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Mobilité internationale : la France dépassée par l’Allemagne

L’objectif des 500 000 étudiants étrangers en France semble bien loin. Dépassée par l’Allemagne la France perd même une place cette année dans le classement des pays les plus ouverts que détaille Campus France dans ses Chiffres clés 2020. En tout 5,3 millions d’étudiants étudient à l’étranger en 2017, soit une hausse de 71% en dix ans quand la population étudiante n’a augmenté elle que de 43%. Les États-Unis et le Royaume-Uni restent en tête des destinations mais ne progressent plus (1% sur un an).

La France perd un rang

La croissance du nombre d’étudiants accueillis en France est moins élevée que celle d’autres pays très dynamiques (Australie, Chine, Turquie). Si la France attire toujours au sein de la zone francophone, les étudiants des grands pays émergents, du Moyen-Orient, d’Afrique anglophone ou d’Europe extra-communautaire restent trop peu nombreux à faire le choix des études en France. Les effectifs des étudiants chinois en France baissent même (-6%) alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à étudier à l’étranger (+32% sur cinq ans). Résultat : la France a perdu deux places entre 2012 et 2017. En revanche la France continue d’être le premier pays d’origine des étudiants en Erasmus+, devançant l’Allemagne et l’Espagne.

Pourtant le nombre d’étudiants étrangers a progressé de 4,9% en un an soit une hausse légèrement supérieure à celle de l’année dernière (+4,5 %). Les universités continuent de rassembler la grande majorité des étudiants étrangers (69 %) mais avec une hausse de seulement 10 % entre 2015 et 2018 contre 16% pour l’ensemble des étudiants étrangers. Dans le même temps les écoles de commerce connaissent une hausse de 70% et affichent la plus forte proportion d’étudiants étrangers sur l’ensemble de leurs inscrits (19 %). Les écoles d’ingénieurs sont également très internationalisées, puisque 16 % de leurs effectifs sont étrangers.

Le Canada attire de plus en plus les Français. Les étudiants français sont près de 90 000 à partir étudier à l’étranger en mobilité diplômante. Avec 64% d’étudiants français accueillis en plus qu’il y a cinq ans, le Canada détrône la Belgique qui devient la troisième destination des étudiants français. Le Royaume-Uni est désormais le deuxième pays dans lequel les français vont le plus étudier.
Les étudiants français sont aussi ceux qui partent le plus à l’étranger avec le programme Erasmus+, ils représentent 15% des étudiants et leur nombre augmente de 9% sur un an. Ils choisissent d’abord l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

 

L’Allemagne 4ème. Avec respectivement 8 300 et 7 700 étudiants Chinois et Indiens accueillis en plus entre 2013 et 2017 et une ambitieuse politique d’accueil des étudiants réfugiés l’Allemagne double la France. Le nombre d’étudiants syriens a pratiquement été multiplié par trois sur cette période (soit 2 800 étudiants en plus) pour atteindre les 8 600 étudiants contre 5 100 un an plus tôt.

L’Australie et le Canada prennent le relais des Etats-Unis et du Royaume-Uni. En 2017, le Royaume-Uni accueille seulement 2 % d’étudiants étrangers de plus qu’en 2012. C’est, parmi les vingt premiers pays d’accueil de la mobilité étudiante, celui qui progresse le plus lentement. De même la progression du nombre d’étudiants se rendant aux Etats-Unis a ralenti soudainement en 2017 par rapport à 2016 (1 %) alors qu’elle progresse de 33 % sur cinq ans. Mais d’autres pays anglo-saxons comme l’Australie (3e, +14%) et le Canada (7e, +11%) bénéficient de reports importants. L’Australie pourrait même prochainement passer devant le Royaume-Uni. Au Moyen-Orient, les Émirats arabes unis (+19%) et l’Arabie saoudite (+68%) continuent d’attirer de plus en plus d’étudiants sur cinq ans.

L’Europe attire toujours largement. Avec 43% des étudiants mobiles l’Europe est la première zone d’accueil des étudiants. Mais pas si mobiles que ça : 86% des étudiants européens qui partent à l’étranger restent sur le continent. Plus de 325 000 étudiants européens effectuent en 2017 une mobilité dans le cadre du programme d’échange Erasmus+, soit 4% de plus qu’en 2016. L’Espagne demeure la destination privilégiée par les étudiants Erasmus+.

La Chine leader problématique. Depuis vingt ans la mobilité des étudiants chinois occuper une part toujours plus importante de la mobilité étudiante mondiale. En 2017, elle représentait à elle seule plus de 17 % de toute la mobilité étudiante mondiale. Des étudiants particulièrement attirés par les pays anglo-saxons au fort frais de scolarité : ces cinq dernières années les étudiants chinois ont ainsi vu leur nombre progresser de 51% aux Etats-Unis, 41% en Australie et 28% au Royaume-Uni.

La crise du coronavirus risque donc de leur poser de sérieux problèmes. Après la pause estivale la plupart des 250 000 étudiants chinois inscrits en Australie ne pourront ainsi pas revenir à temps pour le début du nouveau semestre. Cela alors qu’on constatait déjà de plus en plus d’incitations pour les meilleurs étudiants chinois à poursuivre leur scolarité sans quitter le pays. Un souci qui sera moindre pour la France, seulement 8ème pays d’accueil des étudiants chinois avec 3 % de leur mobilité.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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