Mercredi 2 avril 17 h 15 dans la cour du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche rue Descartes. Le temps est beau l’assistance nombreuse pour attendre la passation de pouvoir entre Geneviève Fioraso et Benoît Hamon. Derrière nous la tour du lycée Henri-IV et le Panthéon en travaux. Michel Chevalet lit Le Monde. Tous s’interrogent sur ce que fera Benoît Hamon. « L’enseignement supérieur il s’en fout », entend-on. Toute la rédaction de l’Aef arrive. Jean Loup Salzmann parle à Christian Lerminiaux – les deux conférences sont là mais pas la CGE – Jean Loup Salzmann parle à Jean-Michel Jolion (DGESIP), Alain Fuchs (le président du CNRS) discute avec Christian Lerminiaux.
17 h 30. La voiture de Geneviève Fioraso est rangée devant la sortie. On voit les visages de ceux qui cranent encore, mais savent qu’ils ne seront bientôt plus là, de ceux qui sont là depuis plus de trente ans et seront encore là d’en vingt et enfin ceux des nouveaux, qui ne connaissent encore personne mais sont venus prendre possession des lieux avec leur patron et regardent autour d’eux d’un air de dire « Ici c’est chez nous ».
17 h 40. Les deux ministres arrivent sur le perron. Geneviève Fioraso part dans un long discours om elle décrit tout son action : « Le ministère de la connaissance que tu prends Benoît est le plus beau! On m’avait dit qu’il était difficile, éruptif même, de faire très attention, mais il faut surtout partager l’enthousiasme d’une communauté qi est au cœur du redressement du pays ». Le discours dure, dure, aucun sujet n’est oublié. Soudain on la sent la ministre émue quand elle parle des « efforts historiques faits pour la revalorisation des bourses » et comment l’Unef les a « salués ». Benoît Hamon l’écoute parler de sa « satisfaction de voir sur la carte de visite du président de Polytechnique la mention « Université Paris Saclay » » et d’avancer vers la constitution de 25 Comue même si « à Paris, c’est bien normal c’est plus compliqué qu’ailleurs ».
18 h 00. Benoît Hamon prend à son tour la parole. Le ton est d’abord un peu hésitant puis ferme quand il inscrit son action dans l’objectif principal de « davantage de justice sociale » et la lutte contre « l’assignation à décrochage social ». Il décrit son ministère comme celui de l’avenir et insiste : « La recherche dans nos universités ne doit pas être fondée sur le court termisme. Il faut donner du temps aux chercheurs pour s’attaquer aux grands problèmes comme le réchauffement climatique ». Et il conclut, tentant de réconforter une Geneviève Fioraso très émue mais aussi visiblement très abattue : « Merci beaucoup Geneviève et à bientôt ».
Geneviève Fioraso secrétaire d’État ? Geneviève Fioraso est l’une des grandes perdantes de la recomposition ministérielle. Celle qui a su mener à bien l’adoption d’une loi qui gardera son nom perd un ministère dans lequel tout le monde s’accordait à dire qu’elle avait plutôt bien réussi. Mais elle souffrait d’un poids politique sans doute pas assez important pour la maintenir dans un gouvernement resserré. D’autant que son « mentor » grenoblois, le maire Michel Destot, venait d’être battu aux élections municipales. Peut-elle maintenant devenir secrétaire d’État aux côtés de Benoît Hamon ? Beaucoup le pensent et le « à bientôt » qu’il lui a lancé à la fin de son discours donnait à le penser. Verdict le 8 avril.
Olivier Rollot (@O_Rollot)