Frédéric Thivet
C’est la première école à avoir remis un diplôme d’ingénieur accrédité par la Commission des titres d’ingénieur (CTI) à l’étranger. Jusqu’ici directeur adjoint de IMT Mines Albi-Carmaux, Frédéric Thivet vient de prendre la direction de l’EIGSI. Son regard sur l’école et sur la stratégie qu’il entend maintenant suivre.
Olivier Rollot : Vous venez de prendre la direction de l’EIGSI La Rochelle – Casablanca après avoir notamment été Directeur de la Recherche des Ressources Pédagogiques de l’ISAE-SUPAERO et, jusqu’à cette nomination, directeur adjoint de IMT Mines Albi-Carmaux. Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre l’EIGSI ?
Frédéric Thivet : J’ai été convaincu par la façon dont l’EIGSI met en action ses valeurs : respect, engagement, esprit d’équipe, innovation et ouverture sont au cœur du projet de l’établissement avec notamment une forte ouverture au monde socio-économique. Par exemple le nombre d’alternants est passé de 24 à l’ouverture de la filière par apprentissage en 2012, à 80 aujourd’hui, avec comme partenaires des entreprises comme Alstom, Stelia Aerospace, Vinci et Enedis.
Quant à notre incubateur, il va bientôt générer la 100ème entreprise créée depuis 20 ans. Et pas uniquement par nos propres étudiants puisque les deux tiers des entreprises créées l’ont été par des porteurs de projets extérieurs à l’école. Enfin il faut souligner la très forte ouverture internationale d’une école qui est implantée à Casablanca et dont le diplôme est à la fois reconnu par le Maroc et par la France. L’EIGSI est la première école française à avoir reçu cette double reconnaissance.
O. R : Vous succédez au directeur emblématique qu’a été Sylvain Orsat depuis 2001. Comment se déroule la transition ?
F.T : L’EIGSI est née en 1901 à Paris sous le nom d’école Violet avant de renaître en 1990 à La Rochelle. Sylvain Orsat était à la barre avec le succès que vous soulignez puisque nous recevons aujourd’hui 1500 étudiants dont 1233 à La Rochelle et plus de 250 à Casablanca. L’EIGSI est à une étape charnière de sa croissance avec de nouveaux grands projets.
Nous allons ainsi d’ici 2024 construire un bâtiment qui permettra d’augmenter la surface de nos locaux – 12 000 m2 aujourd’hui – de 4500m2 sur l’emprise immobilière actuelle. A Saintes, avec l’ESTACA nous participons au projet de création du Ferrocampus pour répondre aux besoins de l’industrie ferroviaire. Il s’agit d’un projet phare, porté par la Région Nouvelle-Aquitaine et pour lequel l’EIGSI assure la vice-présidence de la commission formation. Nous venons également de rejoindre le Groupe ISAE, spécialisé dans l’aéronautique, en tant qu’école partenaire.
O. R : Ces développements se traduisent-ils également par la création de nouveaux diplômes ?
F.T : Dans le cadre de Ferrocampus nous allons notamment travailler à la création d’un bachelor commun EIGSI-ESTACA-ISAE Nouvelle-Aquitaine dans le domaine du ferroviaire. Avec nos voisins d’Excelia, nous proposons depuis 17 ans un MSc Ingénieur d’Affaires. Concernant notre formation d’ingénieur nous ouvrons une nouvelle dominante sur le numérique responsable à la rentrée 2021 et une autre sur l’ingénierie de la santé à la rentrée 2022.
O. R : Comment l’EIGSI a-t-elle géré cette « année Covid » ?
F.T : Si les cours magistraux ont été donnés à distance nous avons pu maintenir les travaux dirigés et les travaux pratiques en présentiel. Dans la mesure où beaucoup de nos salles communiquaient les unes avec les autres nous avons pu les réunir pour qu’un groupe se répartisse dans deux salles avec un professeur qui pouvait facilement passer de l’une à l’autre. C’est très important pour le moral des étudiants. J’ajoute que nous n’avons dû déplorer que très peu de cas de Covid chez nos étudiants. La grande majorité sont d’ailleurs restés sur La Rochelle.
O. R : Comment vont les finances de l’EIGSI qui est, rappelons-le, une école privée sous statut associatif ?
F.T : L’EIGSI se porte bien et peut ainsi apporter une part du financement dans la construction du nouveau bâtiment aux côtés du département qui est propriétaire de nos locaux. La Charente Maritime contribue également à hauteur de 9% à notre budget et l’Etat apporte 6% grâce à notre statut d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG). 80% viennent des frais de scolarité et le reste de la taxe d’apprentissage et des projets de recherche.
O. R : Qu’est-ce qui pousse vos étudiants à rejoindre l’EIGSI ?
F.T : Ils connaissent la ville de réputation mais pas forcément toute son activité industrielle, avec des entreprises comme Alstom ou Rhodia et un port de commerce très actif. Les moyens de l’EIGSI au service de la formation sont également de très bon niveau. L’international est dans l’ADN de l’école. Quand ils viennent avec leurs parents nous visiter ils découvrent aussi une vie étudiante très développée puisque les étudiants sont 15 000 pour une population totale de 80 000 habitants. Une ville étudiante où il fait bon vivre.
O. R : A quel niveau recrutez-vous vos étudiants ?
F.T : Pratiquement autant dès le bac – 130 par le concours Avenir – qu’à bac+2 : 125 via la procédure AvenirPlus et Avenir prépas pour les candidats des banques PT et E3A Polytech. Nous recrutons les candidats à la filière apprentissage sur concours et entretiens. En 2021, ce sera uniquement sur dossier et avec des entretiens fin avril qu’il faudra peut-être effectuer à distance. Nous préfèrerions clairement les effectuer en présentiel.