ECOLES DE MANAGEMENT

« Notre nouveau campus sera un flagship pour le développement des technologies numériques »

C’est sur un bilan flatteur que Jean-Guy Bernard va passer le flambeau de la direction de l’EM Normandie le 1er septembre 2019. Des effectifs en forte hausse, de nouvelles implantations dans le monde entier, une présence qui se renforce à Paris, il revient avec nous sur les années passées et trace les perspectives d’avenir.

Jean-Guy Bernard

Olivier Rollot : Vous allez bientôt passer la main à la direction de l’EM Normandie après quinze ans passés à sa tête. Où en est le processus de recrutement ?

Jean-Guy Bernard : Nous sommes en train de finaliser le processus. Le cabinet de recrutement que nous avons missionné a reçu plus de 50 candidatures et nous avons retenu une short list qu’un comité de sélection va maintenant départager d’ici début juillet. Pour ma part, je resterai à l’école quelques mois pour travailler en binôme avec le nouveau Directeur Général et l’accompagner dans sa prise de fonction. Nous avons des échéances importantes dans les prochains mois avec notamment la visite de ré-accréditation des auditeurs Equis et le passage en commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) pour le renouvellement du visa et du grade de Master du PGE.

O. R : Comment se déroulent les concours cette année ? On sait que l’EM Normandie a la particularité de recruter pour votre programme Grande école aussi bien au niveau bac via le concours SESAME, qu’après une classe préparatoire, dans le cadre de la BCE et en admissions sur titre (concours Passerelle). Enfin l’EM Normandie est membre du concours Atout+3 pour son recrutement en Bachelor.

J-G. B : La rentrée se présente bien. Nous sommes, cette année encore, en forte progression dans le cadre du concours SESAME où nous allons dépasser notre objectif de recrutement fixé à 700 étudiants. En classes préparatoires, nous sommes l’école qui a enregistré les meilleurs scores d’inscription de l’ex « grappe » qui nous liait auparavant à La Rochelle Business School, l’ESC Pau, l’ESC Clermont, SCBS et l’ISC Paris avec 2390 candidats. Les oraux sont en cours, le SIGEM nous livrera les résultats d’affectation le 19 juillet. Nous sommes également en hausse sur les inscriptions des candidats Passerelle 1 et 2 alors que les résultats d’admission viennent de tomber. Enfin, concernant le concours Atout+3 via lequel nous recrutons 65 étudiants cette année pour l’entrée en 1ère année dans notre Bachelor en Management International, nous allons faire le plein. Un résultat très positif alors que nous expérimentions cette année l’entrée de la banque sur Parcoursup.

O. R : L’EM Normandie a considérablement fait progresser ses effectifs ces dernières années. Est-ce essentiellement la conséquence de votre installation à Paris ?

J-G. B : Cela nous apporte effectivement beaucoup. A la rentrée 2019 nous bénéficierons d’une surface de 4500 m² suite aux travaux que nous réalisons pour nous étendre et au départ de Grenoble EM avec lequel nous partagions les locaux depuis l’ouverture du campus vers d’autres lieux.

Nous bénéficions également du fait de notre implantation à Oxford dans laquelle peuvent se rendre, dès leur première année post bac ou post prépa, des étudiants ayant obtenu un excellent score au TOEIC. S’ils le souhaitent, nos étudiants peuvent même effectuer toute leur scolarité à Oxford. Notre progression nous conforte parmi les leaders du marché post bac et nous espérons confirmer notre progression en classes préparatoires.

Des étudiants sur le campus de Caen de l’EM Normandie

O. R : Votre actualité c’est aussi l’immobilier avec la construction d’un nouveau campus au Havre.

J-G. B : Nous emménagerons pour la rentrée 2020 dans un magnifique bâtiment de que nous partageons avec la Cité Numérique du Havre. Réalisé par Groupe 6 et l’atelier d’architecture Pierre Champenois, cet édifice proposera sur une surface de 12 700 m² (9 100 m² pour l’EM Normandie et 3 600 m² pour la Cité Numérique), des espaces adaptés aux besoins de développement de l’EM Normandie, des étudiants du campus Le Havre-Normandie et des entreprises locales.

Ce bâtiment traduit, nous concernant, l’ambition portée par les acteurs à l’origine du projet (CCI Seine Estuaire, l’agglomération Le Havre Seine Métropole, la Région Normandie) de créer un campus d’envergure regroupant les établissements d’enseignement supérieur dans un nouveau quartier emblématique du Havre, véritable interface entre la ville et le port.

La Cité Numérique avec laquelle nous travaillerons étroitement concentrera toutes activités numériques du territoire et regroupera de nombreux services destinés aux entrepreneurs. L’idée est de fédérer les acteurs du développement du numérique, d’engager une dynamique afin de conforter et de développer l’écosystème local, d’attirer de nouveaux acteurs, mais également d’accompagner les start-ups, et d’aider à la transformation digitale des entreprises.

Notre nouveau campus sera également un flagship pour le développement des technologies numériques dans l’enseignement supérieur grâce à notre partenariat avec Microsoft. Cela s’inscrit tout à fait dans le cadre de la démarche d’EDTech France que nous avons rejoint en tant que partenaire engagé pour travailler autour de l’expérimentation et de l’usage de solutions pédagogiques innovantes.

O. R : Comment définiriez-vous l’image de l’EM Normandie ? Considérez-vous que toutes les écoles devraient montrer un tropisme particulier ?

J-G. B : Les écoles doivent montrer leur excellence, leur flexibilité et leurs capacités d’adaptation mais je ne crois pas qu’elles doivent montrer un tropisme trop exclusif. Il faut des caractéristiques fortes, comme par exemple pour nous le supply chain management, la logistique et le maritime et la smart éducation, tout en conservant une vocation généraliste qui est le propre du grade de Master.

Des étudiants dans les locaux de l’EM Normandie à Oxford

O. R : C’est un sujet essentiel pour beaucoup d’écoles. Êtes-vous satisfait du montant auquel vos coûts de formation vont être pris en compte par France Compétences dans le cadre de la réforme de l’apprentissage ?

J-G. B : pour définir ses futurs niveaux de prise en charge financière des contrats d’apprentissage, France Compétences a semble-t-il fait une moyenne pour chaque école des valeurs des coûts-contrats remontés par les préfectures pour les CFA. Nous constatons, au regard des préconisations, qu’il n’y a pas de cohérence d’une école à l’autre alors que les caractéristiques sont très proches. Il existe aussi des inégalités territoriales importantes qui ne sont pas prises en compte. Par exemple, former un alternant en région parisienne coûte plus cher que dans certaines autres régions de France. Et si l’on regarde dans le détail parmi les écoles qui proposent de l’apprentissage en Ile de France, toutes ne sont pas logées à la même enseigne.

Enfin, pour des formations au management comme les nôtres qui sont transverses, les affectations selon les branches peuvent être très différentes, ce qui nous pose question.

L’alternance joue un rôle social très important en permettant à des jeunes issus de familles moins favorisées de financer leurs études. C’est dire ne pas avoir de financements équitables en la matière est préjudiciable pour une ouverture sociale à laquelle nous sommes très attachés ainsi que la CGE.

O. R : L’EM Normandie reçoit quel pourcentage de boursiers ?

J-G. B : 25% en moyenne, toutes bourses confondues. Pour le PGE c’est très disparate entre les intégrés via SESAME et les élèves issus des concours d’admission sur titres et de classes préparatoires. En tant que EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général), l’année prochaine nous devrons recevoir le même pourcentage d’étudiants boursiers que de candidats pour nos concours post bac dans Parcoursup. C’est une contrainte supplémentaire qui ne pèsera que sur les EESPIG. Je comprends parfaitement les interrogations de la présidente de la Conférence des Grandes Ecoles à ce sujet.

O. R : L’EM Normandie est ancrée sur des campus au Royaume-Uni et en Irlande mais se développe également au Vietnam. Allez-vous mener une politique volontariste d’implantations à l’étranger dans les années à venir ?

J-G. B : Au Vietnam, nous travaillons déjà à la digitalisation de cursus universitaires, à la mise en place de diplômes de niveaux Bachelor et Master et à la formation des cadres de différentes provinces et du comité central en formation continue dans les domaines des finances publiques, des réformes territoriales ou encore du tourisme. Aujourd’hui nous envisageons d’aller plus loin dans le cadre d’un partenariat avec une université vietnamienne en 2020 ou 2021.

Nous réfléchissons aussi à une coopération très forte avec une université nord-américaine à l’horizon 2022. Côté Moyen-Orient, nous avons déjà plusieurs partenariats avec des universités à Dubaï, dont un signé récemment avec Mena College of Management. Nous en avons un autre en vue toujours aux Emirats Arabes Unis.

O. R : Et en Chine que proposez-vous ?

J-G. B : Nous avons créé un DBA (Doctorate of Business Administration) et un MBA (Master of Business Administration). Le DBA est d’ores et déjà ouvert dans 4 grandes villes. Un Master of Business Administration (MBA) à destination des middle managers ouvrira également à l’automne 2019 dans deux villes. Il suivra la même stratégie de déploiement que le DBA avec le lancement à court terme de nouvelles promotions dans plusieurs autres localités. Les cours sont assurés par nos professeurs permanents pour bien contrôler la qualité des diplômes que nous délivrons et des experts métiers locaux recrutés par nous.

O. R : Cela signifie-t-il aussi que vous allez recruter de plus en plus de professeurs étrangers ?

J-G. B : Entre début 2019 et la rentrée prochaine, nous aurons recruté une dizaine de nouveaux professeurs permanents dont une majorité d’internationaux. Ce sont plutôt des professeurs seniors qui apportent un bon équilibre dans la faculté et de la diversité avec des personnes originaires d’Asie, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour appuyer nos développements.

O. R : Beaucoup de programmes Grandes écoles ont été rénovés ces deux dernières années. Travaillez-vous à une refonte ?

J-G. B : Nous avons déjà opéré une importante refonte du PGE en septembre dernier, dont la mise en œuvre se poursuit jusqu’en 2021. Le nombre d’heures de cours en face à face diminue au profit de modules d’autoformation et de validation des compétences en ligne. Nos modalités pédagogiques évoluent vers plus de pédagogie inversée, de challenges et autres serious games. Autre nouveauté, l’allongement de la durée d’expatriation obligatoire en 2ème année post bac qui passe d’un semestre académique à une année. L’EM Normandie est la seule grande école post bac à proposer ce schéma

Nous avons aussi 4 nouveaux parcours en cycle Master : le Track Expertise, le Global Track, le Track alternance et le Track Excellence, parcours sélectif en 3 ans en anglais réservé aux meilleurs étudiants.

Enfin, les réflexions de l‘Observatoire des métiers et de la pédagogie, notre cellule de veille dédiée aux nouvelles méthodes d’organisation du travail nous permettent de réfléchir à de nouvelles spécialisations et à des méthodes pédagogiques visant à développer les compétences des jeunes générations. Notre nouvelle chaire « Compétences, Employabilité et Décision RH » apporte quant à elle un regard scientifique sur les transformations contemporaines du monde de l’emploi et contribue aussi à mettre en lumière les nouvelles aptitudes nécessaires aux entreprises.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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