ECOLES DE MANAGEMENT, POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Ecoles de management : la Cdefm fait le point après 3 ans d’existence

La présidente de la Cdefm, Alice Guilhon, et son vice-président, Vincenzo Esposito Vinzi, font le bilan de leur action

Trois ans après sa création la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm) représente 36 écoles qui comptent 170 000 étudiants – dont 50 000 internationaux et 30 000 apprentis -, et plus de 4 000 professeurs permanents. En trois ans l’association s’est structurée. « Nous avons plus de 300 personnes qui travaillent dans nos comités d’experts et remontent des idées vers notre conseil d’administration », note Alice Guilhon, présidente de la Cdefm et directrice générale de Skema., qui rappelle que « les écoles sont constamment en recherche de qualité et toujours au rendez-vous des exigences qui nous sont plus ou moins imposées : les écoles françaises surperforment en thème d’excellence académique en France mais aussi à l’international ! »

Mieux gérer les processus d’évaluations

Cette excellence repose sur des évaluations dont le poids devient parfois difficile à supporter pour les équipes. « Nous passons une évaluation pratiquement chaque mois avec la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion), le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) sans parler des accréditeurs internationaux ou des labels. C’est très lourd et nous travaillons avec les organismes pour grouper leurs évaluations », établit la présidente. En revanche les écoles « préfèrent ne pas intégrer la plateforme Monmaster tant qu’elles n’y sont pas contraintes ». Quant à l’entrée des IAE (institut d’administration des entreprises) à la Conférence des Grandes écoles (CGE), Alice Guilhon insiste pour que « le label Grande école ne soit pas accordé à tous ».

Contre les effets de la loi immigration

« Nos étudiants internationaux apportent de la plus-value pour nos écoles. Il ne faut pas les affoler alors que nous sommes jugés par les instances internationales sur la qualité de notre ouverture internationale. Heureusement le MESR nous soutient. Mais il faut vraiment travailler en amont sur ces points et sur la communication pour ne pas mettre tout le monde dans le même sac », insiste Alice Guilhon alors qu’on attendait encore la décision du Conseil constitutionnel. Très actif sur le sujet Vincenzo Esposito Vinzi, vice-président de la Cdefm et directeur général de l’Essec, analyse : « L’enjeu est très clair c’est l’attractivité de la France tant pour le recrutement des étudiants que des professeurs internationaux qui demandent de la clarté. S’il y a un dépôt bloqué, comme dans d’autres pays, son montant doit être fixé par la loi, pas par chaque. De plus la question des quotas par pays pourrait nous bloquer dans nos développements »,

Apprentissage et compétences

Alors que l’apprentissage représente une part de plus en plus importante du financement des écoles, les errements de la plateforme de collecte de la taxe Soltea ont occupé les esprits une grande partie de l’année. « Nous avons dialogué avec Soltea et le MESR, qui nous a beaucoup soutenu, et nous avons aujourd’hui la garantie que le montant de la taxe versée en 2022 aux écoles est bien reconduite en 2023. »

La question des blocs de compétences pourrait également devenir sensible si des correspondances tous azimuts étaient promus par le ministère du Travail au point qu’un étudiant puisse revendiquer des diplômes sans avoir passé du temps dans une école.

Réguler l’enseignement supérieur privé

La qualité de l’enseignement supérieur privé occupe particulièrement les esprits en ce début 2024 et la création envisagée d’un nouveau label par le MESR (on attend ses préconisations pour mars prochain). « Nous sommes sans doute un des seuls pays où on peut ouvrir un établissement d’enseignement supérieur sans aucune exigence. Il ne s’agit pas de nous opposer à tout le privé lucratif, où beaucoup font du bon travail, mais à s’interroger sur la qualité d’officines qui n’ont aucune contrainte qualitative et disparaissent après avoir gagné de l’argent ». Pour la Cdefm « le MESR doit avoir un droit de regard sur la qualité des cursus avec l’obligation pour toutes les écoles d’obtenir un visa ». « Il ne faudrait pas pouvoir délivrer de formation en apprentissage sans ce label », insiste Vincenzo Esposito Vinzi. Mais le futur label ne « doit pas s’imposer aux écoles de la Cdefm qui sont déjà largement évaluées et doivent l’avoir d’office ». Dans ce contexte la création du site Parcours Privé interroge la Cdefm.

Soutenir les classes préparatoires

Si les inscriptions en classes préparatoires ECG semblent en progression cette année – on parle de 5% – une « réflexion à plus long terme doit être faite sur le modèle français » demande encore Alice Guilhon dont l’association a lancé une large campagne de promotions des classes préparatoires en 2023 : « Il faut communiquer plus largement sur la notion de continuum CPGE/GE plutôt que de parler toujours de deux années puis d’un concours ». Tout un travail de réflexion est fait avec l’Association des professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC) sur l’évolution des concours et pourraient aboutir à l’été 2024 pour une application aux concours 2026.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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