Si les fusions d’écoles de management ont été nombreuses ces dernières années, peu ont encore été les écoles d’ingénieurs à suivre la même voie. La fusion en cours entre Centrale Paris et Supélec est donc regardée de très près par tous les acteurs de l’enseignement supérieur. D’autant qu’elle va rassembler deux écoles d’excellence qui vont partager un campus commun en 2017. « Nous serons présents à Gif-sur-Yvette avec les tous nombreux bâtiments de Centrale mais aussi à Rennes et Metz où Supélec possède des antennes qui seront très utiles à notre développement régional », explique Hervé Biausser, directeur de Centrale depuis 2003 et qui vient également de prendre la direction de Supélec.
Des statuts à rapprocher
Appelée CentraleSupélec l’ensemble devrait voir le jour à l’été 2014. Après presque huit ans de travail commun puisque une alliance stratégique entre les écoles a été conclue dès 2006. « Le principe de la fusion a été arrêté en 2011 et depuis tous les gouvernements ont soutenu notre projet », se félicite Hervé Biausser.
L’un des principaux points à résoudre est maintenant celui du statut des personnels. Si elles sont toutes les deux placées sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Centrale Paris et Supélec n’ont en effet pas la même structure juridique : Centrale est publique quand Supélec est une association de droit privé. « Nous allons les regrouper sous un statut de grand établissement comme l’est aujourd’hui Centrale. Il faut maintenant que les instances représentatives des personnels se prononcent sur les transferts des contrats de travail », reprend Hervé Biausser, sur d’un projet qui marquera son troisième mandat à la tête de Centrale.
Un ou deux diplômes d’ingénieur ?
L’un des points épineux qui reste aujourd’hui à résoudre est celle des diplômes : les deux grandes écoles vont-elles à terme proposer un diplôme d’ingénieur commun ? On imagine à quel point la question anime les discussions des enseignants comme des associations d’anciens. « A l’exception des deux diplômes d’ingénieur, tous les diplômes, mastères spécialisés, doctorat, masters, vont être regroupés. Nous verrons comment déployer notre système mais il y aura longtemps encore deux diplômes d’ingénieur », explique Hervé Biausser.
A cela plusieurs raisons. Réglementaires d’abord. Pour des questions d’équité des concours il faut annoncer plusieurs année à l’avance aux préparationnaires dans quelle école ils pourront postuler, notamment pour que ceux qui choisissent de redoubler leur deuxième année de prépa (les « 5 ½ ») ne soient pas spoliés. « Surtout la refonte d’un diplôme d’ingénieur est un long processus. Nous avons pris deux ans pour rénover le cursus de Centrale en 2007. Aujourd’hui je ne propose rien. Un ou deux diplômes je ne sais pas encore. Il faudra en tout cas que ce soit mieux que l’existant », promet Hervé Biausser. La fusion des deux diplômes peut s’avèrer d’autant plus compliquée qu’ils présentent des structures relativement différente : l’ingénieur centralien est généraliste quand le Supélec est clairement plus tourné vers les sciences de l’information ou les sciences et réseaux. « Pour autant leur philosophie de formation est très proche avec des troncs communs et des spécialisation mais il est vrai que Supélec forme des ingénieurs un peu plus spécialisés. »