ACCRÉDITATIONS / LABELS, ECOLES DE MANAGEMENT, PERSONNALITES

Olivier Aptel, directeur général de l’ESC Rennes : « Les processus d’accréditation nous permettent de progresser vers le haut »

Olivier Aptel, directeur général de l’ESC Rennes School of Business, est un homme heureux. Après quatre ans de travail son école vient d’obtenir l’accréditation AACSB, l’un des trois Graals qui soulignent la qualité d’une école de management. Il nous explique comment toute son école a travaillé pour être accréditée et quels sont aujourd’hui ses défis.

Olivier Rollot : L’obtention des accréditations, notamment les trois plus prestigieuses que sont l’AACSB, Equis et AMBA, semble un enjeu de plus en plus considérable pour les écoles de commerce. Pouvez-vous nous expliquer quel travail cela suppose pour une école comme la vôtre ?

Olivier Aptel

Olivier Aptel : D’abord c’est quatre ans de travail. Nous avons été éligibles en octobre 2008 et nous avons été audités en octobre 2012. Quatre ans pour prouver notre qualité dans le cadre d’un processus qui doit permettre de valider la conformité de nos pratiques avec les 21 standards de l’AACSB. Pour l’AACSB, un établissement d’enseignement supérieur doit se donner une mission et se donner les moyens d’y parvenir. Ensuite, il faut posséder un corps professoral suffisant et capable de produire suffisamment de travaux de recherche. Enfin, prouver son « assurance of learning », c’est-à-dire les compétences clés – 5 à 10 pour chaque parcours – qu’apporte chaque cursus.

O.R : Si vous teniez tant à obtenir l’accréditation de l’AACSB c’est aussi parce que vous voulez recruter plus d’étudiants étrangers ?

O. A : Parce que nos cours sont entièrement dispensés en anglais, les étudiants étrangers sont déjà aujourd’hui plus de 30%, notamment dans nos MSc et nos bachelors mais aussi dans le programme grande école qu’ils intègrent généralement en seconde année. Nous espérons monter jusqu’à 50% et l’accréditation nous sera effectivement utile pour cela.

O.R : Mais l’obtention de ces accréditations ne requiert-elle pas des moyens considérables qui pèsent sur l’économie des écoles de commerce ?

O. A : Effectivement il faut une cellule dédiée et la mobilisation de toutes les équipes. Mais quel apport pour nous ! Réfléchir en termes de compétences clé n’est pas encore une évidence dans toutes les écoles françaises alors que cela apporte beaucoup à nos diplômés, notamment lorsqu’ils postulent dans une entreprise. Quant à la nécessité de faire de la recherche, elle fait de nous des écoles capables de créer une partie de leurs savoirs. De plus, nous sommes persuadés qu’il s’établit un lien étroit entre les entreprises et les écoles au travers de cette recherche. Les processus d’accréditation nous permettent de progresser vers le haut.

La « rue intérieure » de l’ESC Rennes (photo Marc Josse)

O.R : L’étape suivante est-ce l’obtention d’Equis, le label que délivre l’organisme européen d’accréditation EFMD, ou est-ce aujourd’hui devenu trop difficile de l’obtenir  ?

O. A : Le label Equis a été attribué à beaucoup de business schools françaises et britanniques depuis 1998. Aujourd’hui l’EFMD préfère donc se tourner vers d’autres pays avant d’accorder de nouveau son label Equis en France. Certaines écoles l’ont même perdu ou risquent de le perdre. Nous pensons qu’avec notre orientation internationale, notre corps professoral permanent en expansion constante, nous allons naturellement vers son obtention. Pour autant, nous ne nous sommes pas fixés de dates. Nous savourons déjà l’AACSB qui va nous permettre de dérouler notre plan stratégique de manière sereine.

O.R : Vous parlez de votre corps professoral. Justement aujourd’hui, avec l’obligation de publier dans les revues de recherche, la « chasse » aux titulaires de PhD, n’y a-t-il pas une inflation dangereuse des salaires ?

O. A : Nous avons recruté treize nouveaux enseignants-chercheurs à la dernière rentrée, tous avec une vraie réputation dans leur domaine, et nous ne ressentons pas cette inflation des rémunérations que vous évoquez. C’est peut-être plus difficile dans les universités publiques de recruter car, aujourd’hui, la plus grande part de la recherche en gestion est faite par les grandes écoles.

O.R : France Business School, Kedge, Skema, tout le monde parle aujourd’hui de fusions entre écoles de management. Pas vous ?

O. A : Nous pensons qu’il y a d’autres approches, notamment collaboratives, pour apporter de la valeur ajoutée aux étudiants sans se lancer dans des fusions très couteuses. Avec l’EM Strasbourg, avec laquelle nous avons décidé de proposer des programmes communs, nous sommes à la fois proches dans les classements et complémentaires dans nos approches. On ne peut pas offrir un service de qualité aux étudiants, ce qui est bien la marque de fabrique des grandes écoles, s’ils sont trop nombreux. Je ne sais pas quel est le chiffre optimal mais, au-delà de 4000 ou 5000, cela devient de plus en plus difficile.

O.R : Le recrutement des élèves issus de prépas est-il toujours une priorité pour vous alors qu’elles sont critiquées de toute part et que le nombre d’inscrits tend à y baisser ?

O. A : Nous attirons aujourd’hui 150 élèves de prépas de plus qu’il y a 4 ans et encore 30 de plus cette année. Après un tassement des élèves dans les classes préparatoires,  nous pensons que la courbe va repartir à la hausse. Il suffit de regarder comment les inscriptions dans les collèges augmentent. De plus les prépas ont fait des efforts considérables pour s’adapter aux étudiants et humaniser les parcours d’études. Ce vivier d’étudiants possédant de grandes facultés de travail est largement à la base du succès de nos écoles.

O.R : Vous avez doublé le nombre de vos étudiants depuis cinq ans. Comment faites-vous pour les attirer alors que vous êtes une école jeune, la benjamine des ESC, créée en 1990, et ne profitez donc pas comme d’autres de l’aura propre aux anciens ?

O. A : Les étudiants sont très formatés par les classements, c’est clair, notamment après une prépa, mais pas seulement. Ceux qui nous choisissent sont aussi très sensibles à notre positionnement international, avec des cours à 100% en anglais, et notre volonté d’en faire ce que nous appelons des « Global Responsible Pioneers », c’est-à-dire des managers responsables et innovants capables d’agir efficacement dans un environnement globalisé.

Olivier Rollot (@O_Rollot)

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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