ECOLE D’INGÉNIEURS

Fin de l’« usinage » : Arts et Métiers défie son association des anciens

Les dernières années ont été tumultueuses au sein des Arts et Métiers. Directeur général depuis février 2017 Laurent Champaney s’était notamment donné pour mission de ressouder les morceaux avec la puissante association des anciens. C’est dire si sa décision de « mettre fin définitivement à la période de « transmission des valeurs » » (comprenez le bizutage appelé ici « usinage ») est courageuse dans une école dont la puissante association a longtemps présidé aux destinées en veillant à préserver ses traditions. Dont, au premier chef, les fameuses semaines d’« usinage » qui attendent les nouveaux entrants et sont indispensables pour accéder à l’association. « Malgré les mesures d’encadrement prises par mon prédécesseur au cours des trois dernières années, cette période donne lieu à des dérives potentiellement dangereuses et qui ne sont pas admissibles dans notre établissement », explique Laurent Champaney. Une décision fait suite aux dérives qui ont eu lieu, en octobre dernier, sur le campus Arts et Métiers d’Angers où plusieurs étudiants avaient été brulés suite à des simulations de tatouage. Ces événements avaient entrainé la convocation d’un conseil de discipline qui a sanctionné à l’unanimité l’ensemble des élèves concernés. Les sanctions sont allées de l’avertissement jusqu’à six mois d’exclusion.

Se disant « attachée à ce que les ingénieurs qu’elle diplôme soient détenteurs de valeurs humaines fortes, fondamentales pour répondre aux enjeux de responsabilité sociale auxquels doivent faire face les entreprises » la direction des Arts et Métiers considère que ces « valeurs ne peuvent plus être transmises dans un cadre daté et occulte mais dans un cadre de vie étudiante partagé avec l’établissement, articulé avec son projet de formation et résolument ouvert au service de la société ».

Mais beaucoup doutent que l’association des anciens en reste là. Dans Le Monde Jean-Marie Vigroux, président depuis décembre 2017 de la Soce, la Société des ingénieurs Arts et Métiers et de ses 34 000 adhérents, dont le programme était également de se rapprocher de la direction de l’école, assure que « l’interdiction a été annoncée de façon assez brutale une demi-heure avant la publication du communiqué de presse. On n’était pas préparés à cela. » A suivre…

  • Directeur général adjoint aux formations de l’école depuis 2012, Laurent Champaney est agrégé en sciences industrielles de l’ingénieur (ENS Cachan en 1991), titulaire d’un DEA en mécanique des structures (UPMC en 1992), docteur en mécanique (ENS Cachan en 1996). Il a été responsable d’un master à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1996 à 2005) puis directeur d’un département de l’ENS Cachan (2005-2012), poste au cours duquel il part un an, en 2009, comme professeur invité à l’université de Californie (Los Angeles). Relire l’entretien qu’il nous avait accordé début octobre (et avant que ces événements se produisent).
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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