Pionnière des écoles de commerce internationales, l’European Business School (EBS) Paris fêtera ses 50 ans en 2017. Sa directrice générale, Delphine Manceau, nous détaille son nouveau plan stratégique.
Olivier Rollot : C’est sans doute la grande nouveauté du programme Grande Ecole de l’EBS. Vos étudiants vont pouvoir passer leur deuxième année sur l’un des campus du groupe Inseec, à laquelle l’EBS est adossée depuis cet été.
Delphine Manceau : L’ADN de l’EBS est profondément international et j’ai voulu encore renforcer cette dimension. Notre nouvelle gouvernance le permet avec ses campus internationaux. Nos étudiants pourront donc suivre leur cursus à Londres, Genève (dont l’orientation digitale est très forte) et San Francisco pour se positionner sur l’entrepreneuriat, le digital et l’innovation. Mais ils continueront également à profiter de tous les accords d’échanges que nous avons avec des universités partout dans le monde : les séjours d’études sur les campus s’ajoutent aux accords d’échanges, ils ne les remplacent pas.
O. R : En tout, combien de temps peuvent passer vos étudiants à l’étranger ?
D. M : La moitié de leur scolarité : 2 ans et demi sur 5 ! Dont un stage international de six mois, des séjours d’études d’une année sur nos campus, des accords d’échanges, et des séminaires thématiques (finance à Londres, innovation à San Francisco, luxe à Genève et Londres…). C’est tout l’avantage d’un cursus en 5 ans qui permet de vivre une multitude d’expériences complémentaires à l’international. Chaque année intègrera une partie internationale. Depuis sa création il y a 50 ans, l’European Business School a cette identité résolument internationale. Il fallait aujourd’hui la renforcer alors que toutes les écoles de management se disent internationales même si cela se résume parfois à un semestre à l’étranger. Nous allons plus loin avec une diversité d’expériences et jusqu’à 5 pays de séjour.
O. R : Faut-il verser des suppléments à la scolarité pour partir dans certains pays ?
D. M : 450€ pour l’année d’étude sur nos campus internationaux. Nous aiderons les étudiants à se loger à moindres coûts et à trouver des jobs sur place pour financer leurs études.
O. R : Votre deuxième axe, c’est l’innovation.
D. M : Nous avons appelé cet axe « EDIC » pour « Entrepreneuriat, Digital, Innovation, Créativité ». 17% des étudiants EBS créent leur entreprise à la sortie de l’Ecole, c’est à dire deux fois plus que la moyenne des écoles de management membres de la Conférence des grandes écoles. Parmi nos anciens, nous avons des créateurs d’entreprise qui ont connu un vif succès comme Jacques-Antoine Granjon, le fondateur de vente-privée. En tout, un tiers de nos étudiants choisissent une spécialisation dans le digital ou l’entrepreneuriat. Nous voulons renforcer cette double composante de notre identité en dispensant plus de cours sur l’entrepreneuriat et le digital dès la 1ère année.
O. R : Est-il possible de suivre une partie du cursus en alternance ?
D. M : Oui, la 4ème et la 5ème années. Nous proposons trois spécialisations en alternance : Affaires Internationales, Digital et Finance. Nous souhaitons passer de 13% à 35% des étudiants dans les deux ans. Le rythme intègre une semaine de cours puis 3 semaines en entreprise. Comme le veut la réglementation, les étudiants sont rémunérés entre 51 et 100% du SMIC selon le type de contrat (apprentissage ou professionnalisation) et exonérés de frais de scolarité.
O. R : Vos pédagogies vont-elles également évoluer ?
D. M : Nous travaillons sur deux axes : les spécificités de la génération des « Millenials » et l’émergence de nouveaux métiers. La génération d’étudiants que nous accueillons aujourd’hui est née au tournant du millénaire, elle a grandi avec Facebook (créé en 2004) mais aussi avec l’environnement géopolitique issu du 11 septembre 2001. Ils sont digitaux, multitâches, zappeurs, rapides, ont le sens de l’action et de leur individualité. L’accès à l’information n’est pas un sujet pour eux, mais il faut leur apprendre à la trier et à la hiérarchiser. Ils aiment agir, monter des projets, créer. C’est pourquoi nous avons une pédagogie orientée vers l’action : les faire imaginer et développer de nombreux projets, puis conceptualiser avec eux l’expérience vécue.
Quant aux métiers de demain, ils seront digitaux bien-sûr mais aussi transversaux, collectifs, créatifs, en changement permanent. Il est essentiel que nos étudiants prennent l’habitude d’éviter les silos et de coopérer avec des personnes ayant des profils différents. Nous allons développer les enseignements transversaux et multidisplinaires.
O. R : Pour affirmer leur créativité, vos étudiants travaillent-ils avec des élèves ingénieurs ou designers sur des projets concrets ?
D. M : Nous avons établi un partenariat étroit avec une école d’ingénieurs, l’ECE {également membre du groupe Inseec} pour organiser des séminaires communs réguliers dès la première année du cursus et un projet « fil rouge » d’innovation tout au long de la 4ème année. Nous avons également un incubateur commun. Et nous sommes adhérents du réseau Pépite pour permettre à nos étudiants d’avoir accès au statut « étudiant entrepreneur ».
O. R : Avec l’ECE vous avez également un projet beaucoup plus en amont sur les choix d’orientation des élèves.
D. M : Oui, nous lançons ensemble au printemps des workshops d’une semaine appelés « Just make it » et destinés aux lycéens de seconde et de première. Il s’agit de les aider à réfléchir aux types d’études supérieures qui pourraient leur plaire en rendant ces sujets concrets. Pendant les vacances d’été, ils créeront dans notre FabLab un objet connecté et son plan de lancement, combinant la dimension ingénierie, digitale et business. Des spécialistes de l’orientation seront à leurs côtés pour les aider à analyser ce qui leur a plu dans le projet et à se projeter dans les études supérieures. A la fin de la semaine, les lycéens repartiront avec l’objet connecté qu’ils auront construit et une réflexion sur leur orientation.
O. R : Comment favorisez-vous le passage des études à l’emploi des étudiants EBS ?
D. M : Nous mettons beaucoup l’accent sur l’accompagnement pour les aider à construire et réaliser leur projet professionnel. Cette démarche s’appuie sur un coaching individualisé sur les 5 ans et sur des outils digitaux qui permettent aux étudiants d’analyser leur portefeuille de compétences au fur et à mesure du cursus et des nombreux stages qui émaillent le parcours EBS. Les résultats sont là avec d’excellents niveaux d’insertion professionnelle.
O. R : Dans les écoles de management le « nerf de la guerre », ce sont des professeurs qui doivent à la fois être de bons enseignants et des chercheurs capables de publier leurs travaux dans de bonnes revues de recherche. Ce n’est pas trop difficile pour vous d’en recruter qui doivent en plus avoir un profil international ?
D. M : Nous en avons recruté 3 nouveaux cette année sans difficulté puisque nous avons reçu 124 candidatures de docteurs avec d’excellents profils. Nous avons finalement recruté une professeure française expérimentée ainsi qu’une Nigériane et un Sud-Coréen. L’EBS compte aujourd’hui 52% de professeurs internationaux.
O. R : Obtenir des accréditations internationales est de plus en plus indispensable. Où en êtes-vous ?
D. M : L’EBS est éligible à l’accréditation AACSB : nous sommes dans la phase 2 du processus. Nous nous lançons en 2017 dans l’accréditation EPAS pour avoir une accréditation européenne