La Cité Internationale à Paris
La pandémie de Covid-19 a totalement bouleversé la mobilité étudiante. De grands pays d’accueil se sont fermés aux étudiants internationaux, parfois complètement (Australie, Nouvelle-Zélande, Chine), parfois en encourageant les inscriptions à distance (États-Unis, Canada). Les universités britanniques sont quant à elles pénalisées en Europe par le Brexit. Dans ce contexte, la France a connu une baisse bien moindre du nombre des étudiants internationaux cette année (-25%) que ses principaux voisins grâce à une « action volontariste et conjointe du gouvernement et des établissements ». C’est l’un des nombreux enseignements à retenir des Chiffres clés de la mobilité étudiante dans le monde que vient de publier Campus France.
À moyen terme, une régionalisation accrue des souhaits d’études, en particulier en Asie, semble se profiler. Regardée « avec inquiétude » par des établissements anglo-saxons (en Australie, au Royaume-Uni ou aux États-Unis) souvent dépendant de la mobilité chinoise, elle est aussi l’occasion pour les universités françaises d’approfondir leurs liens avec leurs homologues européens et de renouer avec les grands pays émergents d’Amérique latine et d’Asie.
La France plie mais ne rompt pas. Descendue à la 6ème place des pays d’accueil, derrière l’Allemagne et la Russie, talonnée par le Canada, la France connaissait une perte relative de son attractivité avant la crise sanitaire. Si le nombre d’étudiants étrangers – 370 000 – progressait toujours (de 23% sur les cinq dernières années) c’était en effet moins rapidement que la moyenne mondiale et que chez ses principaux concurrents.
Selon les experts de Campus France, l’Hexagone devrait maintenant « voir ses liens avec l’Afrique se renforcer » et pourra vraisemblablement compter sur une reprise des mobilités européennes au semestre d’automne 2021. Les étudiants indiens semblent être à nouveau désireux d’étudier à l’étranger tandis que les mobilités en provenance de Chine risquent de diminuer, en France et dans le monde.
Dans le cadre de la procédure Études en France, chaque candidat peut émettre jusqu’à sept vœux. Pour la rentrée 2020, ce sont en tout 960 000 vœux qui ont été soumis aux établissements, soit une hausse de 23% par rapport à la rentrée précédente :
- les universités sont les établissements les plus demandés (92% des vœux), devant les écoles d’ingénieurs (4%) et les autres établissements d’enseignement universitaire (2%) ;
- le taux d’acceptation par les établissements est de 7% en moyenne ;
- les universités d’Aix-Marseille et de Lorraine ont reçu le plus de candidatures (46 000 chacune). La première connaît une forte augmentation sur un an : +29% de candidatures reçues ;
- la majorité des candidatures concerne des disciplines scientifiques (43%), et près d’une sur quatre est en économie et gestion (26%).
- Tous les établissements ne sont pas reliés à la procédure Études en France, ce qui explique que certains types soient sous-représentés.
Retour en 2018. Avant la période de pandémie mondiale, peu de changements avaient eu lieu en 2018 parmi les principaux pays d’accueil des étudiants mobiles. Pour la deuxième année consécutive, le nombre d’étudiants internationaux aux États-Unis stagnait, semblant souffrir d’une baisse d’attractivité généralisée auprès de nombreux pays. Seuls les étudiants chinois en mobilité dans le pays progressent significativement. Le Royaume-Uni, à l’inverse, connaît sa plus forte progression depuis 2011 (+4%), ce qui lui permet de se maintenir au deuxième rang des pays d’accueil, juste devant l’Australie, qui poursuit sa croissance rapide. En Allemagne, le nombre d’étudiants accueillis augmente également fortement. Au total l’Union européenne (UE) s’impose comme la première zone d’accueil de la mobilité internationale avec 1,8 million d’étudiants en 2018
La Chine et l’Inde restent de très loin les pays qui envoient le plus d’étudiants à l’étranger (à eux deux, un quart de la mobilité totale avec un doublement en cinq ans du côté de l’Inde). Par stratégie ou du fait de la saturation de leurs établissements d’enseignement supérieur, ils continuaient en 2019 à envoyer leurs étudiants, toujours plus nombreux, se former dans les pays occidentaux. D’autres pays asiatiques envoient également de plus en plus d’étudiants hors de leurs frontières. C’est le cas du Vietnam, qui passe de la dixième à la quatrième place des pays d’origine de la mobilité mondiale en cinq ans, et du Népal, qui gagne 20 places sur la même période et s’installe cette année à la neuvième place. Les étudiants originaires de ces pays s’orientent de plus en plus dans des pays relativement proches géographiquement (Japon, Corée du Sud et Australie), même si les États-Unis demeurent une de leurs destinations de choix.