Former 60 000 ingénieurs et techniciens de plus chaque année : l’Institut Montaigne trace une voie

by Olivier Rollot

Sous le titre Métiers de l’ingénieur : démultiplier nos ambitions, l’Institut Montaigne publie un rapport qui estime que « pour soutenir ses ambitions, l’économie française devra recruter près de 100 000 ingénieurs et techniciens nets par an d’ici 2035 ». Atteindre cet objectif impliquerait selon lui « en plus de 40 000 reconversions professionnelles, la formation de quelque 60 000 diplômés supplémentaires chaque année». Il émet pour cela neuf recommandations afin de diplômer en plus chaque année plus de 27 900 ingénieurs et bac +5, ainsi qu’autant techniciens jusqu’en 2035. Cela représente plus de 184 000 places supplémentaires à créer dans les formations scientifiques et techniques de l’enseignement supérieur. Et donc un coût afférent. Une augmentation de 4 000 € des frais de scolarité des élèves ingénieurs répondrait à 50% des besoins de financement (en permettant de dégager théoriquement 440 M€). Reste à trouver d’autres financements qui passeraient également par une hausse de la productivité.

Orienter vers les sciences. Après avoir insisté pour « réhabiliter la culture scientifique dès l’enseignement primaire », l’Institut propose de « responsabiliser davantage les lycées dans l’orientation des élèves, si nécessaire en fixant des objectifs chiffrés cohérents avec les besoins de l’économie ». Il s’agirait également d’« élargir le vivier dans lequel peuvent puiser les écoles d’ingénieurs en ciblant les étudiants en réorientation ou dans les secteurs de la santé et des sciences de la vie et, de façon subsidiaire, en CPGE économiques ». Selon l’Institut l’insuffisance des viviers de recrutement actuels « imposera aux écoles de faire preuve d’une plus grande adaptabilité dans leurs procédures de recrutement ».

Des écoles d’ingénieurs et des universités plus ouvertes. Dans le même esprit d’extension du vivier l’Institut propose que les écoles se fixent l’objectif d’accueillir au moins 40 % de jeunes femmes et de doubler le nombre d’étudiants étrangers dans les écoles d’ingénieurs – en « s’inspirant notamment des stratégies mises en place par les écoles de commerce ».

Il s’agirait également d’ « octroyer un droit à l’expérimentation aux écoles d’ingénieurs déjà accréditées par la CTI pour créer de nouvelles formations, afin d’améliorer la réactivité de l’offre de formation d’ingénieurs aux besoins de l’économie dans un contexte de mutations technologiques rapides »

A l’université l’Institut propose de « renforcer le niveau de professionnalisation des formations universitaires pour l’aligner sur celui des écoles d’ingénieurs, notamment grâce à une augmentation des périodes de stages et une plus grande association des entreprises à la gouvernance des cursus ». Mais aussi de « porter à 25 % la part des formations universitaires en sciences et sciences de l’ingénieur par une réallocation des ressources depuis d’autres filières pour lesquelles l’économie exprime moins de besoins ». Beaux débats en perspective…

En formation continue l’Institut propose de « réajuster le référentiel de la CTI afin de faciliter l’accès au titre d’ingénieur diplômé en cours de carrière, pour encourager les diplômés non-ingénieurs à entrer sur le marché du travail au niveau bac +2 ou bac +3 ».

L’Institut émet enfin l’idée de renommer les bachelors universitaires de technologie scientifiques qui deviendraient des « Bachelors en sciences de l’ingénierie » (BESI), afin de « rapprocher la sémantique des diplômes d’ingénieurs et rendre plus attractives les formations scientifiques et techniques de niveau bac +2 et bac +3 ». L’appellation « technicien en ingénierie » pourrait « participer de cette revalorisation »/

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