Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne se sentent pas en terrain conquis contrairement à ce qu’on attend souvent. Selon une étude que vient de publier l’Apec sur « Le monde du travail vu par les étudiants du supérieur », 51 % estiment que les entreprises dans lesquelles ils pourraient travailler ont une mauvaise image des jeunes (contre 40 % qui pensent qu’elles en ont une bonne image). Une proportion équivalente estime que les entreprises ne donnent pas facilement leur chance aux jeunes (52 %) et qu’elles les intègrent mal (47 %). Si pilus de 8 étudiants sur 10 décrivent un monde du travail « exigeant, compétitif ou stressant, » ils sont également 70 % à le décrire comme « stimulant ».
Un monde du travail anxiogène
Selon l’enquête de l’Apec les étudiants imaginent le plus souvent un univers professionnel assez austère. Le monde du travail leur apparaît en premier lieu comme « particulièrement exigeant » (89 %) et « sérieux » (88 %). Certains se représentent même un monde où les « individus s’effacent derrière des hiérarchies, des règles et des process », 7 sur 10 le qualifiant d’autoritaire et de procédural. Et même 85 % anticipent un monde du travail compétitif. Aussi, ils redoutent d’être confrontés à des situations inéquitables et des décisions arbitraires : 67 % des étudiants projettent le monde professionnel comme « injuste ».
Alors que le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure chez les jeunes, 37 % des étudiants placent la crainte d’être mal payés en tête de leurs principales inquiétudes pour leur premier emploi.
Et même s’ils parviennent à décrocher un emploi, les étudiants craignent souvent que celui-ci ne corresponde pas à leurs aspirations. Un sur deux redoute ainsi de ne pas trouver un emploi en phase avec ce qu’il ou elle a envie de faire. Et près de 2 sur 3 pensent qu’il sera difficile de trouver un emploi qui corresponde à leurs critères de choix. Ils sont ainsi près de la moitié (49%) à considérer que cela sera difficile de trouver un emploi qui leur offre une organisation du travail flexible et un bon équilibre de vie (41 %), mais aussi et surtout qui leur assure une bonne rémunération (59 %).
Un monde du travail stimulant. « En dépit d’une image assez dure du monde du travail, les étudiants affichent un certain enthousiasme à l’idée de rejoindre la vie professionnelle », estiment les experts de l’Apec. 40 % sont avant tout motivés par l’idée de « se sentir utiles dans leur futur emploi. » Un quart (27 %) sont surtout enthousiasmés par l’idée de « mettre en pratique ce qu’ils ont appris au cours de leurs études », mais, plus encore, 43 % le sont avant tout à la perspective de « continuer à apprendre et à s’enrichir autrement une fois entrés dans le monde professionnel ».
Mais pour autant c’est « l’accès à l’indépendance financière » qui est le facteur le plus motivant pour 52 % des étudiants. Et les étudiantes mettent encore plus en avant cette dimension : 60 % pour 42 % de leurs homologues masculins. Au final les étudiants perçoivent en grande majorité le monde du travail comme stimulant (70 %), innovant (64 %) et coopératif (63 %). Un monde qu’ils ont à 42% le sentiment de mal connaitre…
- Une enquête qualitative a été menée par entretiens par l’Apec entre janvier et mars 2024. Une enquête quantitative en ligne a ensuite été menée par le cabinet de conseil et d’études BVA People Consulting en avril 2024 auprès d’un échantillon de 600 étudiants de de niveau bac +3 ou plus, résidant en France.