine ou encore aux Etats-Unis où notre collaboration date de dix ans, nous développons une approche spécifique par laquelle y sera dispensée la 3ème année de notre BBA, la deuxième année de notre programme Grande école ou encore le MSc International Business… le tout avec des professeurs locaux ou qui maîtrisent bien le contexte local, de Stellenbosch, d’autres institutions ou même de Skema.
O. R : Ces approches locales sont également au cœur de votre stratégie ?
P. H : Partout, nous enseignons la finance, mais avec des différences. Si nous enseignons la Fintech à Suzhou, et bientôt à Paris, c’est parce que 50% de la Fintech mondiale se trouve en Chine et que Paris devient une plateforme de référence. Nous tenons également à être reconnus comme un acteur local, de la même manière qu’au Brésil où notre Bachelor en trois ans est reconnu par l’Etat… et où ce devrait également être le cas de nos masters en 2020.
O. R : Quel pourcentage d’étudiants internationaux recevez-vous ?
P. H : Ils représentent aujourd’hui 40% des effectifs. Les candidats perçoivent bien que nous avons de plus en plus d’étudiants internationaux sur chaque campus. Et ces étudiants ne sont pas seulement issus de Skema mais également d’échanges avec nos partenaires académiques, ce qui renforce le nombre de nos étudiants internationaux. C’est de cette façon que nous mettons en œuvre une école globale.
O. R : Qu’est-ce qui est le plus difficile quand on entend « développer une école globale » ?
P. H : Le plus difficile est de délivrer la même valeur partout. La mise en œuvre opérationnelle est la vraie problématique quand il s’agit de délivrer partout dans le monde le même niveau d’excellence, avec le même niveau académique chez les professeurs comme chez les étudiants. Pour y parvenir, il faut être global, mais aussi innovant et digital.
O. R : Un modèle qui reste toujours associatif ?
P. H : De plus en plus. Nous devons renforcer notre modèle « non for profit » car notre indépendance passe par là. Tout autre modèle serait en contradiction avec ce que nous développons depuis 10 ans. Ouvrir un nouveau campus, c’est au moins cinq années d’investissement, alors qu’un investisseur ne voit bien souvent pas plus loin que ces mêmes cinq ans. Aujourd’hui, nous possédons plus de 150 millions d’euros d’actifs… tout en étant une association à but non lucratif. C’est bien la preuve que ce statut permet de se développer.