Résumons : après avoir subi les départs de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO), la Fondation maison des sciences de l’homme (FMSH) et l’Ecole nationale des Chartes en 2014, c’est au tour du plus important de ses membres, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, d’annoncer son départ de la Comue Hesam le 14 novembre. « Nous avons réalisé une Comue avec des établissements de grande qualité mais ce n’est pas la Comue dont j’aurais rêvé. Nous aurions dû y inclure une grande université scientifique », explique son président Georges Haddad (photo, relire l’entretien) qui, plus largement, remarque que si « la région parisienne présente la plus grande concentration au monde d’énergies éducatives, scientifiques et culturelles, au point de déséquilibrer tout le paysage, comment faire travailler ensemble des universités de très bon niveau qui ne veulent pas « comuer » ? Il faut un réel désir de travailler ensemble sinon même les Comue les plus emblématiques ne passent pas la barrière des jurys internationaux ».
Alors que le président d’Hésam, Jean-Luc Delpeuch (photo), se veut droit dans ses bottes sur EducPros (« Paris 1 exprime quelque chose que nous devons prendre en compte. Nous sommes à une étape cruciale, cela nous secoue, à nous de voir qui veut continuer ») les autres membres de la Comue Hesam sont beaucoup moins diplomates que son président révèle Le Monde. Du côté du Cnam son administrateur général, Olivier Faron, tempête (« Détricoter tout le travail que nous menons ensemble depuis des années est invraisemblable et incompréhensible. C’est le triomphe de la démagogie et du populisme : il est toujours facile d’avoir du succès en s’opposant, plutôt qu’en s’attelant à construire ensemble ») quand Laurent Carraro, directeur des Arts et Métiers ParisTech, parle d’un « immense gâchis » et ne « voit pas comment HeSam peut se remettre de ce nouveau traumatisme ». L’avenir même d’Hesam paraît en effet bien compromis alors qu’aucune Comue ni association n’existe aujourd’hui sans au moins une université « classique » en son sein (le Cnam est une université bien sûr mais pas au sens classique du terme). Comment l’Ena, ESCP Europe, Arts et Métiers ParisTech, le Cnam, l’Institut national du patrimoine, etc. vont-elles pouvoir continuer à développer un projet sans la grande université qui en était l’âme à défaut d’avoir imposé sa marque ?
- Georges Haddad ne précise pas pour l’instant dans quelle Comue il entend repositionner son université – il a six mois pour cela -, mais on l’imagine bien se rapprocher de Paris 8, Paris 10 ou encore Paris 12 alors que l’idée d’un regroupement avec Paris 2, déjà évoquée dans le passé, refait son apparition.