Ces 20 personnalités sont celles qui ont compté le plus en 2015 dans un enseignement supérieur marqué par plusieurs départs emblématiques dont, au premier rang, celui de Bernard Ramanantsoa de la direction générale d’HEC après près de 20 ans à sa tête. Le secrétariat à l’Enseignement supérieur, la Cdefi, la CGE, le HCERES, l’UGEI ou encore la direction enseignement, recherche et formation de la CCI Paris Ile-de-France ont également été le théâtre de passages de témoin. Sans oublier bien sur le secrétariat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Voici ceux qui ont été à la une en 2015 et le seront sans doute encore en 2016.
1. Thierry Mandon (@mandonthierry), 57 ans, nommé en juin secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et de la Recherche, porte en lui beaucoup de promesses. Celui qui fut rapporteur de son budget en 2012 mais surtout créateur, en 1998, et président jusqu’en 2014 du groupement d’intérêt public Genopole, « biocluster » dédié à la recherche en génomique, génétique et aux biotechnologies, connaît et apprécie le secteur qu’on lui a confié. Les 100 millions d’euros qu’il a lui apporté cette année ont été ressentis comme un signal très positif (d’autant qu’il a parlé de « hors d’œuvre » en les invoquant !) mais pourra-t-il répondre aux attentes d’une communauté universitaire qui se sent peu écoutée ?
2. Anne-Lucie Wack, 50 ans, élue présidente de la Conférence des Grandes écoles, en juin, est la première femme à en prendre la tête. Directrice de Montpellier SupAgro depuis 2013 elle est au fait de tous les enjeux de l’enseignement supérieur pour avoir été membre du comité de pilotage national des Assises de l’enseignement supérieur en 2012, puis de la Stratégie nationale de l’enseignement supérieur (StraNES). Elle entend se faire l’apôtre d’un enseignement supérieur reposant sur « ses deux pieds », grandes écoles et universités, sans opposition stérile. Mais de quelle marge de manœuvre dispose-t-elle vraiment ?
3. Sophie Béjean, présidente de la Stratégie nationale de l’enseignement supérieur (StraNES), a remis avec Bertrand Monthubert un rapport final dont la proposition de diplômer 60% d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur a particulièrement été mise en avant. Le comité StraNES a été mandaté pour suivre la mise en œuvre de la stratégie, en « lien avec les acteurs et organisations représentatives ». Maintenant élu de la région restera-t-il également en poste au ministère ?
4. Bertrand Monthubert, 45 ans, a été nommé conseiller de Thierry Mandon pour la mise en application de la StraNES dont il était le rapporteur. Après avoir présidé l’université Toulouse 3 de 2012 à novembre 2015, il a aussi retrouvé la politique en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon, où il a été en deuxième position sur la liste PS de Carole Delga.
5. Jean-Loup Salzmann, 60 ans, président de la Conférence des présidents d’université depuis 2012, a connu une année chahutée après sa réélection fin 2014. Dans son université, Paris 13, il bien du mal à gérer un IUT bousculé par les querelles internes. Au sein de la CPU il tente de trouver un équilibre toujours difficile entre les tenants d’une ligne dure – représentés par Anne Fraïsse – et ceux qui préconisent la cogestion avec le ministère. Alors que son mandat à la tête de la CPU s’achève fin 2016 et qu’il ne pourra être réélu cette année à la tête de son université on n’en finit pas d’ergoter sur son futur poste pour 2016 car personne ne l’imagine vraiment prendre sa retraite…
6. Simone Bonnafous, directrice de la DGESIP (direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle) du MENESR, est de tous les débats qui agitent l’enseignement supérieur depuis sa nomination en 2012. Alors qu’on annonce très régulièrement son départ elle n’en reste pas moins celle qui, au ministère, maîtrise le mieux tous les dossiers.
7. François Cansell, 57 ans, a été élu président de la Cdefi en février 2015 et y a succédé à Christian Lerminiaux. Directeur général de Bordeaux INP depuis 2009, déjà vice-président de la Cdefi depuis 2013, cet ingénieur chimiste avait tout pour faire l’unanimité lors des élections du 13 février : un regard œcuménique sur les disciplines avec les huit écoles d’ingénieurs de l’INP, le soutien des autres INP, celui sans doute du MESR et enfin une personnalité ouverte. Depuis il a parfois donné l’impression d’osciller entre opposition ouverte au gouvernement et rapprochement opportun. La ligne rouge pour lui : une nouvelle ponction dans les fonds de roulement des écoles d’ingénieurs.
8. Gilles Bloch, 54 ans, a pris la présidence de l’Université Paris-Saclay en juin 2015 bardé d’un CV à la hauteur des ambitions de son institution. Diplômé de l’École polytechnique, il fut en effet le premier directeur de la nouvelle Agence nationale de la recherche en 2005 puis, en 2006, directeur général de la recherche et de l’innovation au sein du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et, depuis 2009, directeur de la Direction des sciences du vivant du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. Charge à lui de remettre sur les rails un projet de plus en plus chahuté entre les ambitions des grandes écoles et ceux des universités membres.
9. François Germinet (@UCP_Germinet), 43 ans, président de l’université de Cergy-Pontoise (UCP), président du comité numérique de la CPU, est sans nul doute le président d’université qui a le plus marqué l’année. Après l’organisation sans faille d’un passionnant colloque de la CPU consacré aux enjeux de l’ère numérique, il a en effet remis un rapport très attendu sur Le développement de la formation continue dans le supérieur dont il pourrait suivre la réalisation pour le compte du MENESR. On ne sait pas encore s’il va se représenter à la présidence de son université cette année.
10. Peter Todd a succédé à Bernard Ramanantsoa à la tête d’HEC. Démissionnaire en avril 2014 du poste de doyen la faculté de management Desautels de l’université McGill de Montréal, qu’il avait profondément fait évoluer, Peter Todd va notamment devoir y implémenter le tout nouveau statut d’établissement d’enseignement supérieur consulaire (EESC)
11. Jean-Marc Rapp (@Fats51) le président du jury des Idex-Isite, est la personnalité la plus scrutée de l’enseignement supérieur après une présélection de projets qui va déboucher en janvier 2016 sur une sélection finale. Professeur de droit à l’université de Lausanne, dont il a été le recteur de 1999 à 2006, président de la Conférence des Recteurs des Universités Suisses de 2002 à 2006, il a présidé l’Association européenne des universités de 2009 à 2011 avant de rejoindre le jury des Idex.
12. Michel Cosnard (@MichelCosnard) a été nommé président du HCERES (Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) en novembre 2015. Il y succède à Didier Houssin qui présidait l’Aeres, puis l’HCERES, depuis 2011. Ingénieur de l’Ensimag de Grenoble (1975), titulaire d’un Master of sciences en mathématiques appliquées de l’Université Cornell, docteur d’État ès sciences mathématiques de l’Université de Grenoble (1983), Michel Cosnard a notant présidé aux destinées de l’Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria) de 2006 à 2014. Mais que va-t-il maintenant pouvoir faire d’une institution qui semble parfois surtout tenter de se faire oublier ?
13. Yves Portelli (@yportelli ) a été nommé directeur général adjoint enseignement, recherche et formation de la CCI Paris Ile-de-France en novembre 2015. Il succède à Xavier Cornu à ce poste stratégique pour tout l’enseignement supérieur privé à but non lucratif. Directeur d’une des écoles de la chambre, Gobelins, l’école de l’image, depuis janvier 2014, Yves Portelli est un fin connaisseur des arcanes d’une maison qui l’emploi depuis 1992 et où il a notamment été responsable marketing de la formation continue puis des masters spécialisés d’ESCP Europe, adjoint au directeur de l’enseignement, directeur délégué de Novancia et directeur des relations internationales avant de prendre la direction de Gobelins.
14. Laurent Mahieu, 55 ans, président de la Commission des titres d’ingénieur (CTI) depuis juin 2014, est en première ligne dans leurs besoins de transformation et fusions tout en regardant de pour près la montée en puissance des bachelors. Diplômé de l’École centrale de Lille en 1980, il entre ensuite à la RATP et est élu CFDT depuis 1994 puis délégué syndical central de 1997 à 2003. Il choisit alors de se consacrer totalement au syndicalisme et intègre la CFDT Cadres dont il est secrétaire général adjoint de 2009 à 2013. Il entre à la CTI en 2010 et en était auparavant vice-président.
15. Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer), 51 ans, le directeur général de l’Essec, a été la personnalité de l’enseignement supérieur le plus interrogée après les attentats du 13 novembre. En sa qualité d’ancien directeur général de l’enseignement scolaire au Ministère de l’Éducation nationale il continue à porter un regard sur tout l’enseignement supérieur. Du côté de l’Essec, l’implantation à Singapour se profile sous les meilleurs auspices alors que l’école est redevenue excédentaire.
16. Jean-Michel Nicolle, 64 ans, a été élu président de l’Union des grandes écoles indépendantes (UGEI) en mai 2015. Directeur général de l’EPF depuis 2008, il succède à Nesim Fintz, directeur général de l’EISTI, qui occupait ce poste depuis 2011. A charge pour lui aujourd’hui de trouver un équilibre en son sein entre les écoles à but non lucratif (sous statut d’EESPIG) et les autres.
17. Jean-Philippe Ammeux, 60 ans, peut être fier de son action : la création du statut d’EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) doit beaucoup à son entregent. Pour encore mieux défendre les intérêts de ceux qui l’obtiennent, il a décidé cette année d’ouvrir la fédération qu’il préside, la Fesic, à tous les établissements d’enseignement supérieur sous statut EESPIG. Autre motif de satisfaction pour celui qui préside aux destinées de l’Iéseg depuis 2014 : il construit un bâtiment tout neuf aux portes de La Défense pour y réunir la plus grande partie de ses activités parisiennes en 2017.
18. Bruno Sire, 64 ans, président de l’Université Toulouse 1 Capitole et, à ce titre, tutelle de la Toulouse School of Economics, provoque souvent le débat. Depuis novembre c’est son projet de master à 6000€ pour les étudiants étrangers qui l’oppose à une partie de ses étudiants. Pas de quoi ébranler ce président en fin de mandat, docteur ès sciences de gestion de l’université Bordeaux 4, professeur à Toulouse 1 depuis 1991. Sa succession lors des élections de mai prochain risque en tout cas de donner lieu à une belle passe d’armes entre ses partisans et les représentants étudiants.
19. Hervé Christofol (@hervechristofol) a été élu secrétaire général du Snesup en avril 2015 pour un mandat de deux ans. Maître de conférences en génie mécanique et responsable de la filière Ingénierie de l’innovation de l’école d’ingénieurs ISTIA au sein de l’université d’Angers, il succède au duo formé par Marc Neveu et Claudine Kahane à la tête du principal syndicat des enseignants du supérieur. Quel poids aura-t-il face au gouvernement ?
20. Florent Verdier (@verdieravocat) est en passe d’acquérir une véritable notoriété comme « avocat des recalés du master ». Devant les tribunaux son argumentaire est simple – « La loi LMD [de 2006 qui réorganisait les études universitaires a fait du master un cycle indivisible. Il ne peut pas être interrompu au milieu » – et efficace devant des juges surpris pour le moins du flou juridique qui entoure le sujet