« La première chose que nous disons à nos tuteurs comme aux entreprises c’est d’éviter de passer par des procédures trop contraignantes. Sinon à quoi cela leur servirait de faire confiance à nos étudiants ? Les entreprises savent innover et ce qu’elles doivent chercher chez nous c’est une autre forme d’innovation. » Vice-président exécutif du groupe Ionis plus spécialement en charge des écoles scientifiques (Esme Sudria, Epita, Epitech, etc.) Fabrice Bardèche est fier de pouvoir présenter le premier « Hub d’innovation » dans son école du Kremlin Bicêtre. Un laboratoire dont l’idée revient au directeur général de l’Epitech, Emmanuel Carli, et qui sera destiné à faire un « pont » entre l’initiative et l’innovation étudiantes d’un côté et les entreprises de l’autre. Dans le même esprit, un étage réservé au groupe Bouygues pour mettre en contact les responsables innovation du groupe et les étudiants de l’Epitech.
Et le premier résultat a de quoi convaincre les dirigeants de Bouygues de la pertinence de leur investissement : une application sur Google Glass qui permet aux responsables de chantier de vérifier si les personnes présentes sur les chantiers y sont bien autorisées. « Sur un chantier fermé on peut toujours filtrer les entrées mais comment fait-on sur un chantier sur des centaines de kilomètres comme par exemple une nouvelle ligne TGV ? Avec notre application il suffit de scanner un code barre sur le casque puis de vérifier avec sa photo si la personne est bien autorisée », expliquent les étudiants de l’Epitech à la base de cette première innovation et qui n’attendent maintenant que la mise à disposition plus large des Google Glass pour la mettre en œuvre sur les chantiers de Bouygues.
« Ton meilleur ami c’est Google »
« Ce hub d’innovation c’est une nouvelle approche des relations entreprises qui met en contact étudiants et entreprises dans le cadre de projets sur le lieu d’études », explique encore Fabrice Bardèche, heureux d’avoir une nouvelle fois innové avec des écoles Epitech qui ont largement popularisé le travail en mode projet et sont maintenant présentes un peu partout en France. « La priorité est maintenant au développement international et nous allons créer notre première Epitech en Chine avec la Beijing Jiaotong University. D’abord des promotions de trente étudiants puis une montée en puissance. »
Sans doute un vrai choc pour des étudiants chinois habitués à écouter un peu béatement un professeur tout puissant et qui vont, soudainement, se retrouver livrés à eux-mêmes. « Lorsqu’ils entrent dans l’école, nous leurs disons « Ton meilleur ami c’est Google ». Toute la pédagogie de l’Epitech c’est de ne pas donner des solutions toutes faites mais de laisser l’étudiant tâtonner, expérimenter, comprendre les connaissances dont il a besoin pour résoudre les problèmes que nous lui posons et se les approprier. Une maïeutique très proche de celle de Socrate », conclut un Fabrice Bardèche qui n’oublie jamais qu’il est philosophe de formation. Comme quoi les sciences humaines peuvent beaucoup apporter aux sciences « dures »…
Olivier Rollot (@O_Rollot)