Une fois n’est pas coutume, ce sont des professeurs réunis au sein d’une association qui sont à la base d’une réforme. Le congrès de l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales) se tenait la semaine dernière sur la campus bordelais de Kedge. L’occasion notamment de revenir, lors d’un débat, sur les premières réalisations concrètes entreprises pour améliorer le continuum CPGE / grandes écoles à l’initiative de l’association. Dans plusieurs lycées (Saint-Louis à Paris, Henri-Moissan à Meaux, Joffre à Montpellier, etc.) des élèves de première année de prépas sont en effet dès cette année en stages dans des entreprises. De quoi mieux les préparer à l’entrée dans une école de management. « Les conventions sont relativement faciles à passer à la condition que ces stages aient lieu pendant les périodes scolaires ou au moins sur une partie de celles-là en plus des vacances », explique Michel Bernard, professeur au lycée Henri-Moissan de Meaux dont le lycée fait partie de ceux qui expérimentent l’idée. « Cela aidera beaucoup les élèves lors des oraux. Aujourd’hui j’en rencontre régulièrement qui n’osent pas forcément mettre en avant une expérience personnelle alors que c’est ce que nous attendons », réagit François Dubreu, directeur des programmes initiaux à Kedge et président adjoint du Sigem.
Reste maintenant à avancer sur l’autre face du continuum, c’est à dire la réponse au « désarroi » de beaucoup d’élèves devant un enseignement en école qui ressemble bien peu à celui qu’ils ont connu pendant deux à trois ans dans leur classe prépa. Déjà des cours sont donnés par des professeurs de prépas dans des écoles comme Skema. Un sujet sur lequel réfléchissent particulièrement pour Kedge Stéphanie Beucher, professeur de géopolitique en classe préparatoire au lycée Montaigne de Bordeaux, et Pascal Vidal, le directeur des programmes de l’école. « Il ne faut surtout pas donner les mêmes cours, même en les approfondissant, qu’en prépa », note l’enseignante, plus intéressée par des activités différentes mêlant intérêt intellectuel et travail de groupe. « Pour que le continuum soit plus efficace il faut également que le travail en groupes soit plus présent dès la prépa », insiste le directeur. « Les élèves qui réussissent le mieux aux concours sont ceux qui travaillent ensemble », souligne le président de l’APHEC, Alain Joyeux, convaincu que les prépas « doivent d’autant plus se réformer qu’elles sont confrontées à la concurrence des bachelors et des admis sur titre ».
- Dans le même débat le président de la CCI Bordeaux-Gironde, Patrick Séguin, insistait sur la nécessité de posséder une bonne culture générale pour entrer dans l’entreprise – « une des forces des classes préparatoire » – et mettait l’accent sur le changement de paradigme de l’emploi qui amène aujourd’hui les « professeurs à former des jeunes que vont s’arracher les entreprises ».