Alors qu’on attend la remise du rapport que l’ancien président de la Fesic, Jean-Philippe Ammeux, doit rendre sur l’enseignement supérieur privé lucratif à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les esprits s’échauffent entre tenants d’un enseignement plutôt académique et partisans du tout professionnalisant. Après les propositions de Galileo pour Mieux réguler l’enseignement supérieur professionnalisant c’est toujours dans les Echos que le président de la Conférence des Grandes écoles, Laurent Champaney, et la présidente de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm), Alice Guilhon, répondent par un Comment garantir la qualité de l’enseignement supérieur. L
Les éléments du débat
Dans leurs attendus les deux tribunes se rejoignent sur un point majeur : il faut mieux réguler l’enseignement supérieur supérieur privé. Mais alors que les président et vice-président de Galileo, Marc-François Mignot-Mahon et Martin Hirsch, proposent des mesures assez peu contraignantes tout en affirmant que « L’enseignement supérieur professionnalisant, en grande partie privé, a besoin d’une régulation plus forte », Laurent Champaney et Alice Guilhon sont nettement plus prescriptifs en appelant le MESR à « réguler beaucoup plus la création et le développement des établissements d’ESR avec l’octroi d’un visa obligatoire pour tous les établissements qui prétendent faire de la formation, a fortiori professionnalisante ». Un visa que les écoles d’ingénieurs aimeraient bien avoir notamment pour échapper aux fourches caudines d’un RNCP de plus en plus réticent à accorder ses accréditations.
Mais c’est surtout sur la vision de ce que doit être l’enseignement supérieur que les visions s’opposent frontalement. Là où la direction de Galileo met en avant la spécificité d’avoir « une majorité de professionnels comme enseignants », Laurent Champaney et Alice Guilhon défendent la nécessité d’avoir « un corps enseignant constitué majoritairement de professeurs permanents, spécialistes en pédagogie et chercheurs dans leur domaine d’expertise ». Et ils insistent : « Pour les diplômés, être formés uniquement par des professionnels du secteur, donc à l’utilisation des techniques d’aujourd’hui, n’est malheureusement pas suffisant pour les préparer aux métiers de demain car il est indispensable qu’ils développent leur esprit critique et leur capacité d’apprendre à apprendre ».
Pour autant il est difficile de les opposer frontalement : Galileo possède aussi bien des écoles totalement dérégulées – le Cours Florent ne remet aucun diplôme – que des Grandes écoles de premier plan – et adhérentes de la CGE et de la Cdefm – comme emlyon ou Paris School of Business. Et personne n’ignore chez Galileo que emlyon ne pourra se battre sur le marché international qu’en conservant une recherche de premier plan avec les coups que cela exige…
L’apprentissage et ses conséquences
Dans le débat académique / pratique, la montée en puissance de l’apprentissage donne forcément de plus en plus de poids à la pratique. D’autant plus que le rythme d’apprentissage les fait venir rarement dans leur établissement, il est parfois difficile de mobiliser les étudiants à leur retour en cours. Sans oublier qu’ils doivent forcément se concentrer sur le travail dans une entreprise qu’ils espèrent bien qu’elle les embauche ensuite.
L’apprentissage permet surtout à un nombre toujours plus grand d’étudiants de financer leurs études dans l’enseignement supérieur privé. Ajoutez à cela un marché du travail très porteur qui donne à chaque diplômés d’excellentes chances d’être embauché et vous avez tous les éléments d’une montée en puissance de l’enseignement supérieur privé mais aussi… des officines que dénoncent les deux tribunes. Il faut « écarter ce qu’on appelle parfois les « officines », où le chiffre d’affaires l’emporte sur le projet pédagogique » préconise ainsi Galileo. Ces dernières semaines on a ainsi vu des écoles postbac de Michel Ohayon contraintes de fermer (lire l’article de Challenges) ou TF1 mettre en garde contre Albi : alerte aux faux diplômes. Face à la menace d’un amalgame entre tous les établissements privés les leaders du marché voient donc la nécessité d’une régulation.