Ne dites plus groupe ESC Dijon-Bourgogne mais Burgundy School of Business. Stéphan Bourcieu, son directeur général, nous trace le portrait d’une école qui se veut de plus en plus internationale et pas seulement en changeant de nom.
Olivier Rollot : Pourquoi devenir Burgundy School of Business (BSB) ? Jusqu’ici les écoles de management françaises sont certes devenues des « business schools » ou des « school of business » mais en gardant le nom de leur ville d’implantation. Là vous allez plus loin.
Stéphan Bourcieu : Oui Burgundy School of Business c’est anglais et nous l’assumons ! Qu’est-ce que la francophonie ? Pour nous c’est avant tout favoriser la venue en France d’étudiants internationaux qui feront ensuite rayonner la France et c’est ce que nous apporte notre nouvelle appellation.
O. R : Ce développement international va-t-il passer par des implantations à l’étranger ?
S. B : C’est une vraie interrogation que nous avons d’ailleurs inscrit dans notre plan stratégique 2017-2020. Parce que nous avons créé une School of Wine & Spirits Business nous hésitons aujourd’hui entre Hong Kong et Singapour, les deux portes d’entrée du vin en Asie. Cela nous semble plus opportun que toute autre destination. Par contre ce serait compliqué de nous installer aux Etats-Unis qui sont à la fois un pays producteur et consommateur. Là-bas nous pourrions dispenser des MSc à des étudiants essentiellement chinois qui se formeront en 1 an dont un passage par la France.
O. R : Votre école est l’une des quatre écoles de management françaises à avoir adopté le statut d’établissement d’enseignement supérieur consulaire (EESC). Qu’est-ce que cela vous apporte ?
S. B : Nous sommes une EESC depuis le 1er septembre 2016 avec un système de conseil de surveillance et directoire qui octroie beaucoup d’autonomie au management. En fait l’EESC est une SA dérogatoire dans laquelle on trouve les mêmes éléments que dans une SA sans le droit de distribuer des dividendes ou de diluer le capital au détriment de la chambre de commerce et d’industrie qui doit rester majoritaire.
O. R : Mais vous allez avoir d’autres actionnaires ?
S. B : Nous faisons entrer cinq actionnaires privés dont trois sont des dirigeants d’entreprise influents de la région et deux des banques dans une logique de développement territorial. On oublie parfois qu’au-delà de la distribution de dividendes un actionnaire peut également être intéressé par la valeur créée. Ce qui serait des dividendes est réinvesti dans une entreprise dont la valeur augmente le jour de la sortie de l’actionnaire.
O. R : Vous avez reçu votre patrimoine en dotation ?
S. B : Sur les quatre EESC créées (HEC, Grenoble EM, Toulouse BS et nous) seulement deux, HEC et nous, ont à ce jour reçu leur patrimoine immobilier en dotation. Cela nous paraissait nécessaire puisque, de toute façon, nous devons payer pour l’entretenir. De plus c’est une décision structurelle puisqu’il n’y a qu’au lancement de l’EESC que le patrimoine de l’école peut lui être dévolu sans payer ni taxes ni impôts.
O. R : Ce statut d’EESC pourrait évoluer dans l’avenir ?
S. B : Si on s’en réfère au statut des sociétés anonymes à objet sportif, on peut effectivement constater qu’elles ont évolué d’un statut non lucratif à un statut lucratif et fiscalisé. En transposant le modèle, rien n’interdit d’imaginer que les EESC puissent un jour envisager de distribuer des dividendes en contrepartie d’une fiscalisation.
O. R : Mais combien vaut BSB (Burgundy School of Business)?
S. B : Je ne vous le dirai pas. La valeur d’un EESC doit être fondée sur les actifs corporels et non corporels plus le fonds de commerce (nous n’en avons pas à proprement parler mais nous avons un fonds d’enseignement avec une marque, une production intellectuelle, etc.). A cela il faut ajouter l’évaluation des cash flows futurs dans le cadre d’un business plan afin d’apprécier la création de valeur potentielle de l’organisation.
O. R : Au total, vous avez les moyens aujourd’hui de vous développer ?
S. B : Oui et nous venons par exemple d’acheter un petit immeuble près de l’école pour y implanter notre incubateur. 650 m2 dans lesquels nous allons installer 15 entreprises avec trois salles de réunion. Un lieu d’incubation parfait pour faire du co-working. Il nous fallait 1 million d’euros pour acheter l’immeuble et le statut d’EESC nous a permis de les emprunter dans de très bonnes conditions.
O. R : On change totalement de sujet. Votre progression au Sigem, le système d’affectation des élèves de prépas après les concours, est tout à fait remarquable cette année.
S. B : Nous avons même gagné 4 places en 4 ans ! Cette année en effet, nous avons par exemple dépassé l’ICN cette année avec 64 élèves sur 100 qui nous choisissent plutôt que l’ICN. Nous nous rapprochons de Montpellier BS avec un tiers des élèves qui nous ont choisi cette année quand ils allaient à 94% à Montpellier il y a quatre ans. Avec l’EM Strasbourg nous progressons également puisque nous sommes passé d’un rapport 89 à 11 en leur faveur en 2012 à un rapport de 59 à 41, toujours en leur faveur, mais on voit bien la progression.
De très bons lycées où nous ne recrutions pas d’élève il y a quatre ans nous en envoient désormais. Au final le rang du dernier intégré par rapport au nombre d’admis montre que nous avons eu cette année le plus important « réservoir » d’élèves que nous aurions pu choisir. C’est un bon point, mais c’est aussi que nous avons certainement été trop prudents sur le niveau de fixation de notre barre d’admissibilité. Nous verrons à la faire évoluer à l’avenir pour nous mettre en cohérence avec notre progression en terme d’attractivité.
O. R : Vous êtes le directeur général d’école de management le plus présent dans les classes prépas. Est-ce cela qui explique votre progression ?
S. B : Je fais effectivement une tournée de 30 CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) chaque année pour parler avec les élèves non pas de l’école mais de sujets plus larges comme « La France dans la mondialisation », le sujet de mon livre, « Une école de management et après ? » ou encore « C’est quoi un dirigeant d’entreprise ? ». Ce que je veux c’est donner une image positive de l’école mais aussi leur donner un contenu utile qui dépasse la seule présentation de l’Ecole. Ce travail de terrain est important et les élèves se souviennent qu’ils ont rencontré le directeur général de l’école quand ils passent les concours. De plus les professeurs de prépas sont satisfaits que je sois venu donner un cours utile.
O. R : Le site Major Prépa considère également que vous êtes l’école qui organise le meilleur accueil des étudiants lors des oraux.
S. B : Cela correspond à la culture de proximité de l’école. Chez nous le candidat a souvent rencontré le directeur général et les équipes de l’école. 50% des élèves qui nous rejoignent n’avaient pas forcément l’idée de le faire avant de passer les oraux.
O. R : Vous pensez faire évoluer les modalités de passage des oraux comme viennent par exemple de le faire Toulouse BS ou l’Edhec ?
S. B : C’est une vraie interrogation. Nos modalités ont tendance à vieillir mais s’agit-il de se différencier ou de recruter au mieux ? C’est en tous cas intéressant de voir ce que ces nouvelles modalités vont apporter.