Elles travaillent depuis près de 20 ans ensemble mais étaient séparées géographiquement. Cette année les trois écoles membres d’Artem, l’ICN Business School, Mines Nancy et l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy, se sont regroupées sur un même campus. L’occasion d’encore approfondir une stratégie d’hybridation des compétences nous explique la directrice de l’ICN, Florence Legros.
Olivier Rollot : Votre école ICN Business School ainsi que l’école d’ingénieurs Mines Nancy et l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy, les trois écoles membres d’Artem, viennent de se regrouper sur le même campus. Qu’est-ce que cela change pour vos étudiants ?
Florence Legros : D’abord ce sont pour eux de meilleures conditions de travail. Ensuite la possibilité de travailler toujours plus ensemble dans l’esprit d’Artem. 20% des cours de notre programme grande école sont déjà communs avec ceux des Mines. Tous les vendredis après-midi les étudiants des trois écoles se retrouvent autour de projets communs. Ensemble ils ont par exemple inventé une prothèse de bras en 3D l’année dernière et ont travaillé sur sa programmation avec le CHU de Nancy. Professeurs et étudiants se sont impliqués à fond sur ce projet. Ils travaillent également sur des projets courts, « Artem Insight », où ce sont les étudiants qui coachent les entreprises.
O. R : C’est ce qu’on appelle la pluridisciplinarité ?
F. L : Cela va plus loin. Il ne s’agit pas de saupoudrer plusieurs disciplines et de parler de pluridisciplinarité. Nos étudiants explorent des disciplines dont les vocabulaires sont très différents au travers de projets communs. Et l’étincelle naît souvent à la marge de chaque discipline quand les étudiants des autres écoles s’en emparent pour en repousser les frontières. Ils dépassent des frontières et pourront demain apporter beaucoup aux entreprises qui les recruteront.
C’est ce qu’on appelle l’intelligence collective dans laquelle trois fois un est supérieur à trois. Dans la théorie économique traditionnelle on estime que les rendements ne dépendent que de chaque facteur de production. Dans une croissance « endogène » la productivité est supérieure à celle des deux autres facteurs pris séparément. Une usine aura par exemple une meilleure productivité si elle bénéficie d’une route passant devant sa porte. Dans l’éducation les rendements sont croissants si vous faites travailler ensemble des personnalités différentes qui sont associées à ce que fait leur voisin plutôt que concentrées sur leur seule tâche. Il en découle une profusion d’idées et une productivité bien supérieure. Artem c’est de l’intelligence collective depuis 18 ans !
O. R : C’est pour ces méthodes que vos étudiants, notamment ceux issus de CPGE, vous rejoignent ?
F. L : Beaucoup oui, mais certains le découvrent une fois sur le campus. C’est là que nous nous sommes rendus compte que nous n’avions pas assez communiqué sur ce que nos trois écoles faisaient ensemble.
O. R : Vous êtes satisfaite de votre recrutement 2017 ?
F. L : Nous avons tout lieu de l’être. Nous avons recruté de manière beaucoup plus large que les années antérieures. Par exemple en faisant venir plus d’étudiants du Grand Ouest.
O. R : Allez-vous recruter plus d’élèves en prépas cette année ?
F. L : Cinq de plus ce qui montera notre recrutement à 265 en 2018.
O. R : Vos oraux de recrutement vont-ils évoluer comme cela a été le cas dans d’autres écoles en 2017 ?
F. L : La créativité demeure à ICN Business School le centre des échanges avec le candidat grâce au jeu de cartes – que nous avons remis à jour cette année – qui nous permet de demander aux candidats de nous raconter une histoire à partir de la carte qu’ils ont tirée. Mais vous savez entre deux étudiants qui ont l’un une moyenne au concours de 14/20, l’autre de 19/20 je vais préférer le premier s’il est en plus champion de patinage artistique. Nous sommes très sensibles à l’humain, à la curiosité, à la diversité. Pour se sentir bien dans le cadre d’Artem il faut absolument s’impliquer dans les travaux des ateliers, les projets développés tous les vendredis. Nous devons aussi penser notre recrutement en fonction de cette implication.
O. R : Un autre de vos programmes, le bachelor, connaît un vif succès. Va-t-il évoluer ?
F. L : Nous faisons face à une demande considérable et nous pourrions certainement recruter beaucoup plus d’étudiants. Un succès concrétisé par les excellents classements qu’a notre bachelor, le plus souvent considéré comme l’un des deux ou trois meilleurs en France. C’est très rassurant pour les parents du Grand Est de savoir qu’il y a un excellent diplôme tout près de chez eux.
O. R : Les diplômés de ce bachelor poursuivent-ils massivement leurs études ensuite comme c’est le cas généralement ?
F. L : Pour 85% d’entre eux c’est effectivement le cas. Passer par un bachelor cela correspond à une double stratégie : éviter l’université, en rupture après le lycée, et les classes préparatoires. C’est certes plus cher que de passer par une classe préparatoire mais pour entrer dans une bonne classe préparatoire il faut souvent s’éloigner de chez soi, d’où des coûts de logement et de déplacements qu’on évite en passant par un bachelor.
Quant à ceux qui préfèrent travailler après leur bachelor chez nous ils bénéficient de rémunérations très intéressantes : de l’ordre de 35 à 37 k€ par an.
O. R : Qu’en est-il de votre développement international ? Pourriez-vous un jour ouvrir de nouveaux campus à l’étranger ?
F. L : Les experts d’Equis estiment que nous sommes une école « ouverte sur les autres et sur le monde ». Nous sommes déjà implantés en Chine et en Allemagne où nous pourrions encore mieux faire. Mais le plus marquant dans cette optique internationale c’est que 40% de nos étudiants démarrent leur carrière à l’étranger et notamment au Luxembourg. D’où leurs excellents salaires !