Il y a bientôt dix ans, longtemps avant que cela devienne une évidence, que Sciences Po Rennes a créé un campus dédié aux transitions à Caen. Devenu « campus des transitions » en 2020 il pour mission de « relever le défi des transitions par une pédagogie innovante, inspirée de l’approche éducative nordique ». « Nous nous sommes d’abord orientés vers les énergies renouvelables. Puis plus largement vers le développement durable et les transitions dans le cadre d’une démarche pluridisciplinaire qui est dans la culture de Sciences Po », résume Pablo Diaz, le directeur de Sciences Po Rennes.
Des cursus pluridisciplinaires. Chaque année du cursus – de la 2ème à la 5ème année – associe le socle disciplinaire des Sciences Po (droit, économie, sciences politiques, histoire, géographie, langues) à des disciplines émergentes comme l’innovation territoriale, la philosophie environnementale, la lecture appliquée du paysage ou encore la mésologie. « Le thème de la transition nous amène à appréhender toute la complexité du champ social. Comment les textes réglementaires évoluent avec la reconnaissance du vivant ou des droits des peuples autochtones », commente le directeur du campus, Nicolas Escach. Résultat : 90% des diplômés trouvent un emploi dans les six mois, les autres allant en thèse ou en poursuite d’études.
Une transition vers l’emploi d’autant plus facile que 70% des enseignants de master 2 sont des professionnels qui « aident à adapter constamment les maquettes des cours sans tomber dans l’effet de mode », garantit Nicolas Escach. «Nous insistons également beaucoup sur la concertation en formant nos étudiants au débat. L’année à l’étranger favorise encore l’adaptation de nos étudiants qui sont très prisés pour leurs capacités à dialoguer aussi bien avec un ingénieur qu’un juriste », reprend Pablo Diaz.
Aller sur le terrain. Pour favoriser cette capacité à favoriser la concertation, beaucoup de cours sont délocalisés dans des tiers lieux tout en mettant l’accent sur le mode projet. « Nos étudiants se rendent par exemple sur le site d’une ancienne usine métallurgique normande, à Colombelles, pour travailler sur le dépollution des sols ou l’avenir d’une tout réfrigérante qui était destinée au refroidissement des hauts fourneaux », établit Nicolas Escach. Pendant deux ans, en 4ème et 5ème année, les étudiants s’emploient à faire vivre ces projets, que ce soit avec l’Ecole des arts et médias pour le design graphique ou le département de sociologie de l’université de Caen pour définir une base de questions semi-directives pour les entretiens avec la population ou les élus.
Tout un développement novateur dans un institut d’études politiques qui a déjà été le premier à instituer l’année internationale à l’étranger et qui entend aujourd’hui s’ouvrir aussi bien sur les autres disciplines que sur les territoires ou la diversité. « Nos étudiants ont accès aux lycées professionnels pour se former aux métiers de bouche, à la boulangerie ou encore à la menuiserie. De leur côté ils s’emploient à favoriser la prise de parole chez les lycéens professionnels », commente Pablo Diaz.
S’adapter. Après avoir dû se résoudre à enseigner à distance, le campus caenais s’interroge aujourd’hui sur l’évolution de sa pédagogie à cinq ou dix ans. « Nous avons fait venir sur le campus des architectes danoises pour repenser son usage et le bien-être des usagers tout en optimisant les espaces », reprend Nicolas Escach. C’est tout à fait novateur dans les Sciences Po, une démarche compétences a été entreprise pour permettre à chaque étudiant de bien comprendre ce qu’il a acquis pendant sa formation. « Rencontrer les services techniques, les citoyens, parler en public, connaitre une autre culture autant de compétence qui sont maintenant valorisées dans le diplôme au travers d’un portfolio », explique Pablo Diaz, qui entend pour cela « développer de nouvelles modalités d’évaluation ».
C’est même au travers de cette démarche compétence que le campus a su prendre en compte le Covid dans ses enseignements. « Nous avons créé un cours pour étudier les politiques de santé publique de chaque pays. Comment les mots employés traduisent des identités fortes », reprend Nicolas Escach. Un cours qui restera.