Mais jusqu’où cela peut-il aller ? La question est dans toutes les têtes dans les ministères de l’Education comme de l’Enseignement supérieur. Alors que les lycéens commencent à se mêler aux étudiants, de plus en plus d’universités sont bloquées sur tout le territoire. Certes ce sont d’abord les « bastions » historiques – Toulouse Jean-Jaurès, Montpellier 3, Tolbiac, etc. – qui s’enflamment mais partout des blocages se font jour. Pas forcément le fait de beaucoup d’étudiants mais suffisamment pour bloquer les campus. Avec surtout toujours le risque – comme à la faculté de droit de Montpellier – de dérapages violents qui peuvent tout faire éclater. Comme un petit air de commémoration de Mai 68 ?
Blocages un peu partout. Douze universités sur 73 étaient bloquées ou partiellement occupées mercredi 4 avril selon Le Monde. Frédérique Vidal a beau répéter qu’il n’est pas plus question de supprimer la compensation des notes que le redoublement dans le cadre de sa loi ORE, le mouvement de protestation contre Parcoursup n’en gagne pas moins toujours plus d’universités. Et sa remarque le 4 avril à l’Assemblée nationale sur ceux qui refuseront de répondre « oui si » et qui devront ensuite regarder « leurs étudiants en face et leur expliquer comment ils ont pu refuser de mettre en place des parcours pour les aider alors que le gouvernement investit 1Md€ dans la refonte du 1er cycle » risque de ne pas apaiser les choses. Dans la plupart des universités, ces périodes de remédiation semblent en effet encore s’apparenter à de douces illusions tant elles ne sont tout simplement pas appareillées pour les organiser en temps et en heure cette année (à supposer qu’elles l’acceptent idéologiquement). Quant au milliard qu’elle évoque il n’est pas en rapport avec Parcoursup pour lequel on parle plutôt de 25 millions d’euros…
Pourquoi ces blocages ? On reste un peu pantois en écoutant le représentant des étudiants de Paris 1 Tolbiac justifier, sur Europe 1 le 5 avril, le blocage de son université par la « sélection » et les « exclusions sociales » que générerait la loi ORE. Mais qu’est-ce qui, dans la loi, le laisse accroire ? La sélection ? Mais les universités ne peuvent répondre que « oui » et « oui si ». La sélection sociale ? Au contraire, les périodes de remédiation – le jour où elles se mettront en place – donneront plus de chances de réussite aux plus faibles. De plus 20 000 places supplémentaires ont été ouvertes dans l’enseignement supérieur cette année.
10/20 pour tous ! Ces blocages rendent difficiles la tenue des partiels sur de nombreux site. A Nancy le président de l’université réfléchit à les repousser. Mais beaucoup d’étudiants demandent aussi qu’on accorde à tous la note de 10/20. « Pas question de « donner » les partiels. Nous allons simplement devoir réduire le programme car un certain nombre de cours ont été annulés. Mais les examens auront bel et bien lieu, et ils seront bien aux standards et à la hauteur de la réputation de l’université Paris 1. On ne bradera pas nos diplômes », leur répond le président de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Georges Haddad, dans Challenges.