L’étude Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat, menée par les équipes du think tank spécialisé dans la transition énergétique The Shift Project, avait montré en 2019 combien peu établissements d’enseignement supérieur étaient engagés dans une démarche d’enseignement de la transition énergétique (seulement 11 % des 34 établissements auscultés abordaient les enjeux climat-énergie de manière obligatoire). The Shift Project va plus loin aujourd’hui en travaillant directement avec des institutions d’enseignement supérieur. Pour former plus largement aux enjeux socio-écologiques actuel, le Groupe Insa et le Shift Project ont ainsi publié le rapport intermédiaire d’un étude sur comment Former l’ingénieur du XXIème siècle.
Un projet collectif. « Le projet est porté par le Groupe INSA et toutes ses écoles. Les étudiants sont particulièrement impliqués parce qu’ils constatent le décalage entre ce qu’on leur enseigne et leurs demandes », définit le coordonnateur du projet au sein du Groupe INSA, Claude Maranges. Si les professeurs sont également très impliqués ils s’interrogent sur leur légitimité à enseigner. « Nous avons un gros travail à faire pour les outiller et mettre en place de nouvelles formations », reprend Claude Maranges alors que le responsable du projet au sein du Shift Project, Damien Amichaud, insiste sur la « nécessité pour les enseignants de construire collectivement un nouveau savoir » tout en ne se « mettant pas dans la posture du sachant traditionnel ».
Des ateliers de réflexion. Pour cristalliser les attentes et convaincre l’ensemble des personnels, des ateliers ont donc été organisés pendant un an. « Toutes les disciplines sont concernées : comment parler de ces sujets pendant un cours de mathématiques ? », interroge Damien Amichaud. Les questions qui se posent lors de ces ateliers sont multiples. « Comment intégrer ses compétences dans nos enseignements sans en enlever d’autres ? Comment donner à nos étudiants tous les outils pour prendre les bonnes décisions ? Alors que la science ne peut pas tout résoudre ? », liste Claude Maranges.
Les nombreux cours – au moins 20% – délivrés par les Insa sous forme de projets permettent de développer ces dimensions. Les étudiants ont passé par exemple un semestre à bâtir un projet d’éolienne. Des bilans carbones sont réalisés en travaux pratiques, etc.
Des entreprises demandeuses. Les Insa travaillent avec tous types d’entreprises, pas forcément d’accord avec la démarche mais qui se désolent toutes de ne plus parvenir à trouver des talents, faute d’être en adéquation avec les diplômés sur les questions écologiques et sociétales. « Nous entendons qu’elles ne parviennent parfois à recruter qu’en baissant leur niveau d’exigence. Or beaucoup aimeraient avancer dans le sens des transitions mais manquent de compétences pour cela », assure Claude Maranges. Le manque d’ingénieurs capables de réaliser des bilans carbone est patent mais il faudra encore trois à cinq ans pour les diplômer.
- Le rapport définitif sera publié en mars 2022 et des cours seront transformés dès la rentrée suivante.