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« Edhec online » ou comment retranscrire l’expérience Edhec partout dans le monde

« L’industrie gigantesque du numérique est en train de transformer le secteur de l’enseignement supérieur et la façon d’envisager l’apprentissage. L’éducation online représente aujourd’hui un marché de 100 milliards de dollars dans le monde et celui-ci va être multiplié par 5 d’ici 4 ans. » Emmanuel Métais, le directeur général de l’EDHEC, en fait le constat : le marché des EdTech est en plein essor avec des investissements en capital-risque qui sont passés de 500 millions de dollars en 2010 à 7 milliards de dollars en 2019. D’ici 2030, 87 milliards de dollars d’investissements sont attendus. (Source : HolonIQ)

L’apport du numérique au secteur de l’éducation est indéniable et permet, notamment, de proposer un apprentissage plus engageant. Ainsi, si en 2018 le marché tendait vers une digitalisation des outils et des contenus pédagogiques, en 2019 le secteur a connu des mutations plus profondes avec le besoin croissant de créer une expérience personnalisée et immersive au sein des formations dématérialisées.

Ne pas dépendre des grandes plateformes. « L’industrie du numérique nous impacte à tous les niveaux : contenus des enseignements, modes d’enseignements, relation avec les apprenants, etc. Elle nous permet également d’aller chercher de nouveaux marchés », analyse Emmanuel Métais.

A l’instar d’HEC et de l’ESSEC, c’est dans cette optique que la plateforme Edhec Online a été créée l’année dernière. Mais, contrairement à HEC qui a fait le choix d’externaliser la dématérialisation de son Master’s via la plateforme Coursera, et à l’ESSEC qui a développé sa plateforme d’apprentissage en interne (retrouvez nos articles sur le sujet ici et ici), l’EDHEC a choisi de mutualiser ses efforts avec les membres de l’alliance Future of Management Education (FOME). L’institution a ainsi développé une plateforme d’apprentissage en s’appuyant sur les savoir-faire technologiques et pédagogiques de l’Imperial College London et de cinq autres prestigieuses Business Schools et universités de rang mondial.

Ce choix stratégique découle d’une volonté de « ne pas dépendre des grandes plateformes pour se positionner directement en tant qu’agrégateur. Nous souhaitions contrôler les processus et maîtriser notre chaine de valeur. Nous avons mis beaucoup de temps avant d’aller sur Coursera et edX, car ces acteurs représentent un danger. Le jour où ils créeront des diplômes, on pourrait se faire manger tout cru… », souligne le directeur général.

EDHEC online : point d’étape. L’objectif d’Edhec online est de rendre accessible les formations à de nouveaux apprenants pour faire de l’établissement « le TESLA du online en étant innovant, efficace et en proposant une touche particulière » précise Benoît Arnaud, directeur d’Edhec Online depuis 2018. Pour ce faire, Edhec online fonctionne aujourd’hui comme une entité à part entière avec près d’une vingtaine de collaborateurs. La business unit est indépendante au sein de l’établissement et possède une autonomie dans sa gestion et son financement.

Cette plateforme d’apprentissage s’inscrit dans la volonté stratégique de l’Edhec de miser sur les formations à distance pour se développer. L’objectif étant d’avoir, d’ici 2025, 1000 diplômés par an sur ce type de formations, ce qui devrait représenter 10% du chiffre d’affaire du groupe et 20% à terme. Mais attention, Benoît Arnaud ne souhaite évidemment pas « mettre en péril l’équilibre de la maison. L’objectif n’est donc pas de se précipiter pour ouvrir des programmes en masse. Nous préférons rester très sélectifs et atteindre d’excellents taux de complétion du diplôme ». Et c’est bien parti ! Le directeur d’Edhec online s’en réjouit : « Nous tenons pour l’instant nos engagements et nous sommes en avance sur le business plan annoncé ! ».

La plateforme suscite un fort engouement avec plus de 800 demandes par mois et rassemble aujourd’hui plus de 250 étudiants répartis sur 3 formations avec un taux de complétion de 97%.

L’enthousiasme est également partagé par le corps enseignant. Benoît Arnaud se dit ainsi « frappé de l’intérêt des professeurs de l’Edhec pour la plateforme. Ils se passionnent pour ces nouvelles pédagogies ». En revanche, Emmanuel Métais reconnait « qu’il y a eu un besoin fort de formation des professeurs et que des processus d’accompagnement individuels et collectifs ont dû être mis en place pour éviter un goulot d’étranglement ».

Retranscrire l’expérience Edhec. Fort de son expérience en matière de formation à distance (PhD en « blended learning », BBA ou Master 1 en management 100% en ligne), l’établissement a lancé en novembre 2019 son premier bachelor de niveau bac+3 dématérialisé. Cette nouvelle formation d’1 an s’adresse à des étudiants ayant déjà un bac+2 et une expérience professionnelle confirmée, partout dans le monde. Benoît Arnaud note ainsi « l’apparition d’une nouvelle population d’apprenants : les jeunes professionnels. Ils ont pris l’habitude de suivre des cours en ligne en entreprise et souhaitent poursuivre leur formation ou se reconvertir avec ce type d’approche ».

« L’objectif de la plateforme est « de retranscrire l’expérience Edhec », valide Stefan Crisan, le directeur des opérations. C’est pourquoi, les coûts des programmes proposés sont quasiment les mêmes que ceux des programmes en présentiel : 8 900/€ l’année pour le bachelor et 14 900€ pour le master 1 en management. De même, le recrutement se veut aussi sélectif que pour les autres formations. Pour transmettre cette « expérience Edhec » et créer du lien, un e-learning de proximité a été mis en place. Ainsi chaque étudiant bénéficie de 20 séances de coaching individuelles et collectives et des mentors académiques devraient être proposés dans les mois à venir.

Autre levier d’engagement des apprenants : les innovations technologiques proposées par l’alliance FOME. Conçues par Insendi, Edtech née au sein de l’Imperial College Business School, plusieurs innovations pédagogiques sont proposées sur la plateforme :

  • Le social learning augmenté qui permet de travailler en groupe à distance.
  • L’hologramme qui donne l’opportunité aux professeurs d’intervenir dans les programmes depuis l’autre bout du monde.
  • L’adaptive Learning qui mobilise l’intelligence artificielle pour individualiser et personnaliser l’apprentissage.

Ce dernier point est porté par David Lefevre, directeur de l’Edtech Lab de l’Imperial College Business School. Il développe avec ses équipes de chercheurs un programme d’intelligence artificielle qui a pour objectif de comprendre en détail les mécanismes d’apprentissage. L’assistant d’apprentissage, développé sous forme de chatbot et intégré à la plateforme, doit aider les apprenants à comprendre leur façon d’apprendre. Ils peuvent ainsi soit faire partie de la catégorie qui prend de l’avance sur ses cours, soit être de ceux qui suivent le cours au rythme imposé par le professeur, soit ils ont un comportement imprévisible ou bien, être de ceux qui travaillent à la dernière minute. L’IA associe ensuite un taux de réussite de la formation en fonction du profil de l’apprenant.

Ce Chatbot est aujourd’hui déployé sur des programmes de formation continue. On peut se demander si les étudiants plus jeunes sont enclins à utiliser ce type d’outils. L’étude* menée par HEADway Advisory en collaboration avec AppScho et Edtech France indique par exemple que 42% des étudiants de Bachelor et de PGE d’école de commerce ne se considèrent pas prêts à utiliser un assistant virtuel d’apprentissage.

*Pour plus de détails sur l’étude « L’expérience étudiante numérique, au-delà de la pédagogie » contactez-nous sur insights@headway-advisory.com

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