Directeur général adjoint en charge de la formation continue et des partenariats du groupe IGS, Gilles Pouligny est à ce titre particulièrement impacté par la réforme de la formation professionnelle dont le projet de loi vient d’être présenté en conseil des ministres. Gros plan sur son groupe à la veille d’échéances cruciales.
Olivier Rollot : Que représente la formation continue pour le groupe IGS ?
Gilles Pouligny : Nous formons 4000 personnes par an, soit 20% du chiffre d’affaires du groupe IGS, en proposant des parcours diplômants comme certifiants. De plus en plus à dans le cadre de financements individuels ou en co-financement dans le cadre d’une transition de carrière. Nous avons vécu une très belle année 2017. Notamment dans la sphère ressources humaines où nous sommes passés de quatre à six diplômes : bachelor ou masters et même un E-MBA entièrement en anglais pour ceux qui veulent faire carrière à l’international. Ces six diplômes s’articulent en 22 blocs de compétences dont chacun met en avant une expertise RH. Un dispositif qui a connu un très bon accueil aussi bien en B to C qu’en B to B auprès d’entreprises qui ne souhaitent pas forcément investir dans des programmes entiers et préfèrent se concentrer sur des blocs de compétences que nous développons en internes pour leurs collaborateurs.
Notre idée c’est de nous positionner sur la certification pour les individus. D’abord dans les ressources humaines mais aussi dans le management, la relation client et les IT. Nous voulons que les 25 titres que nous avons aujourd’hui au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) soient divisés en blocs de compétences. Le tout dans une logique diplômante mais aussi de certifications intermédiaires au sein de « certificats de maîtrises de compétences » propres à l’IGS.
O. R : Quelles sont les principales filières de formation du Groupe IGS ?
G. P : Les ressources humaines bien sûr mais aussi la gestion, le management, le commerce, la communication, le journalisme, la production audiovisuelle, l’informatique, l’immobilier ou encore la santé. En fait l’ensemble des disciplines du tertiaire dans des logiques certifiantes.
O. R : Les dispositifs de formation continue vont être largement réformés cette année. Qu’en attendez-vous ?
G. P : Nous sommes en phase avec la précédente réforme comme avec celle à venir. C’est une excellente chose de financer la formation des demandeurs d’emploi pour lutter contre un chômage structurel qui risque de freiner la croissance si les entreprises ne trouvent plus les compétences nécessaires. Nous formons justement avec l’ADIP des jeunes, mais aussi tous les demandeurs d’emploi. Nous espérons pouvoir mettre au point des ingénieries innovantes avec des cabinets spécialisés dans les restructurations pour mieux articuler reconversion et dispositifs d’accompagnement vers l’emploi durable.
Par ailleurs la réforme est très axée sur les individus avec le « CPF de transition » appelé à remplacer le CIF. Mais que va-t-il se passer quand les Fongecif, qui gèrent les CIF, vont arrêter leurs activités le 31 décembre 2018 ? On ne sait pas encore selon quelles modalités le CPF de transition sera géré. Tout un « big bang » auquel il faut se préparer alors que la moitié de nos stagiaires sont financés par des CIF. D’autant que leur financement va passer de 0,2 à 0,1% de la masse salariale. Les entreprises vont donc être amenées à payer plus largement de leurs propres deniers la formation de leurs personnels. 2019 ne sera pas une année facile.
O. R : Vous avez créé un « Observatoire des trajectoires professionnelles ». Que vous apporte-t-il ?
G. P : Nous l’avons monté avec le Groupe Adecco il y a maintenant trois ans. Cette année nous allons le restituer plus largement lors d’un colloque le 28 mai prochain pour affirmer notre positionnement dans la recomposition professionnelle à venir. Nous insisterons particulièrement sur la nécessité de se former à de nouveaux métiers dans le cadre d’une révolution digitale qui touche de plus en plus de métiers. A ce titre nous considérons que le Plan d’Investissement Compétences (PIC) lancé par le gouvernement est une excellente initiative.
O. R : Les modes de formation évoluent-ils beaucoup aujourd’hui ?
G. P : Grâce à la digitalisation, nous nous plaçons de plus en plus dans une logique d’individualisation des parcours. Avec la logique des classes inversées, avec des apprentissages en amont, le temps présentiel est centré sur l’échange, l’apprentissage des soft skills, de la compréhension, des échanges entre pairs. C’est une véritable révolution pédagogique pour des stagiaires en formation continue demandeurs de pédagogies innovantes où on vérifie à chaque instant ce qu’enseigne le formateur. Nous renouvelons également nos intervenants pour qu’ils soient plus agiles et en veille constante en amont des cours.
O. R : Vous réalisez également des formations en intra entreprises ?
G. P : Nous préférons partir d’une offre existante et l’adapter. Quand il s’agit de produire du tout sur mesure nous nous trouvons en face de cabinets de conseil qui savent valoriser leur travail en amont de la formation. Nous ne conservons cette option que pour certains grands partenaires et nous préférons pousser nos offres diplômantes pour leurs collaborateurs.