Sous le titre « France business school : une fusion ratée », la Cour des Comptes consacre un chapitre de son rapport annuel à l’échec de France business school. Une histoire bien connue mais magnifiquement racontée dont voici quelques extraits saillants.
Une gouvernance opaque
Analysant d’abord sa gouvernance (voir le schéma), les auditeurs de la Cour expliquent que « les chambres de commerce et d’industrie et les collectivités territoriales membres de l’ESCEM étaient donc relativement sous-représentées dans les organes de FBS, ce qui a pu les dissuader de s’impliquer dans la gouvernance et le contrôle de l’association ». Ce montage n’aurait pas non plus « permis de distinguer clairement les responsabilités financières des délégants et du délégataire, notamment en cas d’insuffisance de ressources pour couvrir les charges d’exploitation ».
Quant à l’effondrement des recrutements (baisse de 90 % par rapport à l’année scolaire 2011-2012), il s’explique « en partie par une stratégie de recrutement préparée précipitamment qui n’a pas convaincu les étudiants ». Pas plus que la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) qui émet en 2013 « un avis défavorable à l’attribution du grade de master, obérant ainsi la réputation académique et les capacités de recrutement de la nouvelle école ».
Un développement international surdimensionné
Les critiques les plus dures se placent sur le terrain du développement international. Le projet du directeur général, Patrick Molle, était en effet de créer un « réseau mondial » dont le siège mondial serait à Singapour et qui développerait son activité dans 12 pays à travers des filiales. D’où la décision d’une implantation permanente de fBS en Chine alors que « l’école ne disposait pourtant pas de la surface financière nécessaire à la réussite d’un tel projet à court et moyen terme, les défis posés par la fusion étant par ailleurs considérables ».
Un partenariat est donc conclu avec la ville de Shanghai qui prête des locaux à fBS en 2013-2014. Un partenariat qui dépendait très largement des « relations du directeur général ». Or, le conseil d’administration de FBS décide de mettre fin aux fonctions de son directeur général le 9 juillet 2014. Le maintien d’une offre de formation de FBS en Chine est donc menacé. Pour éviter cette rupture, le président de fBS propose alors à l’ancien directeur général d’organiser ces échanges par une structure « dont il se porterait garant » une fois qu’il aurait quitté ses fonctions au sein de FBS.
Un nouveau partenariat est donc conclu le 1er septembre 2014 entre le président de FBS et l’ancien directeur général de FBS représentant de « New World University (NWU) by ESFA » pour l’organisation de semestres d’études en Chine pour les étudiants de FBS « sans que la conclusion de ce contrat n’ait fait l’objet d’une procédure de passation formalisée ». De plus note la Cour des Comptes « NWU s’apparentait davantage à une marque ou un projet d’une société @campus NWU à Shanghai mais des prestations de formation délivrées dans des locaux mis à disposition, comme en 2013-2014 ».
Un financement insuffisant
Enfin la Cour s’attache à expliquer pourquoi le financement même du projet était illusoire (« Le président de l’association et les membres fondateurs ont partagé des prévisions d’activité trop optimistes »). Le coût du rapprochement entre les écoles fondatrices avait été estimé à 13,65 M€ sur cinq ans et le modèle devait aboutir, en 2016, à un résultat positif de près de 10 M€. Des prévisions qui « n’étaient pas réalisables dans un délai aussi court ». Alors que le plan de financement prévoyait un chiffre d’affaires de 42,5 M€ dès 2013, celui-ci s’est établi à 33 M€ cette année-là. Selon la Cour, « les difficultés rencontrées par l’association trouvent notamment leur origine dans l’insuffisance de fonds propres associatifs mobilisés pour la mise en œuvre du projet ». La trésorerie apportée était insuffisante pour couvrir les dépenses courantes et un appel de fonds est décidé à la fin 2013. Pire : « France business school a été créée sans qu’aucune réflexion ou décision relative à l’organisation comptable et au choix d’outils financiers n’ait été engagée ».
Afin d’estimer le coût du projet France business school qui fut effectivement supporté par les chambres de commerce et les collectivités territoriales, les dépenses engagées pour le fonctionnement des écoles avant la fusion et les coûts propres à la création et à la dissolution de FBS ont été distingués et le surcoût total est évalué par la chambre régionale des comptes à 36,6 M€, selon la ventilation présentée ci-dessous.