ECOLES DE MANAGEMENT

Avec son « Edhec for Future Generations » l’Edhec se lance dans 7 batailles

« Nous sommes dans la crise du Coronavirus, nous en avons connu d’autres, mais nous n’en tenions pas moins à présenter notre nouveau plan stratégique. » Le directeur de l’Edhec, Emmanuel Métais, a travaillé pendant un an avec toutes les parties prenantes pour élaborer son nouveau plan stratégique 2020-2025 « Impact Future Generations ». Un plan qui arrive à moment crucial pour l’école. « Sur le Sigem il y a eu une bascule avec notre concurrent direct ce qui n’était jamais arrivé depuis sa création », se félicite Emmanuel Métais, dont l’école a « engrangé beaucoup de confiance avec la vente de Scientific Beta* à un moment qui devient difficile pour tous ».

Les questions sont multiples. A quoi sert la recherche quand une publication dans une revue de premier rang revient à 400 000$ et n’est lue que par quelques experts ? Même question sur des campus qui coûtent très cher et sont challengés par le online. Et plus largement comment les business schools doivent réfléchir au changement climatique, aux inégalités… les heures de réflexion qu’a déployé l’Edhec avec ses personnels et ses étudiants lui ont permis de faire un large point sur son activité et son avenir. « Nous nous même demandés si nous devions rester une business school – je vous rassure nous le restons – mais nous devons être capables d’aller plus loin et servir les ambitions futures », commente Emmanuel Métais dont l’école change sa baseline « Edhec for Business » pour un « Edhec for Future Generations » beaucoup plus ouvert sur un monde qui change.

Un changement de cap pour une école jusqu’ici plutôt considérée comme une école de la finance « classique » et qui entend maintenant devenir la référence mondiale en matière de « Sustainable Finance ». Dans cet esprit l’école va constituer la plus importante base de données financières sur le risque climatique pour les entreprises. Son champ de recherche sera pluridisciplinaire : le centre « s’intéressera à l’impact du réchauffement climatique sur les risques des entreprises et leur valeur financière mais aussi sur les comportements de consommation, les business models ou encore les risques physiques ».

Sept « batailles ». Dans ce nouveau cadre plus ouvert sur les problèmes sociétaux l’Edhec a défini sept « batailles » à gagner. Dans l’esprit de Scientific Beta, elle va lancer un nouvel axe de recherche porteur de création d’une nouvelle start up dans le domaine des infrastructures. Parce que l’enseignement en ligne devient une priorité elle crée l’Edhec Business Online University qui « offrira aux futurs diplômés un large champ de disciplines connexes aux matières traditionnellement enseignées dans les business schools en partenariat avec des universités internationales de premier plan ». Parce que sa réputation en droit n’est plus à faire elle lance l’Edhec Augmented Law Institute. Parce que les data sont au cœur de son développement elle lance un Center for « Data and AI for Future Generations » et un « Digital Business and Humanities ». De de plus en plus internationale elle va opérer en Californie avec un « Edhec Hub » et à Singapour. Responsable elle entend être neutre en émissions carbones en 2030.

Alors qu’elle vient de doubler la surface de son implantation à Station F l’Edhec entend également les aider à se projeter en dehors de nos frontières avec l’installation d’incubateurs en Californie et Singapour. Dans cette dernière ville sur le changement climatique. De plus un fonds d’investissement « EDHEC Ventures for Future Generations » pour ses start up sera monté à partir des fonds réunis avec la vente de Scientific Beta.

Dernière bataille : la diversité sociale. L’Edhec distribue déjà 10 millions d’euros et entend passer de 30 à 40% d’étudiants bénéficiant d’une bourse en augmentant leur montant de 50% d’ici à 2025.

194 millions d’euros en 2025. Toutes ces activités doivent amener l’Edhec à atteindre un budget de 194 millions d’euros en 2025 avec plus de 8 500 étudiants (aujourd’hui nous sommes à 142 M€ et 8 000 étudiants). Le tout porté par plus de 220 M€ d’investissements. Soit une hausse respective de 6,5% et 1,6% par an. Quant aux frais de scolarité ils devraient continuer à croitre de 1 à 3% par an. « Nous souhaitons dans dix ans être considérés aussi bien comme une plate‐forme de référence de transmission des connaissances que comme un acteur classique avec ses campus », résume Emmanuel Métais.

Quel impact aura le Coronavirus ? A très court terme l’Edhec réfléchit encore à passer au distanciel en s’appuyant sur sa plateforme Edhec online. « Nous en parlons depuis des semaines et nous sommes prêts en suivant de près les indications du ministère et l’exemple des universités qui l’ont déjà fait », confie Emmanuel Métais.

De plus la question de la démondialisation a été au cœur des réflexions de l’Edhec. Bien avant la crise du Coronavirus. « Nous avons vu arriver des nationalismes, le Brexit, Trump, une tentation de protectionnisme et c’est dans ce sens-là que nous avons réfléchi », signifie Emmanuel Métais qui se dit « conforté dans son modèle de développement » avec des partenaires plutôt que de grands campus : « Cela nous permet de rester très souples et d’être sans doute plus adaptés à la démondialisation que d’autres avec des investissements limités ».

* En janvier, la filiale Scientific Beta a été cédée à la Bourse de Singapour pour un montant de 200 millions de dollars.

  • Pour élaborer son plan stratégique, l’EDHEC a intégré les contributions de plus de 750 personnes via des entretiens et des ateliers. Près de 6000 personnes ont proposé une contribution sur la plateforme conversationnelle « EDHEC Tomorrow », en particulier des étudiants, des professeurs et des diplômés.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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