Implantée au Brésil depuis 2015, Skema BS va y accueillir 600 étudiants en 2017-2018. Un succès qui n’aurait pas été possible sans un partenariat local avec la Fondation Dom Cabral.
« Je suis obsédée par l’excellence ! » La directrice du groupe Skema, Alice Guilhon, devait trouver un partenaire de tout premier ordre pour s’implanter au Brésil après la Chine et les Etats-Unis :« Emerson de Almeidia, le cofondateur de la Fundaceo Dom Cabral (FDC) {classée au 28ème rang mondial en executive education par le Financial Times en 2016}, m’avait proposé de travailler avec nous dès 2009 alors que nous réfléchissions seulement à nous implanter en Amérique du Sud » Six ans plus tard, Skema s’implantait à Belo Horizonte, troisième ville du Brésil, considérée comme la Silicon Valley brésilienne, qui a des liens historiques avec les Hauts-de-France – le siège de Skema est à Lille – pour avoir travaillé comme elle sur la reconversion d’une région autrefois minière. « Nous sommes très complémentaires avec Skema en étant une institution spécialisée dans la formation continue et « market oriented » plutôt que « research » », commente le directeur général de FDC, Antonio Batista de Silva. « 5 à 6% de notre budget provient aujourd’hui de notre formation continue et nous souhaiterions monter à 15% d’ici un an et demi et FDC peut largement nous aider en ce sens sur nos campus chinois et américain », confirme Alice Guilhon.
Bientôt « Skema Brésil ». Ils sont cette année près de 300 étudiants de Skema à venir sur son campus brésilien. Et ils seront 600 en 2017-2018. Un vrai plébiscite dans un pays qui commence juste à sortir de la pire crise de son histoire. « Il nous a paru plus raisonnable de nous appuyer sur un partenaire local plutôt que de nous lancer seuls comme en Chine ou aux Etats-Unis », remarque Alice Guilhon. « Nous travaillons avec de nombreuses et excellentes business schools mais Skema est la seule à nous avoir proposé de définir une stratégie commune. A ne pas voir FCD comme un acteur du marché brésiliens mais comme un partenaire », confie Antonio Batista de Silva.
Skema va maintenant déposer les statuts de Skema Brésil et lui faudra encore 1 an pour faire reconnaître ses diplômes localement avant sans doute d’intégrer ses propres locaux. « Notre modèle c’est d’être un acteur local qui reçoit sur ses campus des étudiants venus du monde entier mais peu d’étudiants locaux. Aujourd’hui un étudiant chinois peut obtenir le diplôme de Skema sans avoir mis les pieds en France et être seulement passé par le Brésil ou les Etats-Unis », explique Alice Guilhon. Si les programmes phares de Skema sont présents sur tous les campus, chacun en développe des spécifiques pour répondre aux besoins locaux. En Chine c’est « fintech » (finance automatisée) qui est par exemple spécifiquement enseignée dans un pays où la finance est le plus digitalisée au monde.
Côté étudiants… « Ma recette pour m’intégrer au Brésil ? J’ai pris des cours de capoeira ! » En dernière année à Skema, Céline Perez de San Roman n’avait aucune idée de ce qu’était la danse / art martial préféré des Brésiliens avant de venir à Belo Horizonte : « Je suis entrée par hasard dans une salle de cours où il n’y avait que des Brésiliens et cela m’a permis de faire beaucoup de relations. Même quand je suis revenue en France ensuite pour continuer à pratiquer j’ai rencontré des professeurs qui connaissaient ceux du Brésil. » Céline a choisi la capoeira, d’autres le foot ou le dessin, autant de moyens de s’intégrer dans une ville brésilienne peu habituée aux touristes. « Les gens sont très surpris si on ne parle pas portugais. Mais on progresse vite », confie Hubert Castaigne, qui passe 1 an à Belo Horizonte et parle maintenant très bien le portugais.
Lui comme Céline avaient bien pris des cours en France avant de partir mais rien ne vaut le contact avec des Brésiliens – très faciles d’accès – pour progresser très rapidement. Mais c’est surtout la méthode d’apprentissage du portugais-brésilien, mise au point par l’Alliance française locale en collaboration avec Skema, qui les a aidés. « Le portugais-brésilien est plus facile à apprendre et comprendre que le portugais parlé par les Portugais. Il est aussi plus beau, avec des sonorités magnifiques qui font le succès des chanteurs locaux », commente Pierre Alfarroba, le directeur de l’Alliance. Son seul problème ? « Notre enseignement, basé sur le contact fonctionne très bien avec 200 étudiants. Ce sera beaucoup plus compliqué avec 600. »
La « patte » Skema. Céline a vécu un vrai « choc culturel » en arrivant au Brésil après deux années passées en Russie, à Moscou, à l’université Platonov puis en césure pour Nintendo Russie avec des « Russes très réservés quand les Brésiliens sont ouverts, souriants, tactiles ». Elle a choisi le Brésil pour « continuer à travailler dans les économies émergentes » et écrit d’ailleurs un mémoire sur la « comparaison des économies russe et brésilienne » pour obtenir son diplôme russe.
Une succession d’expériences internationales – sur ses propres campus comme sur ceux de ses partenaires – qui est le modèle de Skema BS. « J’ai choisi Skema pour cette garantie de pouvoir facilement m’expatrier », confirme Hubert pendant que Céline garantit que les « étudiants français ne sont pas constamment les uns avec les autres ». « Dès qu’on sort on fréquente les Brésiliens. Le carnaval a été l’occasion de nous faire beaucoup d’amis brésiliens que nous revoyons constamment », se souvient Clémentine Gomez qui, elle aussi, entend pratiquer le grand écart de températures en allant en Suède, à Göteborg, après son séjour brésilien.
Vivre puis travailler au Brésil. Si la vie est très sympa au Brésil, si Belo Horizonte est la ville la plus sure du pays, il n’en faut pas moins prendre certaines précautions dans un pays où le chômage atteint 25% de la population. « La nuit on ne rentre pas seul et on privilégie les taxis ou les Uber, qui sont vraiment très bon marché, mais je ne me sens absolument pas en insécurité », rassure Céline qui vit dans une résidence étudiante, une « Republica » et ne sait pas encore si elle restera ensuite ici.
Une question que ne s’est pas posée Mathilde Cesses qui a enchaîné son séjour académique par un VIE à Belo Horizonte au sein de Vinci : « Je travaille dans le contrôle de gestion pour assurer l’intégration d’une entreprise brésilienne rachetée par Vinci. Je ne sais pas encore si je vais rester après mon VIE mais je sais déjà que j’ai un cercle d’amis stable. Pour autant il ne faut pas se leurrer : si vos camarades de travail vous font des « abraço » (câlins) cela ne signifie rien ». Installé depuis 2012 près de Belo Horizonte pour y diriger une filiale du laboratoire pharmaceutique Servier, Henri Pasquier juge lui que c’est dans la « petite ville de 50 000 habitants qu’il s’est fait des amis brésiliens pour la vie : « Nous avons reçu un accueil incroyable de gentillesse de la part de gens qui n’avaient jamais rencontré d’Européens. Nos enfants se sont parfaitement intégrés ». A Belo Horizonte – où il est aujourd’hui installé avec sa famille -, il fréquente plutôt d’autres expatriés, beaucoup d’Argentins, mais finalement peu de Brésiliens et est heureux de pouvoir prendre en stage les étudiants de Skema dont la prochaine implantation internationale de Skema devrait être en Afrique. « Nous cherchons un pays stable politiquement et nous pensons l’avoir trouvé », confie Alice Guilhon en évoquant l’Afrique du Sud ou le Sénégal.
- Première en Amérique latine. Fondée en 1976, la Fundaceo Dom Cabral (FDC) est aujourd’hui reconnue comme la première en Amérique Latine pour la qualité de sa formation continue. Elle forme chaque année près de 30 000 cadres dans tout le Brésil mais aussi dans le monde avec des partenaires locaux. Au Brésil elle délivre des cours et des MBA créés par de grandes business schools mondiales, comme Kellogg ou l’Insead, mais aussi plus de 330 programmes « clé en main ».