La nouvelle loi à venir sur l’enseignement supérieur et la recherche a au moins cela de positif qu’elle fait se poser plein de questions. Si les proviseurs réunis au sein de l’Association des proviseurs ayant des classes préparatoires aux grandes écoles (APLCPGE) se disent ainsi « favorables » à la réforme, ils ne veulent pas qu’elle prenne la forme d’une « annexion des filières CPGE grandes écoles par les universités ».
Un rapprochement, pas une absorption !
« Nous sommes favorables à des rapprochements avec l’université mais dans le cadre d’une loi incitative. Imposer c’est prendre le risque d’opposer », réagit Patrice Corre (photo), proviseur du lycée Henri IV et vice-président de l’APLCPGE (lire son entretien complet bientôt), qui souhaite également « pouvoir signer des conventions avec toutes sortes d’établissements et pas seulement les universités » tout en soulignant que « 100% de ses étudiants intégrant ensuite une grande école l’inscription à l’université ne leur est guère nécessaire ».
L’APLCPGE souligne également que « tous les lycées ont signé diplômes longtemps des conventions avec les universités » quand Patrice Corre se félicite ainsi d’avoir pu établir une collaboration avec l’université Paris Sciences et Lettres (qui regroupe Normale Sup, l’université Paris Dauphine ou Mines ParisTech) : « Professeurs de prépas et chercheurs travaillent ensemble et en excellente entente à notre premier cycle pluridisciplinaire. C’est un excellent exemple de structures qui se rapprochent pour travailler ensemble. Pas les uns contre les autres ! »
La recherche
Les critiques récurrentes sur le faible niveau en recherche des prépas font bondir les proviseurs. « Dire qu’en première année d’université on s’initie à la recherche ce n’est pas vrai alors que dans les prépas scientifiques l’instauration des TIPE (travaux d’initiative personnelles encadrés) a permis cette initiation », assure encore Patrice Corre, qui propose, avec l’APLCPG, que les « TIPE soient étendus aux autres prépas ». Une réforme rendue possible par le recrutement actuel des professeurs de prépas qui sont aujourd’hui quasiment tous « titulaires d’un doctorat ».
La « territorialisation »
C’est le dernier point d’achoppement pour des prépas qui tiennent à leur caractère national et soulignent qu’une « régionalisation de l’organisation et du recrutement ne ferait que renforcer les inégalités géographiques et sociales ».
Charge de travail : la ministre dénonce
Dans un entretien au Point la semaine dernière, toujours pas disponible en ligne, Geneviève Fioraso traçait un portrait peu amène des prépas comme des grandes écoles : « Est-ce intelligent de les assommer de travail ? » s’interrogeait-elle avant d’asséner au journaliste, qui prétendait défendre une « formation reconnue, enviée et qui fonctionne » en parlent des grandes écoles : « Très bien, continuons avec ce système dual, qui n’est pas compris à l’étranger ! Et pour qui fonctionne-t-il ? » en parlant d’une baisse régulière du nombre de boursiers. La solution est donc pour elle dans le rapprochement avec les universités car « le formatage un peu cloisonné des écoles n’est pas adapté à une société en mutation ».
Olivier Rollot (@O_Rollot)