D’ici le mois de mars un successeur devrait enfin être trouvé à la tête de Sciences Po à Richard Descoings. S’il est d’usage de ne pas s’attaquer aux disparus, l’emblématique patron de Sciences Po n’aura pas eu cette chance. Accablé par un rapport de la Cour des Comptes pointant notamment ses rémunérations extravagantes, il a largement été désigné comme bouc émissaire de tous les malheurs d’un institut qu’il aura pourtant largement contribué à revivifier puis à rendre incontournable sur la scène de l’enseignement supérieur français et international.
Fioraso vs. Pébereau
La succession de Richard Descoings a vite tourné à l’affrontement entre la ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, et Michel Pébereau, président de l’institut et possible successeur de Jean-Claude Casanova à la tête de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui le gère (lire l’article très complet de Patrick Fauconnier sur le site du Nouvel Obs). Si les deux personnalités ont tout de suite semblé entrer en confrontation, c’est bien Michel Pébereau qui a dû finir par accepter la nomination d’un administrateur provisoire, Jean Gaeremynck, à la place d’Hervé Crès, le candidat qui venait d’être intronisé.
Reste que rien ne dit que le ministère parviendra maintenant à imposer un candidat. Ou qu’il le désire. Geneviève Fioraso insistait d’ailleurs pendant les Assises sur sa volonté de « ne pas nommer le directeur de Sciences Po, pas plus bien sûr que tout président d’université ».
Un sujet qui passionne la planète
Geneviève Fioraso, n’en était pas revenue. En voyage au Japon le patron du Toshiba s’était enquit auprès d’elle du processus de nomination du remplaçant de Richard Descoings : sa fille était scolarisée à Sciences Po. Depuis deux grands journaux anglo-saxons se sont également emparés de l’affaire. Dans l’article « At Elite French University, One Hurdle After Another » le New York Times est ainsi revenu sur « une terrible année pour Sciences Po » et explique comment Richard Descoings « avait bien des difficultés à recruter les enseignants qu’il souhaitait avoir sans des arrangements sur leur rémunération ou leur temps de présence qui ont été critiqués par les auditeurs ».
Quant à The Economist, il raconte lui le destin d’un « université pas comme les autres » qui hésite entre deux destins : n’être que « l’établissement nourricier de l’ENA » ou devenir une « université à l’américaine qui combat globalement pour ses étudiants et ses chercheurs » ? Bonne question…
Olivier Rollot (@O_Rollot)