Sur fond d’Assises de l’Enseignement supérieur, l’élection du nouveau bureau de la Conférence des présidents d’université (CPU) a une saveur particulière cette année tant le renouvellement des présidents a été profond : près des deux tiers ont changé et beaucoup de ceux qui avaient participé au déploiement de la LRU ont semblé être désavoués par leurs pairs. Le président emblématique qu’est Alain Beretz (Strasbourg) semble ainsi aujourd’hui menacé (lire plus bas).
Deux « tickets » sont aujourd’hui en lice pour l’élection qui aura lieu le 20 décembre. Guy Cathelineau (Rennes 1), Philippe Augé (Montpellier 1) et Jean-François Balaudé (Paris-Ouest Nanterre-La Défense) ont en effet présenté leur candidature le 4 décembre, rejoignant ainsi le trio Jean-Loup Salzmann (Paris XIII), Khaled Bouabdallah (Jean-Monnet Saint-Etienne) et Gérard Blanchard (La Rochelle) parti en campagne deux semaines plus tôt. Tous deux présentent un bon équilibre géographique (deux tiers province, un tiers région parisienne) et entre disciplines (d’un côté Guy Cathelineau est professeur des universités praticien hospitalier, Philippe Augé juriste et Jean-François Balaudé philosophe ; de l’autre Jean-Loup Salzmann est également professeur des universités praticien hospitalier – le profil qui monte chez les présidents -, Khaled Bouabdallah économiste et Gérard Blanchard spécialiste d’écologie marine).
Leur grand handicap : ils ne comportent aucune femme – elles ne sont d’ailleurs plus que huit à présider des universités – quand Anne Fraïsse et Simone Bonnafous faisaient partie des deux précédents bureaux. Curieusement alors que les renouvellements étaient très importants, elles ne comportent qu’un président nouvellement élu : Jean-François Balaudé. Un point sur lequel Gérard Blanchard répond dans un entretien à l’AEF (lien pour les abonnés) que « pour être efficaces, les membres du bureau doivent pouvoir dégager du temps pour la CPU et avoir une expérience certaine en tant que chef d’établissement peut s’avérer utile ».
Revenant sur les vifs débats qui ont eu lieu quant au sort de l’Aeres, Jean-Loup Salzmann, toujours à l’AEF, s’est étonné de « constater que le principe d’une évaluation indépendante, transparente, homogène et conforme aux standards internationaux fasse encore débat ». Sur la future loi venant réformer la LRU, il dit partager le besoin exprimé pendant les assises de « davantage de collégialité et d’une simplification du paysage » et insiste : « Ce que nous attendons de la loi c’est qu’elle donne les moyens aux universités de s’organiser comme elles le souhaitent. Elle doit être la plus simple et la plus souple possible ». Enfin, reprenant un point crucial des débats à venir avec les grandes écoles, il demande à ce qu’elles puissent « conserver une personnalité propre avec un statut particulier ».
Olivier Rollot (@O_Rollot)
- Lire également l’entretien de Jean-Loup Salzmann sur Educpros