« Six millions de personnes pensent à entrer dans une business school dans le monde à tout moment. Leur chiffre d’affaires cumulé est de 400 milliards de dollars. » Les chiffres que donne le directeur général de l’Edhec, Emmanuel Métais, sont vertigineux. « Nous vivons dans un environnement passionnant en pleine transformation dans lequel la pression de la conformité, incarnée par les classements et les accréditations, par Parcoursup, sont antinomiques avec la nécessaire innovation. Deux contraintes avec lesquelles nous devons composer alors que nos coût augmentent, que nos ressources diminuent, que les frais de scolarité ne peuvent pas être augmentés éternellement, que l’argent public contraint et qu’il n’y a pas en France de culture très forte du fundraising. Nous devons donc nous poser la question du modèle économique pour durablement mener notre mission. » Dans ce contexte si le plan stratégique 2015-2020 de l’Edhec n’a pas été modifié, l’école ne s’en est pas moins posé de nouvelles questions.
Cap sur « l’expérience éducative »
A son arrivée à la direction générale de l’Edhec, Emmanuel Métais a créé une direction dédiée à l’expérience éducative confiée à Anne Zuccarelli. Une task force de 130 personnes composée d’experts en innovation pédagogique et en accompagnement carrières, de spécialistes de l’aménagement des espaces de travail, du bien-être des étudiants au quotidien, de développeurs et spécialistes du digital.
Au total, un investissement de 20 millions d’euros y sera consacré après qu’ait été menée une grande enquête dans l’école. « Tout le monde a accès aux contenus avec de nombreux opérateurs. Mais en quoi les business school vont être différentes demain ?», s’interroge Anne Zuccarelli.
« Edhec on line »
Chargé du nouveau projet « Edhec on line » Benoît Arnaud a fait le tour du monde pour rencontrer beaucoup d’écoles. Son objectif : rendre accessible la formation à tous les managers pour faire de l’Edhec le « Tesla du on line » sur un marché qui atteint aujourd’hui les 180 milliards de dollars par (dont 10 milliards pour les business school) : « Les business schools vont massivement aller sur ces diplômes plutôt que de construire de nouveaux cursus. La 5 G permettra de charger en 5 secondes une vidée de 1 h 30 sur son portable qui deviendra un vrai terminal ». Un développement qui devrait permettre à l’école de former 1000 jeunes par an dans les 5 ans. « 3% des apprenants vont au bout d’un MOOC. Là nous voulons 97% avec un accompagnement très fort à distance. Plus fort que sur les campus car on n’est pas portés par le groupe ». Pour développer cette dimension digitale, un partenariat a été conclu avec TeachOnMars, leader de l’apprentissage sur mobile, Coursera et bientôt une grande école du digital de la Silicon Valley.
- Après avoir gelé le montant de ses droits de scolarité, l’Edhec va repartir sur des « augmentations raisonnables en suivant l’inflation ». En parallèle l’école distribue 15% des frais de scolarité sous forme de bourses.
- Une dérogation a été demandée par les deux écoles du concours Pass pour repousser leur entrée sur Parcoursup. « Nous sommes confrontés à la machine de l’Etat qui veut mettre tout le monde dans le même sac, même des étudiants étrangers censés se rendre sur une plateforme en français pour s’inscrire », regrette Emmanuel Métais. Alors que les deux écoles de Pass, l’Edhec et l’Inseec sont « très courtisées » par les autres concours pour les rejoindre, Emmanuel Métais ne veut pas « refaire au niveau du bachelor ce que nous faisons pour la Grande école en figeant le système et en enlevant toutes formes de choix. Entrer dans une grande banque d’épreuve ne me tente pas mais nous avons du temps. Nous voulons préserver notre particularisme ! »
(Photos : Audoin Desforges)