En 2017 Emmanuel Macron entérine la création de deux entités à Paris-Saclay. Deux ans plus tard naitl’Institut polytechnique de Paris. Cinq ans plus tard, le président par intérim depuis septembre 2023 de IP Paris, Thierry Coulhon rappelle que « IP Paris se caractérise par l’excellence académique mais aussi, ce qui est vraiment spécifique, par sa porosité avec les milieux économiques ».
La première phase de construction menée par Éric Labaye terminée, avec sa double fonction de présidence d’IP Paris et de directeur général de l’Ecole polytechnique, la scission des deux fonctions marque une nouvelle étape. « Ma mission en tant que président exécutif est d’animer le collectif des cinq écoles sans projet de fusion mais en s’appuyant sur leur forces. Ensemble nous allons construire un ensemble efficace qui pourra aller plus loin que chaque école », commente le nouveau président, qui prend l’exemple du recrutement de professeurs dans les sujets émergents comme l’IA ou d’étudiants internationaux mais aussi des question de recherche : « Un département de mécanique va bientôt être livré et recevra aussi bien les chercheurs de l’Ensta que de l’Ecole polytechnique ». Membre de France Universités, l’IP Paris a entrepris des discussions pour intégrer l’association d’université de recherche Udice.
Quand les Ponts Paris vont-ils intégrer l’IP Paris ? L’intégration des Ponts Paris dans l’IP Paris ne semble plus qu’une question de temps. « J’ai mandat de travailler à une intégration. Beaucoup de groupes de travail s’y sont déjà attelés depuis que le projet a été lancé en 2022. Il reste des questions à résoudre comme les liens avec l’université Gustave-Eiffel », commente Thierry Coulhon qui établit : « Il n’y aura pas de troisième tutelle ministérielle sur l’IP Paris mais une participation du ministère de la Transition écologique au conseil d’administration ».
Une nouvelle organisation à mettre en œuvre. La lettre de mission reçue par Thierry Coulhon de ses tutelles précise que chaque école verra nommé un président non exécutif qui sera nommé une fois le décret précisant toute l’organisation. La présidence exécutive des deux structures sera occupée par le même président qu’est Thierry Coulhon : « Il n’y a pas de dyarchie. Il y a une holding dont je suis chargé, comme c’est le modèle dominant dans les universités dans le monde, et des directions d’écoles ».
Les relations avec les entreprises. Si l’IP Paris est plus proche des entreprises que la plupart des universités le double échec de la venue de TotalEnergies et LVMH sur le campus de l’Ecole polytechnique a été le grand échec de la présidence d’Éric Labaye. « Je n’ai pas le même parcours de lui, je suis d’abord un académique qui sait tout l’apport qu’ont les entreprises partenaires pour l’IP Paris, grands groupes et start up. Les questions de TotalEnergies et LVMH étaient liées à des implantations sur les campus et nous travaillons toujours avec elles en recherche », répond Thierry Coulhon.
Cap sur l’IA. Déjà dotée de plusieurs équipes de recherche, partenaire d’HEC dans les data, IP Paris attend aujourd’hui la réponse à sa candidature à l’appel à manifestation d’intérêt IA-Cluster qui est doté de 1,5 milliards d’euros pour « diffuser plus largement l’IA dans l’économie et la société, notamment par la formation de davantage de talents pour développer et utiliser ces technologies intelligentes ».
Quelles relations avec Paris-Saclay ? La rupture entre les deux entités laisse-t-elle de traces ? « Paris-Saclay est un voisin puissant comme l’est Harvard du MIT (Massachusetts Institute of Technology), cela ne les empêche de prospérer et parfois de travailler ensemble. Cela nous sert même d’être ensemble sur le même plateau ! », répond le président, qui rappelle que les deux institutions travaillent ainsi ensemble sur les question de mathématiques comme de mathématiques quantiques.
Quelles relations avec l’IMT ? IP Paris comprend deux écoles de l’Institut Mines Télécom (IMT), Télécom Paris et TélécomSud Paris. Une double tutelle source de conflits potentiels et en tout cas de lourdeurs administratives. « Nous avons des missions différentes, le tout est de nous aligner pour ne pas mettre les écoles dans une situation de déloyauté en définissant bien le compétences. Le développement international c’est plus la mission d’IP Paris, les relations entreprises plus celle de l’IMT. Va-t-on vers une situation comme celle des Mines Paris, qui est sortie de l’IMT, ce n’est pas ma préoccupation. L’important c’est l’apport de ces deux écoles ».
Quel avenir pour les premiers cycles ? Aujourd’hui l’X et les écoles de l’IP Paris recrutent essentiellement dans quelques grands lycées parisiens. Comment faire évoluer ce recrutement ? « Nous devons y travailler car ce n’était pas le cas il y a trente ans », explique Thierry Coulhon, qui considère qu’il « faut aussi avoir une réflexion sur une politique de premier cycle. CPES, bachelor de l’Ecole polytechnique, bachelor HEC avec Bocconi, il faut réfléchir à tout ce qui peut augmenter la diversité de nos recrutements ». Un président qui« regrette également le faible pourcentage de filles dans les classes préparatoires scientifiques » et ne « s’oppose pas à qu’il y ait des quotas de filles ».