POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITES

France Universités : « Faites confiance aux universités ! »

Guillaume Gellé entouré de ses deux vice-présidents, Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux, et Virginie Dupont, présidente de l’université Bretagne Sud

« Il faut que notre pays tout entier fasse confiance à ses universités ! Il faut arrêter de nous considérer comme une dépense alors que nous sommes un investissement rentable », s’exclame le président de France Universités, Guillaume Gellé, en amorce de sa première conférence de presse de 2024, qui stigmatise « l’idée reçue selon laquelle on garderait ouvertes des formations sans étudiants ». Et d’insister : « Qui porte les projets Compétences et métiers d’avenir (CMA), ce sont principalement des universités totalement engagées dans France 2030 ? » Et qui est proche d’étudiants qui préfèrent commencer des études proches de chez eux : « Des IUT qui maillent tout le territoire ! »

Le niveau de la recherche est plus que jamais une préoccupation majeure pour les universités alors que la France ne se classe plus que 10ème en termes de publications scientifiques. « Diplômer seulement 13 000 doctorants par an pourrait être insuffisant pour remplacer les enseignants-chercheurs et chercheurs qui vont massivement partir à la retraite dans les années à venir », regrette Guillaume Gellé.

Loi immigration : le « mal est fait ! » Alors que 40% des doctorants sont étrangers, le président regrette que la loi immigration, même retoquée ait « affaiblie les universités notamment dans leurs relations avec l’Afrique » : « D’un côté on veut recevoir 500 000 étudiants internationaux, de l’autre on considère les étudiants comme des étrangers à contrôler ! Il faut rétablir une situation de confiance ».

La réforme de la formation des enseignants voulue par Gabriel Attal pourrait passer par une double voie d’accès : licence disciplinaire d’un côté, licences avec accès au concours post licence comprenant des enseignements de professorat sur le modèle des LAS ? « Nous sommes en tout cas clairement opposés à ce que ces formations sortent du périmètre des universités Nous attendons les arbitrages et nous serons de toute façon capables d’applique la réforme en adaptant nos formations », répond Guillaume Gellé.

Monmaster année 1 : bilan positif. Si le bilan de la première année de Monmaster est jugé positif par les universités, Virginie Dupont, la présidente de l’université Bretagne Sud et vice-présidente de France Universités, regrette que certains étudiants n’aient finalement pas reçu de proposition en 2023 après « avoir seulement postulé dans des masters très sélectifs ». La phase complémentaire qui débute cette année devrait permettre de régler ce problème (lire ci-dessous) ? « Nos masters sont sélectifs et ont grâce à cela la même insertion professionnelle que celle des formations équivalentes dans les Grandes écoles, voire meilleure », signifie Guillaume Gellé.

Conflit Hamas-Israël : la France « exemplaire » « Il y a eu une tolérance des présidents d’université qui dénoncent tout acte de racisme », assure Dean Lewis alors que le nombre d’actes antisémites a été très réduit dans les universités après les massacres du 7 octobre si on excepte à Toulouse. Pour autant certains enseignants stigmatisent une forme de censure sur la publication de leurs recherche sur les questions liées au conflit.

Quatre grands axes. Agences de programme confiées aux organismes de recherche, universités chef de file des questions de R&D dans le cadre d’une « autonomie 2.0 », appui de chercheurs à la réflexion du président de la République avec un comité ad hoc, simplification, Emmanuel Macron a fixé quatre grands axes de développement en novembre dernier. « Nous discutons avec les organismes de recherche qui ont lancé la préfiguration des agences de programme et nommé des responsables Nous attendons maintenant l’appel à projet sur la recherche dans les sciences humaines et sociales », spécifie le président.

Sim-pli-fi-ca-tion ! « L’autonomie acte 2 passe par la simplification des procédures qui devrait par exemple passer par la possibilité de nous emprunter à nous même avec nos fonds de roulement », demande Dean Lewis. Dix-sept universités travaillent aujourd’hui avec les organismes de recherche pour expérimenter une simplification du fonctionnement avec les organismes de recherche.

Privé vs public ? Non ! Alors que les discussions avancent sur la création d’un nouveau label pour les établissements privés Guillaume Gellé s’insurge : « Il serait dramatique que le soutien à l’enseignement supérieur privé fasse fermer une formation publique Aujourd’hui plus de 100 000 organismes utilisent les fonds de France Compétences pour dispenser des formation Nous demandons à France Compétences une pleine transparence sur ces formations Mais il ne s’agit pas d’un combat public / privé, seulement de garantir la qualité ! »

Un préfet dénonce les « terroristes » de Rennes 2: France Universités réagit. C’est peu dire que l’université Rennes 2 n’a pas apprécié les propos du préfet d’Ille-et-Vilaine, Philippe Gustin, qui a dénoncé la présence de « terroristes » dans l’université rennaise. Tout a commencé jeudi 25 janvier. Une manifestation non-autorisée contre la loi immigration dégénère en plein centre-ville de Rennes avec des feux de poubelles et des magasins pillés. Le maire de Rennes dénonce alors l’inaction de la police et le préfet s’en prend aux étudiants dans ces termes : « Ces terroristes ont pris leurs quartiers dans une université qui s’appelle Rennes-2. On savait exactement ce qui était en train de se préparer. On avait prévenu, en particulier le président de l’université, qui n’a pas jugé bon d’agir ». La réponse ne se fait pas attendre : dans une tribune publiée sur le site de Ouest-France ce mardi 30 janvier, le président de Rennes 2, Vincent Gouëset, se défend de toute complaisance vis à vis des casseurs. Le lendemain France Universités lui. apporte son soutien dans ces termes : « Ces débordements sont inacceptables, personne n’en disconvient à France Universités. Ils ne sauraient légitimer qu’un haut fonctionnaire de la République, par des propos excessifs, jette l’anathème sur une université, son président, ses personnels et ses étudiants ».

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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