En publiant son article Suspicion de triche et de défaut de surveillance lors du concours commun des grandes écoles de commerce Le Monde a pris le relais de nombreux professeurs qui mettaient en cause l’organisation des épreuves de la BCE. L’association des professeurs de classes prépa économiques et commerciales (Aphec) a en effet fait remonter à la direction des admissions et concours (DAC), en charge de l’organisation du concours, une dizaine de situations problématiques dans plusieurs centres d’examen du concours BCE. Dans un communiqué l’Aphec détaille les dysfonctionnements signalés dans une quinzaine de centres de concours :
– non-vérification de l’identité du candidat, ou seulement le premier jour ;
– utilisation massive des téléphones et non extinction de ceux-ci, sacs au pied des candidats, voire sur les tables ;
– surveillants qui discutent, regardent leur téléphone, lisent… sans se déplacer (certains témoignages font même état de signalements d’autres étudiants sans réaction des surveillants) ;
– non-accompagnement des candidats aux toilettes, les laissant ainsi libres de consulter leurs fiches et téléphones gardés dans les vestes ;
– non-ramassage des copies et brouillons vierges, facilement réutilisables.
Des candidats ont également pu continuer à écrire alors même que la fin de l’épreuve avait été signalée, car ils n’ont pas été obligés de se lever et de poser leur stylo.
Si ces faits sont avérés, l’APHEC les dénonce comme « particulièrement graves et scandaleux » : « Nous sommes attachés aux concours qui sont une garantie républicaine d’égalité et il n’est pas possible de continuer sur le même mode de fonctionnement ». L’Aphec demande donc à la DAC :
– de faire la lumière sur les faits rapportés par plusieurs dizaines de candidats ;
– de communiquer publiquement les résultats de l’enquête qui sera menée ;
– de prendre les mesures radicales et urgentes en vue d’une sécurisation maximale de la session 2023 et de les annoncer très clairement.
La réponse de la Direction des Admissions et Concours ne s’est pas fait attendre. L’après-midi après la publication du communiqué de l’Aphec elle répondait ainsi que les chefs de centre, généralement le proviseur ou le proviseur adjoint, interrogés par la DAC « rejettent les allégations relayées par certains médias et sur les réseaux sociaux ». Ils « déplorent que l’on puisse mettre en cause leur professionnalisme, leur implication et le sérieux avec lequel ils mettent tout en œuvre pour organiser les épreuves de la manière la plus rigoureuse ». La DAC leur « renouvelle toute sa confiance ». Et de préciser que « des investigations sont d’ores et déjà mises en œuvre afin de faire toute la lumière sur la réalité des allégations récemment publiées et entreprendre toute action visant à maintenir la réputation du concours et de l’ensemble des acteurs contribuant à sa bonne organisation ».
à En 2020 la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, maison mère de la DAC, avait déjà dû diligenter un audit interne suite à de précédents dysfonctionnements.
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