L’ICN vient d’être accréditée par l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business). Une consécration pour une école maintenant triple accréditée. Le regard de sa directrice générale, Florence Legros, et de sa responsable des accréditations, Sarah Vaughan, sur ce long processus et, plus largement, sur une actualité qui s’appelle toujours Covid-19.
Olivier Rollot : ICN était déjà accréditée par l’EFMD (Equis) et l’Amba. Qu’est-ce que cela représente pour vous d’obtenir l’accréditation de l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) ?
Florence Legros : Etre accréditée par l’AACSB est un accomplissement après un long travail pour l’ICN. Avec ces trois accréditations nous sommes vraiment passés en première classe. Nous allons ainsi avoir accès aux meilleurs partenariats internationaux. C’est un vrai nouveau départ ! A nous maintenant de nous maintenir à ce niveau.
O. R : Vous parlez d’un long travail. Combien d’années le processus a-t-il duré ?
F. L : Les démarches ont commencé en 2012 mais il y a eu ensuite quelques péripéties dans la vie de l’école, un relâchement des efforts à un moment et de mauvaises habitudes reprises pendant un intérim à la direction. Enfin la démarche a été mise en mode pause le temps de mettre en place un nouveau positionnement de notre Alliance Artem. Nous avons fait beaucoup de ménage depuis trois ou quatre ans mais il reste encore un peu de poussière dans les coins. Maintenant les bonnes habitudes que nous avons prises pour obtenir et conserver nos accréditations vont perdurer.
Sarah Vaughan : Nous avons su renforcer nos singularités. Le label AACSB est le produit de cette mutation en profondeur. Cette accréditation c’est un nouveau voyage qui commence !
O. R : L’actualité c’est bien sûr la pandémie du Covid-19 et son impact sur l’enseignement supérieur. D’autant plus pour ICN qui se situe en zone rouge. Comment allez-vous gérer la rentrée de vos étudiants et déjà de vos personnels ?
F. L : Toutes les rentrées se feront le 1er septembre. Si on n’a pas tordu le coup au Covid d’ici là nous nous demandons si nous ferons une rentrée en présentiel sur la base du volontariat ; Ensuite nous proposerons aux étudiants français de suivre les cours dans des groupes réduits. Avec une partie de e-learning. Nous n’aurons en effet pas assez de place pour recevoir tous les étudiants avec une distanciation suffisante. Sans parler du temps qu’il faudra pour faire entrer des étudiants dans les salles au goutte à goutte en cours. Ce n’est pas comme pour un concours où on peut leur demander de venir deux heures avant. Les étudiants étrangers pourront quant à eux commencer leur année en e-learning avant d’intégrer progressivement nos locaux. Enfin notre E-MBA démarrera entièrement en ligne.
Le 11 mai seulement 14 personnes ont rejoint l’école alors qu’une dizaine sont en chômage partiel depuis un mois et quarante autres en congé maladie pour garder leurs enfants. Avec une compensation de salaire à 100%. Tous les autres vont rester en télétravail jusqu’aux vacances d’été.
O. R : La bonne nouvelle c’est effectivement que la mise en place des cours à distance s’est très bien déroulée depuis le début du confinement…
F. L : Les professeurs ont très bien travaillé. En six jours nous avons par exemple scénarisé 89 cours et mis en place une plateforme d’échanges entre les étudiants et les professeurs sur Zoom. Le seul souci c’est que certains parents n’ont pas compris pourquoi nous ne maintenions pas les cours en direct. Nous leur avons expliqué qu’il y avait des étudiants malades et que nous voulions mettre des supports de cours en ligne pour que chacun puisse travailler à son rythme. Sinon les examens ont eu lieu sans problème avec essentiellement des dossiers et des devoirs à rendre.
S. V : Il y a un immense avantage à donner la liberté de temps et d’espace. Cela permet mieux d’atteindre ses objectifs. Et même pour des travaux de groupe d’une semaine comme celui que nos étudiants ont réalisé pour la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail, la Carsat. Des compétences que vont demander de plus en plus les entreprises.
F. L : La crise a été un accélérateur forcé de cette digitalisation. Je crois que si nos étudiants ont si bien réagi c’est aussi parce que nous leur enseignons une certaine souplesse au sein d’Artem. Nos étudiants sont habitués à sortir de leur silo.
O. R : Les concours post prépas sont quelque peu bousculés dans leur organisation. Vous êtes satisfait de cette organisation ?
F. L : Il m’a très rapidement apparu tout juste impossible d’organiser des oraux en temps comme en organisation. On ne pouvait pas faire venir des étudiants de toute la France sereinement. Maintenant serait souhaitable que les lycées soient ouverts pour qu’on puisse y faire passer les épreuves. S’ils sont fermés, notamment dans les zones compliquées, cela sera plus difficile à organiser.
O. R : Parmi les zones de vigilance que doivent gérer les écoles la question de l’accueil des étudiants internationaux interpelle. Dans quelle proportion pensez-vous que ces étudiants pourront rejoindre vos campus à la rentrée 2020 ?
F. L : Le ministère des Affaires étrangères comme celui de l’Intérieur doivent prendre position vis à vis de la venue des étudiants internationaux. Sans compter que si les CROUS restent fermés il sera bien difficile de les loger. Pendant ce temps d’autres pays, par exemple la Suède, vont ouvrir plus vite leurs portes. Or on sait qu’une fois une destination adoptée il est plus facile de faire revenir des étudiants les années suivantes.
S. V : La destination France a déjà souffert avec les gilets jaunes. Il va maintenant falloir reprendre toute une dynamique.